Salvino degli ArmatiSalvino degli Armati
Salvino degli Armati (1245-1317) est un gentilhomme florentin, imaginé en 1684 comme inventeur des lunettes pour attribuer à la ville de Florence l'honneur d'être le lieu de cette invention. Histoire d'un fauxAu XVIIe siècle, en Italie, plusieurs auteurs discutent de l'origine et du nom de l'inventeur des lunettes, en n'hésitant pas à recourir à des faux pour faire reconnaitre leur ville (Pise, Florence...) comme lieu d'origine de cette invention[1]. En 1684, Ferdinando Leopoldo Del Migliore fait savoir[2] qu'il a découvert dans l'église de Sainte-Marie-Majeure de Florence, la tombe d'un Salvino degli Armati portant l'inscription suivante :
La tombe ayant disparu, Del Migliore se basait sur un ancien Registre des sépultures qu'il avait en sa possession, mais que personne ne put jamais voir. De plus la famille Armati était éteinte et personne n'en avait fait la généalogie. Quant aux autres détails sur Salvino, ils étaient attestés par un document gardé lui aussi jalousement caché par Del Migliore. Le mythe de Salvino, inventeur des lunettes, se transmet jusqu'au XIXe siècle par des générations d'érudits. En 1841, on exhuma un buste antique, assorti d'une pierre tombale portant la fameuse épitaphe, qui furent exposés jusqu'en 1891 dans le cloître de Sainte-Marie-Majeure de Florence, bientôt remplacé par une école portant le nom de Salvino degli Armati[1]. DémystificationEn 1920, le philologue Isidoro del Lungo démontre que l’invention des lunettes par Salvino d'Armati était une mystification due à Ferdinando Leopoldo Del Migliore[3],[4], « ardent patriote florentin » pour la gloire de sa ville[1]. Il existe bien un authentique Registre des sépultures florentin, où l'on relève la présence d'un Salvino degli Armati, mais qui meurt en 1340, sans mention d'inscription. Selon del Lungo, le mot inventor n'existait pas au début du XIVe siècle, et l'expression la peccata est fantaisiste, destinée à donner une patine ancienne à l'inscription, alors que le peccata est plus correct. Le buste découvert en 1841, provenait d'un défunt de marbre réalisé au XVe siècle à la mémoire d'un del Beccuto comme l'indiquait le blason sur sa poitrine. La pierre tombale avait été taillée dans le gradin de l'autel pour servir de couvercle à un sarcophage portant la date de 1272[1]. En 1925, cinq ans après la parution de l'article de Del Lungo dans Archivio Storico Italiano sous le titre Le vicende d'un'impostura erudita « Les vicissitudes d'une imposture érudite », L'école Salvino degli Armati changea de nom[1]. Autres personnes créditées de l'invention
Selon Chiara Frugani, aucun des nombreux candidats qui furent proposés au cours de l'histoire comme inventeur des lunettes n'a pu résister à l'examen critique. « Il faut donc nous résigner à rendre hommage à un inventeur inconnu »[1]. Dans la littératureSalvino degli Armati est mentionné dans le roman d'Umberto Eco, Le nom de la rose, où un personnage, Guillaume, prétend avoir reçu une paire de ces vitrei ab oculis ad legendum, offertes en cadeau par Salvino d'Armati. Notes et références
Sources
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