Fils d'un cordonnier, Narcisse Callemin[2],[3], Raymond est un ami d'enfance de Viktor Kibaltchich, le futur Victor Serge, mais également de Jean De Boë et d'Édouard Carouy, deux autres membres de la future bande à Bonnot[2],[4]. Il fait des études jusqu'à l'âge de 16 ans et apprend le métier de photographe[5].
Raymond Callemin participe en 1911 au groupe qui publie le journal libertaireL'Anarchie, dans un pavillon de la rue du Chevalier-de-la-Barre à Romainville, à l'époque où bon nombre de rédacteurs sont des « individualistes scientifiques » qui pratiquent une forme d'ascèse libertaire (pas de vin, de café, de sel, de viande ou de tabac…)[2]. Il y fait fonction de caissier et de typographe. C'est dans ce milieu qu'il rencontre entre autres Octave Garnier, André Soudy ou René Valet et retrouve Édouard Carouy[6].
Son surnom de « Raymond la Science » lui est donné, d'après Jean Maitron, en raison de son goût immodéré de la lecture[6]. Les journaux de l'époque avancent une autre explication : « Callemin ne cessait, dans les parlottes anarchistes, d'appuyer les moindres affirmations sur l'autorité de la science. Son sobriquet lui fut décerné par dérision par ses camarades[7]. » Callemin lui-même aurait dit : « On m'appelle ainsi parce que je connais pas mal de choses et que pour mes amis j'ai autant de science en mon cerveau que l'on peut en trouver dans les livres[8]. »
Raymond Callemin participe aux actions les plus retentissantes de la bande à Bonnot[6] : l'agression de deux employés de la Société générale, rue Ordener, le , le meurtre de l'agent de police Garnier, place du Havre, le , et l'attaque de l'agence de la Société générale à Chantilly le au cours de laquelle deux employés sont tués.
Il comparaît à partir du devant les assises de Paris, en compagnie de dix-neuf autres accusés, parmi lesquels se trouvent Victor Serge et Rirette Maîtrejean en tant que gérants du journal L'Anarchie.
Au procès, Bonnot et Garnier étant morts, Callemin fait figure de chef. Il assume d'ailleurs ses responsabilités avec fierté.
Il est l'un des quatre accusés à être condamné à mort. Après le verdict, il tentera de disculper Eugène Dieudonné, également condamné à mort pour sa participation supposée à l'agression de la rue Ordener[2],[6]. Dieudonné sera gracié.
Lors de son arrestation : « Vous faites une bonne affaire ! Ma tête vaut cent mille francs, chacune des vôtres sept centimes et demi. Oui, c’est le prix exact d’une balle de browning ! »[réf. nécessaire]
« Qu’est-ce que le crime ? Un attentat contre la vie humaine perpétré dans certaines conditions. Cela veut dire, que parfois, la suppression des vies humaines est récompensée de façon honorifique. Tandis que, dans d'autre cas on voue l'individu à l'exécration universelle. »[réf. nécessaire]
En montant sur l'échafaud : « C'est beau hein, l'agonie d'un homme...[6],[12] »
Œuvre
La java des bons enfants, illustrateur Jean-Michel Alberola, Éditions Colophon, 2006[13].
Anecdote
En 1974, Guy Debord compose une chanson sur l'attentat d'Émile Henry contre le siège des mines de Carmaux à Paris, le 8 novembre 1892. L'auteur attribue, par fantaisie, La Java des Bons-Enfants à Raymond Callemin. La chanson figure sur l'album Pour en finir avec le travail, un recueil de « Chansons du prolétariat révolutionnaire » paru sous forme de disque vinyle en 1974 et réédité en CD en 1998.
Jean Maitron (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Tome 11. 1871-1914, Bou à Del. Page 104. Notice Callemin, Raymond, François.
↑ abcde et fFrédéric Lavignette, La Bande à Bonnot à travers la presse de l'époque, Lyon, Fage Edition, 2008.
↑« Raymond Callemin grandissait le plus possible dans la rue, pour fuir l'arrière-chambre étouffante où l'on entrait par l'échoppe de cordonnier où son père, du matin à la nuit tombée, rafistolait les chaussures du quartier. Son père était un brave ivrogne résigné, vieux socialiste déçu du socialisme. » Victor Serge, Mémoires d'un révolutionnaire. Cité par Frédéric Lavignette, La Bande à Bonnot à travers la presse de l'époque, Lyon, Fage Edition, 2008, p. 263.
↑Témoignage de Narcisse Callemin, paru dans Le Petit Parisien du 10 avril 1912. Cité par Frédéric Lavignette, La Bande à Bonnot à travers la presse de l'époque, Lyon, Fage Edition, 2008, p.263.
↑ abcde et fJean Maitron, Le mouvement anarchiste en France. Volume I. Des origines à 1914. Gallimard, coll. « Tel », 1992.
↑Le Petit Parisien du 8 avril 1912. Cité par Frédéric Lavignette, La Bande à Bonnot à travers la presse de l'époque, Lyon, Fage Edition, 2008, p. 257.
↑La citation est-elle authentique ? Parue dans Excelsior, 8 avril 1912. Citée par Frédéric Lavignette, La Bande à Bonnot à travers la presse de l'époque, Lyon, Fage Edition, 2008, p. 257.
↑Renaud Thomazo, Mort aux bourgeois !, Sur les traces de la bande à Bonnot, Larousse, coll. « L'Histoire comme un roman », 2007.