Un Lagerstätte (ou Lagerstaette) (en allemand ; littéralement « lieu de stockage »[Note 1] ; pluriel Lagerstätten) est un dépôt sédimentaire qui contient une grande diversité de fossiles ou des fossiles très complets. Les paléontologues les classent en deux sortes[1] :
Les Konzentrat-Lagerstätten (« Lagerstätten de concentration » ou dépôts de fossiles concentrés) sont des dépôts particulièrement riches en fossiles d'éléments organiques désarticulés, par exemple des os. Ces dépôts de fossiles sont moins spectaculaires que les dépôts de fossiles préservés, qui sont plus célèbres. Leur contenu s'est déposé sur une longue période. En effet, l'accumulation d'os en l'absence d'autres sédiments prend du temps. Les dépôts qui sont issus d'une communauté vivant in situ, comme les récifs ou les bancs d'huîtres, ne sont pas considérés comme des dépôts de fossiles.
Les Konservat-Lagerstätten (« Lagerstätten de conservation » ou dépôts de fossiles préservés) sont des dépôts connus pour l'excellente préservation des organismes fossiles qu'ils contiennent, les parties molles étant conservées sous forme d'empreintes. Ceci est dû à un recyclage biologique incomplet. Par exemple, dans des conditions anoxiques (absence d'oxygène), comme dans une boue dépourvue d'oxygène, les bactéries communes de la décomposition sont absentes, ainsi la décomposition prend suffisamment de temps pour que le sédiment conserve l'empreinte des parties molles. La taphonomie particulière qui a permis la fossilisation varie selon les sites. Les dépôts de fossiles préservés apportent des témoignages cruciaux pour la compréhension de moments importants de l'histoire de l'évolution.
Les dépôts de fossiles préservent les organismes à cuticule faiblement sclérifiée et à corps mous qui ne sont habituellement pas préservés dans les dépôts coquilliers ou osseux. Ainsi, ils offrent un enregistrement plus précis de la biodiversité ancienne et permettent des reconstructions de la paléoécologie des anciennes communautés aquatiques.
En 1986, Simon Conway Morris calcula que seuls 14 % des genres présents dans la faune de Burgess possédaient des tissus naturellement minéralisés (biominéralisation) de leur vivant. La position cladistique des conodontes était inconnue jusqu'à ce que des éléments soient retrouvés à Granton, près d'Édimbourg en Écosse, dans une strate du Carbonifère, associés à des tissus fossilisés[2]. Les informations obtenues du plus grand éventail d'organismes présents dans les lagerstätten ont conduit à de récentes reconstructions phylogénétiques de groupes majeurs de métazoaires.
Un grand nombre de mécanismes taphonomiques peuvent produire des dépôts de fossiles. En voici une liste incomplète :
↑L'allemand Lager est de la même famille que liegen (« être allongé ») -voir (de)
Lager - tout comme l'anglais to lie (« être allongé ») -voir (en) legh- -, apparenté par l'indo-européen au français lit. L'allemand Stätte est de la même famille que stehen (« être debout ») -voir (de)
Stätte - tout comme l'anglais to stand (« être debout ») -voir (en) stand -, apparenté par l'indo-européen au français station.
Références
↑Ce terme a été introduit par Adolf Seilacher dans ce texte : (de) A. Seilacher, « Begriff und Bedeutung der Fossil-Lagerstätten: Neues Jahrbuch für Geologie und Paläontologie », Monatshefte, vol. 1970, , p. 34–39
[Orr et al. 2000] (en) Patrick J. Orr, « Three-dimensional preservation of a non-biomineralized arthropod in concretions in Silurian volcaniclastic rocks from Herefordshire, England », Journal of the Geological Society, vol. 157, no 1, , p. 173–186 (lire en ligne, consulté le )