Rose Françoise Carpentier, dite Madame Gonthier (ou Gontier), née le à Metz[1] et morte le à Paris, est une comédienne et artiste lyrique française.
Biographie
Ses dispositions pour l'art théâtral se serait révélées dès l'enfance, et quelques succès de société prouvent son aptitude pour les rôles comiques[2]. Elle joue en province et à Bruxelles de à [3], elle fait partie de la compagnie d'opéra du théâtre de la Monnaie, alors parrainé par le prince Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens[4].
Grâce à son succès, le 2 mai de la même année, avec un acte signé par les ducs de Richelieu et de Duras, de la Maison du roi, elle est reçue « à la Comédie Italienne pour y jouer les rôles de duègnes avec la promesse d'être reçue à quart de part à Pâques 1779, et ce a chargé par elle de remplir exactement tous les rôles de son emploi et ceux où la Comédie la jujera nécessaire »[7].
En , elle est ainsi admise comme sociétaire de la Comédie-Italienne. Elle joue successivement la comédie et l'opéra-comique. Dans les registres du théâtre, entre 1780 et 1784, on trouve à son sujet la note suivante:
« — Gontier : du naturel, du sentiment, de la gaieté consituent son talent ; elle a peu de voix[8]. »
En , son apparition dans la première salle Favart, nouveau siège du théâtre, est marquée par des triomphes. Elle quitte l'Opéra-Comique (la Comédie Italienne ayant été ainsi rebaptisée) à la suite d'un démêlé avec la direction et contracte, en , un engagement avec le théâtre de la République, mais madame Gonthier n'est pas là « dans sa sphère »[2]. Elle joue à Lille en -[6].
En , elle fait partie de la nouvelle société des acteurs de l’Opéra-Comique[1],[2].
Parmi les nombreuses créations qui marquent sa carrière, Alix de Blaise et Babet de Dezède (1783), Perrette dans Fanfan et Colas (1784), Babet dans Philippe et Georgette (1791), la vieille paysanne dans Adèle et Dorsan (1795), madame Bernard dans Marianne, Mopsa du Jugement de Midas[9],[2].
Elle épouse, en premières noces, Charles-Adrien Gontier, comédien à Bruxelles[3], puis à Versailles[11],[6] et, en secondes noces François Allaire (mort en 1828[12]), coryphée de l'Opéra-Comique, en [13],[2],[6].
Selon Sainte-Beuve, elle aurait eu une relation amoureuse avec Florian en et inspiré le personnage d'Estelle dans Estelle et Némorin, « mélodrame pastoral » d'Henri-Joseph Rigel (1788[14]).
: Le Chêne patriotique ou la Matinée du 14 juillet, comédie en deux actes de Daleyrac, livret de Boutet de Monvel, création à la Comédie-Italienne le 10 juillet, rôle de Madame Alerte[18].
: Philippe et Georgette, livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel, musique de Nicolas Dalayrac, première à la Comédie-Italienne le 28 décembre[19], rôle de Babet.
: Lysistrata, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, livret de François-Benoît Hoffmann, création à l'Opéra-Comique le 16 janvier[26].
: L'Antichambre ou les Valets chez eux, opéra comique en un acte, livret d'Emmanuel Dupaty, musique de Nicolas Dalayrac, créé à l'Opéra-Comique le 27 février[27], modifiée sous le titre Picaros et Diégo ou la Folle Soirée (3 mai 1803).
: Ma tante Aurore ou le Roman impromptu, opera buffa en deux actes, livret de Longchamps, musique de Boieldieu, création à l'Opéra-Comique le 13 janvier, rôle d'Aurore de Germond[28],[29].
: La Jeune Prude ou les Femmes entre elles, comédie mêlée de chants en un acte, livret d'Emmanuel Dupaty, musique de Nicolas Dalayrac, 1re représentation à l'Opéra-Comique le 14 janvier[31].
: Un quart-d'heure de silence, opéra en un acte, livret de P. Guillet, musique de Pierre Gaveaux, créé à l'Opéra-Comique le 9 juin[32].
: Les Maris garçons, opéra en un acte, livret de Gaugiran-Nanteuil, musique d'Henri-Montan Berton, créé à l'Opéra-Comique le 14 juillet, rôle de Mme Dugrand[33].
: Anna, ou les Deux Chaumières, opéra en un acte, livret de Sewrin, musique de Solié, création à l'Opéra-Comique le 20 février[34].
: Avis aux jaloux ou la Rencontre imprévue, opéra-comique en un acte, livret de René Alissan de Chazet et Jean-Baptiste Dubois, musique de Luigi Piccinni, création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 25 octobre, rôle de Marceline[35].
↑ a et bKim Bethume et Jean-Philippe Huys, Espace et parcours dans la ville, Bruxelles au XVIIIe siècle, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, (lire en ligne), p. 109
↑André Ernest Modeste Grétry, Ernest Closson et Lucien Solvay, Réflexions d'un solitaire, Bruxelles & Paris, G. van Oest & Cie, (lire en ligne)
↑Jacques-Marie Boutet de Monvel et Dezède, Blaise et Babet, ou la Suite des Trois Fermiers, comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, Chez Broulhiet, (lire en ligne)
↑Jean-François de La Croix, Dictionnaire portatif des femmes célèbres, (lire en ligne)
↑Livret original: Pierre le Grand, Comédie en Quatre Actes, Et en Prose, melée de Chants, Tours, Legier, 1790 (accessible en ligne comme Google ebook-gratis).
Émile Campardon, Les Comédiens du roi de la troupe italienne pendant les deux derniers siècles : Documents inédits recueillis aux Archives Nationales, vol. I, Genève, Slatkine Reprints, (1re éd. 1880) (lire en ligne), Gontier
François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, t. 4, Bruxelles, 1837-1844, 504 p. (lire en ligne sur Gallica), p. 371
Philippe Le Bas, L'Univers. France : dictionnaire encyclopédique, t. 9, Paris, 1840-1845 (lire en ligne sur Gallica), p. 13.
Marie Escudier et Léon Escudier, Vie et aventures des cantatrices célèbres, Paris, , 380 p. (lire en ligne sur Gallica), p. 115-118.
Edmond Pilon, Amours mortes. Belles Amours. Un poète de Marie Stuart: M. de Maisonfleur. Maucroix et la marquise de Brosses. Au pays de Louise de La Vallière. L'"Estelle" de Florian : Madame Gonthier. Une figure d'Alsace : la baronne d'Oberkirch. Ondine Valmore, Paris, Impr.-libr.-éditeurs Plon-Nourrit et Cie, 8, rue Garancière (VIe), .