Raymond DevosRaymond Devos
Prononciation Raymond Devos (prononciation /dəvos/ Écouter), né le à Mouscron en Belgique et mort le à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines), est un humoriste français[1]. Sa notoriété puis sa célébrité sont dues à son talent de créateur et de conteur d'histoires débonnaire, tissant entre eux de subtils jeux de mots, souvent amplifiés par l'expressivité marquée d'ingénuité d'un mime, autour de paradoxes cocasses, de truculentes perspectives de non-sens, le spectateur étant maintenu dans le registre de la dérision et de l'autodérision. BiographieEnfanceRaymond Devos naît en novembre 1922 à Mouscron, en Belgique, mais il est de nationalité française. Il est le fils de Louis Devos, industriel dans le domaine du textile à Tourcoing, ruiné, devenu expert-comptable à Paris, et d'Agnès Martin, mère au foyer originaire de la région de Vitré [2]. Le couple Devos a d’abord six garçons, dont un meurt en bas âge, puis une fille. Raymond voit le jour au château des Tourelles, un élégant château blanc, propriété paternelle. La famille quitte la Belgique en 1924 pour des raisons fiscales, revend le château et s’installe de l’autre côté de la frontière, à Tourcoing, revenant souvent en Belgique depuis cette localité de France, située à cinq kilomètres de sa ville natale[3]. La salle principale du centre culturel Marius-Staquet de Mouscron porte son nom ainsi qu'une école primaire du quartier qui l'a vu naître, le Mont-à-Leux[4]. Raymond Devos hérite de sa mère sa sensibilité artistique : friande de jeux de mots, elle jouait du violon et de la mandoline[5]. Il se mettra en tête de retrouver ce château natal dont lui a souvent parlé sa mère. Dans son souvenir, c’était un château immense et il commencera par ce que Mouscron avait de plus imposant : le château des Comtes, dont la façade ne lui rappelle rien. Quelqu'un l'orientera vers le château des Tourelles où, au contraire, il se sentira chez lui. Formation et débutsTout jeune, Raymond Devos découvre son don pour raconter des histoires et captiver son auditoire. Élève à l’Institution libre du Sacré-Cœur à Tourcoing[6], il doit arrêter ses études à treize ans à cause des ennuis financiers familiaux, devant ainsi renoncer à assouvir sa soif de connaissances. Cela restera comme son plus grand regret et contribuera à une posture d’éternel étudiant, resté fasciné par le savoir. C’est donc par lui-même qu’il parfait sa culture et sa maîtrise de la langue française et de la musique. Son univers familial le prédispose à jongler avec la musique. Son père joue de l’orgue et du piano, sa mère du violon et de la mandoline, son oncle de la clarinette. Il apprendra des instruments aussi divers que la clarinette, le piano, la harpe, la guitare, le concertina, la trompette, la scie musicale, etc.[7]. L'entreprise de son père ayant fait faillite, Raymond et sa famille sont contraints de déménager en banlieue parisienne, où ils vivent dans des conditions difficiles. Avec sa ferme volonté de devenir artiste, il est admiratif des spectacles de rue, comme ceux des forains, place de la Bastille : « Ils retiraient le cadenas qui enchaînait leur matériel à longueur d’année et ils sortaient le tapis, le poids, les instruments pour haranguer la foule : “Attention mesdames et messieurs, le spectacle va commencer.” » En attendant d’être artiste, il exerce divers petits métiers, notamment : coursier en triporteur, libraire, crémier aux Halles, où il doit mirer les œufs… Mais pendant la guerre, Raymond Devos est requis par le Service du travail obligatoire (STO). Il garde le moral en proposant des spectacles à ses compagnons grâce aux instruments de fortune qu’il a pu emporter avec lui. « Lorsque j’ai été déporté du travail en Allemagne, je côtoyais quotidiennement des hommes de nationalités différentes. Avec des rudiments de langue allemande, on tentait de se faire comprendre. Mais il y avait aussi les gestes, une attitude, un regard qui ajoutaient aux efforts relationnels. » Il enrichit ainsi son bagage d’une nouvelle expérience, celle de mime, qu’il va parfaire, après guerre, à l’école d’Étienne Decroux, où il rencontre Marcel Marceau[8],[9]. Il prend ensuite des cours de théâtre auprès de Tania Balachova et d’Henri Rollan, dont le cours d’art dramatique se tient au Théâtre du Vieux-Colombier. Il joue dans Le Médecin malgré lui et Knock. Pensionnaire de la compagnie Jacques Fabbri, on le voit dans La vertu en danger, Les Hussards, Les fantômes, La famille d’Arlequin[10]. CarrièreEn 1948, Raymond Devos monte un numéro burlesque « les trois cousins », avec André Gille et Georges Denis. Les trois partenaires se produisent au club Le Vieux Colombier (club de jazz, distinct du théâtre du Vieux-Colombier)[11] et à La Rose rouge. Un duo avec Robert Verbeke succède ensuite au trio : « Les pinsons » se produisent à l’ABC et aux Trois-Baudets en chantant des parodies comiques de chansons de cow-boy. Mais c’est au hasard d’une tournée théâtrale des villes-casinos avec la compagnie de Jacques Fabbri, à Biarritz, qu’il découvre l’absurde et le comique de situation. Interrogeant un maître d’hôtel, « Je voudrais voir la mer », il se voit répondre « Vous n’y pensez pas, elle est démontée[12] ». « Quand la remontera-t-on ? »[12] insiste-t-il. « C’est une question de temps »… Ces quatre répliques lui donnent la matière à un sketch, La mer, puis bientôt à un autre, Le car pour Caen. C’est au cabaret « Le Cheval d’Or », d’abord, puis à L'Écluse et aux « Trois-baudets » qu’il teste ses premiers sketchs et le personnage qui allait, au fil du temps, séduire le public. Remarqué par Maurice Chevalier, il passe en première partie de son spectacle à l’Alhambra et y gagne le début de la consécration. Son sketch Le plaisir des sens le rend célèbre : « Mais dis-moi laitier, ton lait va tourner ![12] », apostrophe à laquelle le laitier en question, pris sur un rond-point ne donnant que sur des sens interdits, répond par « T’en fais pas, je fais mon beurre[12] ». Accompagné d'un fidèle pianiste et partenaire, Jean-Michel Thierry puis Hervé Guido, Raymond Devos multiplie alors les apparitions dans les salles de spectacles et bientôt les plus grandes (Bobino, l'Olympia) se le disputent. Son spectacle s’enrichit sans cesse : mime, comédien, musicien, jongleur, équilibriste sur monocycle, prestidigitateur… Il jongle aussi bien avec de petites balles qu’avec des boules de cinq kilogrammes. Ses prouesses physiques sur scène suscitent l’étonnement puis le rire, en regard de sa silhouette rebondie, avec son pantalon retenu sous le ventre par des bretelles. Raymond Devos triomphe par la suite à la télévision, dans Italiques face à Georges Mathieu pour la présentation du film La Raison du plus fou de François Reichenbach[13] et sera régulièrement invité par Jacques Chancel dans son Grand Échiquier, avec notamment une émission où Georges Brassens improvise Les copains d'abord avec Lino Ventura, Raymond Devos et Les Compagnons de la chanson[14]. Contemporain de Fernand Raynaud, qui partage avec lui sa passion du mime, Raymond Devos a un humour qui peut porter l'auditoire vers des accents métaphysiques (Friedrich Nietzsche), comme lorsqu'il explique que « Si on peut trouver moins que rien, c'est que rien vaut déjà quelque chose » ou que « Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose ». Ses références littéraires sont Gaston Bachelard et Marcel Aymé. Ses inspirateurs et modèles sont Tristan Bernard, Alphonse Allais, Alfred Jarry, Boris Vian avec lequel Devos a travaillé, Raymond Queneau — sans oublier Charlie Chaplin, Jacques Tati, Pierre Etaix et les grands clowns comme Foottit et Chocolat, Grock, les Fratellini ou Pipo. Raymond Devos évoque longuement son maître Étienne Decroux dans l'émission de Jean-Pierre Pagliano « Profils perdus : Étienne Decroux » (France Culture, 5 et )[réf. souhaitée]. Vie privée et fin de vieRaymond Devos se marie le avec Simone Beguin, qui meurt en 1999. Le couple n’a pas eu d’enfants[6]. Victime d’un accident vasculaire cérébral en , de nouveau hospitalisé en pour la même raison à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, il meurt chez lui, dans la matinée du des suites d’une crise d’œdème aigu du poumon, entouré de sa sœur Cécile, de son neveu Jean-Louis, et de son secrétaire particulier Pierre Herran. Ses funérailles ont lieu le 19 juin en l’église de Saint-Rémy-lès-Chevreuse (où il résidait depuis 1963), en présence de nombreuses personnalités, au premier rang desquelles le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres[15]. L’hospitalisation et la succession de Devos donnent lieu à une bataille judiciaire entre la famille de l’humoriste et Marie-Christine Roger alias Samantha Lemonnier[16]. Installée en octobre 2005 au domicile de l'artiste à Saint-Rémy-lès-Chevreuse après qu’il a fait une chute dans sa salle de bains, elle prend en charge la santé du malade, écarte l'entourage qui pourrait s'immiscer entre l’humoriste et elle[17]. Elle prétend avoir été sa dernière compagne, avoir même été sa maîtresse du temps de Simone, mais elle est qualifiée par les experts judiciaires de « théâtrale, mythomane voire affabulatrice[18] » ; elle est condamnée en 2009 pour « usurpation du titre de docteur en médecine[19] ». Belge ou Français ?« Devos » en néerlandais signifie « le renard ». Mais Raymond Devos est d’origine française, en témoignent son père né à Tourcoing en 1887, son grand-père Louis Devos, né à Bousbecque en 1841 et sa mère bretonne de Vitré, tous français. À sa naissance à Mouscron en Belgique, à deux pas de la frontière avec la France, son père le déclare à la maison communale de cette ville où ses parents avaient alors une propriété, le château de Tourelles. Il demeure cependant de nationalité française, comme la loi le permettait à l'époque[20]. Dans son livre Il n'y a pas de quoi rire, l'humoriste ironise sur cette ambiguïté avec sa verve coutumière : « Je suis né avec un pied en Belgique et un pied en France, c’est pour cela que je marche les pieds écartés[21]. » Il met cependant un terme à cette ambiguïté, dès la ligne suivante : « Moi, je m'appelle Devos. Ça veut dire « renard » en flamand mais je suis français ! Mon pianiste s'appelle Dupont et il est belge… Je sais que j'ai l'air de faire un numéro mais c'est la pure vérité ! Je suis français, j'ai toujours été français et tout le monde me prend pour un Belge, que voulez-vous que je vous dise ? Ce sera ainsi jusqu'à ma mort. »[22]. SpectaclesListe des sketchsPar ordre alphabétique
Théâtre
PublicationsRecueils de sketches
Romans
DVD
FilmographieCinéma
Télévision
Chansons
DistinctionsRécompenses
Décorations
Musée Raymond-DevosLa Fondation Raymond-Devos a reconstitué l'univers de l'artiste dans sa maison de Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines) qui devient le Musée Raymond-Devos ouvert au grand public le 16 novembre 2016[25]. HommagesEn hommage à Raymond Devos, le sculpteur Daniel Druet réalise une série de portraits en bronze de l'humoriste intitulée « Vers l'éclat »[26]. En 1981, la Monnaie de Paris a édité une médaille en bronze, œuvre de Nicolas Carrega, dédiée à Raymond Devos. En 1998, il inaugure sa propre statue à Rochefort (Belgique), dans le cadre du Festival du rire de Rochefort. En 2003, le ministère de la Culture et de la Communication français crée le prix Raymond-Devos, destiné à récompenser un travail d’excellence autour de la langue française. Ce prix a récompensé Mohamed Fellag (2003), Jean-Loup Dabadie (2004), les Frères Taloche (2005), Pierre Palmade (2006), François Rollin (2009), Vincent Roca (2011), Guillaume Gallienne[27] (2012), François Morel (2013), Stéphane De Groodt (2014), Jean-Jacques Vanier (2015), Jacques Bonnaffé (2016), Alex Lutz (2022) et Muriel Robin (2022 : Prix du centième anniversaire de Raymond Devos)[28]. Deux écoles primaires à Mouscron et Saint-Hilaire-de-Chaléons, ainsi qu'un collège à Hem portent son nom. Une revue annuelle s'intitulant Raymond consacrée aux humoristes est publiée depuis 2022. Son titre est un hommage à Raymond Devos[29],[30]. Notes et références
Voir aussiBibliographie
Article connexeVidéos
Liens externes
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