Rosalie Favell, née en 1958[1] est une artiste d’origine métisse (crie et anglaise) de Winnipeg au Manitoba aujourd’hui installée à Ottawa, Ontario. Elle travaille la photographie et les techniques de collage numérique[2],[3]. Rosalie Favell crée des autoportraits soit à base de son effigie, soit à base d’images qui la représentent. Elle utilise souvent des photos d’archives de membres de sa famille ou des images de la culture populaire dans ses œuvres[3].
Enfance
Rosalie Favell nait en 1958 d’un père métis, nommé Gerald et d’une mère de descendance écossaise et anglaise nommée Florence McFadyen[4]. Elle grandit dans un foyer anglican où l’héritage ancestral n’est pas ouvertement reconnu[5],[6]. À 10 ans, elle reçoit son premier appareil photo[5] mais ce n’est que plusieurs années plus tard qu’elle commence à explorer formellement ses élans artistiques lors d’un cours du soir en photographie. Elle choisit de continuer à étudier la photographie[7].
Formation
Rosalie Favell obtient un baccalauréat en arts appliqués du Ryerson Polytechnic Institute (aujourd’hui l’Université Ryerson) en 1984, puis une maîtrise en beaux-arts de la Université du Nouveau-Mexique en 1998, et poursuit ses études doctorales (TSTD) en médiations culturelles à l’Université Carleton en 2009[1],[8]. Vers la fin des années 1990, elle se retrouve sous la tutelle de l’artiste Larry Glawson alors qu’elle s’apprête à mettre de côté son travail en photo documentaire pour se concentrer sur les manipulations de photos numériques[5].
Au long de sa carrière, Rosalie Favell enseigne plusieurs cours et ateliers[9], notamment à l’Université du Manitoba, de 1998 à 1999 ; à l’Institute of American Indian Art Santa Fe, de 1994 à 1995[5] ; à l’Université Carleton et à l’Université d’Ottawa[10]. Depuis 2013, Rosalie Favell a enseigne également la photo numérique à la Discovery University, un programme conjoint entre la Mission d’Ottawa et l’Université d’Ottawa qui permet aux personnes à faible revenu d’accéder à des programmes[11]. De plus, elle participe à de nombreuses résidences d’artistes, entre autres au Centre des arts de Banff(en)[6], et au Nigig Visiting Artist Residency à l'Université de l'EADO, où elle présente en continu depuis 2008, sa série Facing the Camera[12] qui consiste en des portraits des membres de la communauté artistique autochtone[13].
Participation à des organismes
Très tôt, Rosalie Favell se joint à l’association de photographes autochtones et inuits de Hamilton, en Ontario, la NIIPA, le premier centre d’artiste autogéré spécialisé en œuvres photographiques d’artistes autochtones au Canada[14]. Elle est tour à tour membre du conseil du Floating Gallery Centre for Photography à Winnipeg et de l’Original Women’s Network : a Native Women’s Resource Centre[15], et travaille avec des groupes de femmes népalaises à Katmandou au Népal[9].
Thèmes
L’autoportrait figure pleinement dans l’œuvre de Rosalie Favell qui s’inspire souvent des traditions du portrait et de l’autoportrait, employant parfois des compositions traditionnelles, parfois des portraits existants dans lesquels elle remplace le sujet historique par elle-même[16]. Par exemple, sa pièce The Artist in Her Museum : The Collector (L'artiste dans son musée : la collectionneuse) (2005) renvoie à l’œuvre The Artist in His Museum (L'artiste dans son musée) (1822), autoportrait de l’artiste Charles Wilson Peale exhibant sa collection[17]. Dans l’œuvre de Rosalie Favell, elle remplace le portrait de l’artiste avec le sien, et ses collections de spécimens avec des photos de sa famille. Cette approche vise à questionner et à réécrire les pratiques coloniales de collection et d’exposition d’artéfacts[17]. Par ses manipulations de photos, Rosalie Favell recontextualise des portraits en particulier, mais aussi la tradition de la portraiture en général, en y ajoutant son identité autochtone afin de créer un dialogue[16]. L’artiste Barry Ace résume l’approche de Rosalie Favell de la façon suivante :
« Les images recueillies agissent comme aide-mémoire, déclenchant une remémoration personnelle et collective, alors que la pratique en photo numérique lui accorde un vaste tableau avec lequel exprimer visuellement la sexualité, l’identité, la famille, et elle-même. »[18].
Rosalie Favell utilise également des photos documentaires afin de créer de nombreuses œuvres qui lui permettent de façonner une image de la communauté autochtone à laquelle elle appartient[12]. Les œuvres telles que Portraits in Blood, des années 1980, font usage de portraits d’artistes autochtones et d’amis afin d’exprimer son exploration de l’identité autochtone[12]. Avec sa série en continu Facing the Camera [Face à l’objectif] commencée en 2008, Rosalie Favelle réalise des portraits dynamiques d’environ 450 artistes autochtones de partout au monde, incluant Daphne Odjig, Greg Hill(en), Bear Witness du groupe A Tribe Called Red, Caroline Monnet, Heather Igloliorte, Kent Monkman, Mary Watt, Maree Clarke(en), Alex Janvier(en), et Mary Anne Barkhouse[19],[20]. Les poses actives que l’artiste fait prendre à ses sujets dans Facing the Camera (Face à l’objectif), leur confèrent une force et questionnent les stéréotypes issus, en partie, de l’histoire du portrait des peuples autochtones depuis une perspective coloniale[19],[20].
Prix et distinctions
Le travail de Rosalie Favell est reconnu et elle obtient divers prix et bourses d’appui tout au long de sa carrière[21]. Parmi ceux-ci, le prix Victor Martyn Lynch-Staunton du Conseil des arts du Canada en 2003, la bourse Chalmers de recherche artistique du Conseil des arts de l'Ontario en 2004[1] et en 2012, elle reçoit le prix Karsh, remis tous les deux ans, pour l’ensemble de son œuvre en photo[22],[23]. En 2017, on remet à Rosalie Favell, le prix Paul de Hueck et Norman Walford de réalisation professionnelle en photographie artistique, de la fondation des arts de l’Ontario[24].
From and early age revisited (1994, 2016), Wanuskewin Heritage Park, Saskatchewan, Canada, juillet–
Paper / Papier, Cube Gallery, Ottawa, Canada, 6 sept–2 oct 2016
Facing the Camera Toronto, Ada Slaight Gallery, Ontario College of Art & Design, Canada, 3–7 oct 2016
Àdisòkàmagan / Nous connaître un peu nous-mêmes / We’ll all become stories, Galerie d'art d'Ottawa, Ottawa, Canada, –
Œuvres choisies
1994 Living Evidence (Preuves vivantes)
1980s Portraits in Blood (Portraits de sang)
1998 Longing and Not Belonging (Le désir privé d’appartenance)
2005 The Artist in Her Museum: The Collector (L’artiste dans son musée : la collectionneuse)
1999-2006 Plain(s) Warrior Artist (Simple artiste guerrier des plaines)
2010 Wish You Were Here (Si seulement tu y étais)
2008-en continu Facing the Camera (Face à l’objectif)
Projets collaboratifs et participation à des groupes
En 2017, Rosalie Favell organise un projet collaboratif intitulé Culture enveloppante qui inclut la collaboration d’artistes autochtones du Canada : Rosalie Favell, Barry Ace (Anishinaabe-Odawa), Meryl McMaster (Crie), et Adrian Stimson (Siksika-Blackfoot), et de l’Australie : Maree Clarke (Mutti Mutti, Yorta Yorta(en), Bunurong), Vicki West (Tasmanienne), Mitch Mahoney (Boon Wurrung, Paakantyi(en)), Molly Mahoney (Boon Wurrung, Barkindji), Kerri Clarke (Boon Wurrung) et Wade Mahoney (Barkindji)[26],[27]. Lors d’ateliers étalonnés sur quelques semaines, ces dix artistes ont créé une robe traditionnelle(en) siksika en cuir de bison et une grande cape en peau de phalanger[27]. Les pièces, incises et peintes avec des motifs témoignent d’actes de narration, de rétablissement et de construction communautaire[28],[27].
Rosalie Favell est membre du collectif OO7 (Ottawa Ontario Seven), un groupe d’artistes autochtones qui inclut Ariel Smith, Barry Ace, Frank Shebageget, Leo Yerxa, Michael Belmore, Ron Noganosh, et des « agents spéciaux » invités. Le groupe fournit un espace alternatif et expérimental pour les artistes autochtones d’Ottawa à divers stages de carrière[29].
Depuis 2013, elle enseigne la photographie numérique à l'Université Discovery, un programme géré conjointement par la Mission d'Ottawa et l'Université d'Ottawa pour offrir aux personnes à faible revenu des possibilités de formation[31].
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↑(en) Lidchi, Henrietta ; Tsinhnahjinnie, Hulleah J. (2009). Visual Currencies Reflections on Native Photography. Edinburgh: National Museums Scotland. p. 38.
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