Les Prisons imaginairesLes Prisons imaginaires
Les Prisons imaginaires (Le carceri d'invenzione en italien) sont une série d'estampes de Giovanni Battista Piranesi, publiée pour la première fois en 1750. HistoriquePiranesi commence le travail sur Les Prisons imaginaires en 1745. Il a alors vingt-cinq ans, après dix ans d'apprentissage et de pratique de la gravure, et il évolue entre Venise et Rome. La date de la première édition des Prisons est incertaine, probablement vers 1749-1750. Cette première édition contient quatorze planches. En 1761, Piranesi publie une seconde édition, retravaillée et complétée par deux planches supplémentaires. Une dernière édition est publiée à titre posthume en 1780. CaractéristiquesLes Prisons imaginaires mettent en scène des vues architecturales de prisons souterraines imaginaires. Dans un espace fermé et nocturne, on peut distinguer des voûtes aux proportions monumentales, des ouvertures remplies de barreaux, des escaliers en spirale, des passerelles suspendues ne menant nulle part, des gibets et des roues immenses, des cordages accrochés à des poulies évoquant d'étranges tortures. Le point de vue est bas, rendant l'architecture écrasante. Le frontispice de la première édition les décrit comme des « inventions en forme de caprices » ; elles dérivent plus des prisons de théâtre que des prisons réelles : à cette époque, les prisons italiennes prennent la forme de petits cachots[1]. L'architecture y est ambiguë : ce ne sont pas des édifices réels ou possibles, les planches contenant un certain nombre d'anomalies spatiales[1]. Les personnages représentés, indiscernables et minuscules, accentuent l'échelle et la complexité des scènes[2]. Analysant la seconde édition, plus sombre que la première, Marguerite Yourcenar décrit un « monde factice, et pourtant sinistrement réel, claustrophobique, et pourtant mégalomane (qui) n'est pas sans nous rappeler celui où l'humanité moderne s'enferme chaque jour davantage... ». Elle ajoute : « La véritable horreur des Carceri est moins dans quelques mystérieuses scènes de tourment que dans l'indifférence de ces fourmis humaines errant dans d'immenses espaces, et dont les divers groupes ne semblent presque jamais communiquer entre eux, ou même s'apercevoir de leur respective présence, encore bien moins remarquer que dans un recoin obscur on supplicie un condamné[3] ». Selon l'essayiste polonais Gustaw Herling-Grudziński, « Les constructions compliquées, avec leurs volées de marches en forme d'énormes vis ou de presses, avec leurs leviers, leurs treuils, leurs cordes et leurs chaînes pendantes font penser à des instruments de torture architectoniques. Les Prisons représentent une géométrie d'enfermement, une architecture autonome de souterrain, une divagation à la limite du songe et du délire, mais lucide, de l'éternelle oppression »[4]. Aucune des planches ne porte de titre. Toutefois, des titres conventionnels leur ont été attribués à partir des principaux éléments représentés :
ÉditionsPremière éditionLa première édition des Prisons, publiée vers 1750, comporte 14 gravures sans titres ni numéros ; ces versions originales sont souvent dans un état proche de l'esquisse. Les planches I à IX sont en format vertical, les planches X à XVI en format horizontal.
Deuxième éditionEn 1761, la deuxième version comporte 16 gravures sans titres mais numérotées de I à XVI ; les planches II et V sont inédites, les 14 autres sont retravaillées, présentant un état plus sombre. Comme pour la première édition, les planches I à IX sont en format vertical, les planches X à XVI en format horizontal.
AnnexesLiens internesNotes et références
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