Les septante disciples (Grec ancien: οἱ ἑβδομήκοντα Μαθηταί, hoi hebdomḗkonta mathētaí), parfois dénombrés soixante-douze, étaient les disciples de Jésus mentionnés dans l'Évangile selon Luc (X: 1-24). Selon ce texte, le seul du canon où ils apparaissent, Jésus les choisit et les dépêcha par groupes de deux vers différentes régions pour annoncer l'Évangile. La tradition chrétienne occidentale les désigne le plus souvent sous le nom de « disciples » tandis que les chrétiens orientaux les appellent volontiers « apôtres ». Si l'on se réfère au lexique grec, un « apôtre » est celui que l'on envoie en mission tandis qu’un « disciple » est un élève : les deux traditions s’opposent donc sur la portée du mot « apôtre ». Il existe plusieurs listes antiques, comportant plus ou moins d'informations et présentant certaines différences.
Après cela, le Seigneur en désigna encore 70 autres, et il les envoya devant lui, deux à deux, en toute ville et endroit où lui-même devait aller.
Il leur disait : « La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson.
Allez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
Ne portez ni bourse, ni besace, ni sandales, et ne saluez personne en chemin.
En quelque maison que vous entriez, dites d'abord : Paix à cette maison !
Et s'il y a là un fils de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.
Demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qu'il y aura chez eux, car l'ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison.
Et en quelque ville que vous entriez et qu'on vous reçoive, mangez ce qui vous sera servi ;
Guérissez les malades qui s'y trouveront, et dites-leur : Le royaume de Dieu est proche de vous.
Et en quelque ville que vous entriez et qu'on ne vous reçoive pas, allez sur les places publiques et dites :
La poussière même de votre ville, qui s'est attachée à nos pieds, nous l'essuyons contre vous ; sachez cependant ceci, que le royaume de Dieu est proche.
Je vous le dis : il y aura, en ce jour-là, moins de rigueur pour Sodome que pour cette ville.
Malheur à toi, Corozaïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, avaient été faits dans Tyr et Sidon, il y a longtemps qu'elles auraient fait pénitence, assises avec le sac et la cendre.
Aussi bien, il y aura, au jugement, moins de rigueur pour Tyr et Sidon que pour vous.
Et toi, Capharnaüm, est-ce que tu seras élevée jusqu'au ciel ? Tu seras abaissée jusqu'aux enfers.
Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette ; or celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé. »
Les 70 revinrent tout joyeux, disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis par votre nom. »
Il leur dit : « Je voyais Satan qui tombait du ciel comme un éclair.
Voici que je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, (le pouvoir) aussi sur toute la puissance de l'ennemi, et rien ne pourra vous nuire.
Du reste, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. »
L’Évangile selon Luc est le seul des Évangiles synoptiques à relater deux épisodes dans lesquels Jésus dépêche ses disciples en mission. La première occasion (Luc IX:1-6) suit de près la mission évoquée dans l’Évangile selon Marc VI:6b-13, qui cependant ne parle que des douze apôtres, et non de 70 fidèles, bien que les détails donnés soient identiques. Ce parallèle (voir aussi Matthieu IX:35, et X:1,7-11) suggère une origine commune à rechercher dans la Source Q.
Ce qui est annoncé aux Septante(-deux) en Luc X:4 est d'ailleurs repris au passage dans l'annonce aux apôtres en Luc XXII:35 :
« Et il leur dit, « Lorsque je vous ai envoyés sans bourse ni chaussures, avez-vous manqué de quelque chose ? » Ils dirent: « De rien. » »
Chacun des septante disciples est également fêté, séparément, à une autre date dans l'année liturgique.
Nomenclature des Septante
La tradition orthodoxe énumérant les Septante dont « les noms sont inscrits dans les cieux » est associée à un évêque de la fin du IIIe siècle, Dorothée de Tyr, qui n'est connu que par cette nomenclature, et à qui l'on attribue un récit du ministère des Septante, qu'on ne connaît que par une copie du VIIIe siècle. Les noms des disciples sont donnés par différentes listes : le Chronicon Paschale, et celle du Pseudo-Dorothée (imprimés dans la Patrologia Graeca du père Migne, vol. XCII, p. 521-524 ; p. 543-545 ; p. 1061-1065).
La plupart des noms cités dans la liste des Septante sont identifiables grâce à leur titre. Il existe quelques différences selon les listes. Dans ces listes, Luc l’évangéliste compte au nombre des Septante. La nomenclature suivante est le canon généralement reçu.
« Il existe des divergences et des erreurs dans certaines listes des soixante-dix apôtres. Dans une liste attribuée à St Dorothée de Tyr (5 Juin), certains noms sont repris (Rodion ou Hérodion de Patras, Apollos de Césarée de Cappadoce, Tychique, Aristarque), tandis que d'autres sont omis (Timothy, Titus, Épaphras, Archippe, Aquila, Olympas). St Démétrius de Rostov a consulté l'Ecriture Sainte, les traditions transmises par les Pères et les récits des historiens dignes de confiance quand il a tenté de corriger les erreurs et les incertitudes dans la liste dans la compilation de son recueil de Vies des Saints[9]. »
« Au IXe siècle St Joseph l'Hymnographe a composé le Canon pour le Synaxis des soixante-dix apôtres du Christ[9]. » La liste de la tradition orthodoxe est donc la suivante[9] (les indications entre crochets "[ ]" proviennent de la liste attribuée à Hippolyte de Rome) :
Prochorus le diacre () [« évêque de Nicomédie (en Bithynie), qui était aussi le premier qui partit, onze croyants ensemble avec ses filles[10] »] (un des sept diacres);
« Il y a deux autres apôtres appartenant aux soixante-dix: St Cephas, à qui le Seigneur est apparu après la résurrection (1 Cor. 15: 5-6), et Siméon, appelé Niger (Actes 13: 1). Ils ont également été glorifiés par la prédication apostolique[9]. »
Certaines versions de la Bible différent sur le nombre de disciples dans ce passage de l'Évangile selon Luc (X:1-24). Dans certaines traductions le nombre de disciples est de 72, comme dans les versions internationales New International Version publiée par Biblica ; New American Standard Bible ; et la Bible de Jérusalem.
Origines et traduction :
Le mot grec hebdomekonta (εβδομηκοντα : numéro Strong 1440) a parfois été traduit par "septante" (70). Néanmoins, juste après ce mot se trouve le mot grec "duo" entre parenthèses (duo), traduit "deux". Des notes dans les nombreuses traductions indiquent que les manuscrits grecs sont divisés entre les nombres 70 ou 72, et il n'y a aucun moyen d'être sûr du nombre exact de disciples envoyés par Jésus.
Une question similaire existe dans les interprétations juives du nombre de familles originelles mentionnées au chapitre 10 du Bereshit (livre de la Genèse) : 70 noms sont mentionnés ; certains commentaires hébraïques traditionnels (comme le Sefer Ha Zohar) mentionnent que deux personnes seraient restées au camp. Pour des raisons liées à l'étude hébraïque du passé de Jésus-Christ et de certains textes juifs anoblissant le chiffre 7, il se peut que ce soit le nombre originel de disciples envoyés par Jésus.
↑« Tout le monde connaît parfaitement les noms des apôtres du Sauveur d'après l'Évangile. Quant à la liste des 70 disciples, elle n'existe nulle part. On dit pourtant que Barnabé était l'un d'eux; car les Actes des Apôtres le mentionnent plusieurs fois, de même que Paul écrivant aux Galates. On prétend que Sosthène, qui écrivit avec Paul aux Corinthiens, en était aussi ; [2] Clément, dans la cinquième de ses Hypotyposes, l'affirme, et il déclare que Céphas, dont Paul dit : « Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face », est un des 70 disciples, homonyme de l'apôtre Pierre. [3] Il raconte encore que Mathias qui fut élu par les Apôtres à la place de Judas, et celui qui, dans cette élection, fut honoré d'un pareil suffrage, avaient été tous deux jugés dignes de la vocation des 70. Thaddée est aussi présenté comme l'un d'eux ; à son sujet je vais incessamment rapporter un récit venu jusqu'à nous. » cf. Eusèbe de Césarée, Historia Ecclesiae, livre I, chap. XII.
↑D'après Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, La Sainte Bible en Latin et en Francois, vol. 4 : Livres apocryphes de l'Ancien Testament avec les écrits des tems apostoliques et les préfaces de Saint Jérôme, Guillaume Desprez, , « Des noms Hébreux », p. 461.