19 - 21 février : premier Congrès panafricain à Paris (W.E.B. DuBois, Blaise Diagne). Il cherche à obtenir des puissances coloniales une reconnaissance des services rendus par les Africains pendant la guerre et un nouveau statut pour la race noire en Afrique[4]. William Du Bois, un sociologue afro-américain, plaide sans succès pour l'autodétermination des « peuples de couleur ». À la suite du Congrès panafricain, des Antillais et des Africains (Jean Ralaimongo) créent à Paris la « Ligue française pour l’accession des indigènes de Madagascar aux droits de citoyens français »[5].
23 octobre : première circulaire Northey, au Kenya. Le gouverneur Edward Northey institue le quasi-travail forcé des indigènes (1918-1921). Les missionnaires s’opposent à cette politique[11].
4 juillet : Augusto Bernardino Leguía est porté au pouvoir au Pérou à la suite d’une campagne populiste. Son régime devient rapidement dictatorial et doit affronter la contestation étudiante. Retour au militarisme (Oncenio, 1919-1930). Leguía promulgue une nouvelle Constitution en 1920[19].
1er mars : mouvement du 1er mars (Samil Undong) en Corée. Le texte de la déclaration d’indépendance du pays, alors occupée par le Japon, est lu publiquement dans un parc de Séoul à l’occasion des funérailles du dernier roi de la dynastie Chosŏn. Des manifestations non violentes éclatent pour réclamer l’indépendance et se répandent dans tout le pays, impliquant deux millions de Coréens. Elles cessent le 15 avril à la suite de la répression par l’armée japonaise (7 509 tués, 15 961 blessés et 46 948 arrestations)[23].
18 mars, Inde : Rowlatt Act instaurant des cours spéciales et autorisant au vice-roi et aux gouverneurs la détention sans procès pour activités subversives. Ces lois provoquent une recrudescence de l’activité nationaliste. Gandhi, alors à la tête du Congrès national indien, déclenche un satyâgraha (« force de la vérité », action de masse, non-violente) pour protester contre l’exil de deux chefs nationalistes[1].
3 mai-4 mai : des troupes afghanes franchissent la frontière indienne à l’ouest de la passe de Khyber et prennent le village de Bagh, qui contrôle l’approvisionnement en eau de la garnison britannique à Landi Kotal. L’incident marque le début de la troisième guerre anglo-afghane[22].
4 mai : mouvement du 4 mai[25]. Manifestations étudiantes à Pékin (Beijing) en Chine, pour la modernisation, la démocratie, et contre le Japon et les autres puissances impérialistes. Éveil du nationalisme chinois. Certains manifestants rejoindront plus tard le Parti communiste chinois (PCC).
10 juillet, Kazakhstan : le Conseil des commissaires du peuple nomme un Comité révolutionnaire Kirghiz (Kazakh) ou Kirrevkom ; pendant l’été, découragés par les défaites des Russes blancs et influencés par les promesses d’autonomie des bolcheviks, de nombreux membres éminents d’Alash Orda rejoignent le Kirrevkom[29].
par un accord conclu à Rawalpindi, les Britanniques reconnaissent la souveraineté et l’indépendance de la nation afghane[22].
Mitsukawa Kametarō et Shūmei Ōkawa fondent le groupe de discussion nationaliste et club politique Yuzonsha[30]. Début au Japon d’un vigoureux courant ultranationaliste.
21 septembre : les musulmans indiens[32], qui s’inquiètent du sort réservé au calife ottoman après la défaite de la Turquie, fondent à Lucknow la Conférence panindienne pour le Califat (All-India Khilafat Conference) qui élit Gandhi comme président le 24 novembre à Delhi. Le Congrès choisit le 17 octobre comme jour de deuil (all-India Khilafat Day)[33].
2 décembre : une garnison chinoise s’installe à Ourga et désarme les troupes mongoles[36].
23 décembre : proclamation par le roi George V du Royaume-Uni du Government of India Act, inspiré du rapport Montagu-Chelmsford de 1918[1]. Il étend la représentation des diverses communautés indiennes aux assemblées provinciales élues et à l’assemblée centrale. L’autorité des provinces est renforcée selon le principe de la « dyarchie ». Certains secteurs jusque-là réservés aux gouvernements provinciaux (éducation, santé, agriculture, collectivités locales) sont transférés à des ministres responsables devant les assemblées législatives, tandis que les autres (finances), restent dévolus à des ministres nommés par les Britanniques.
Proche-Orient
1er janvier : mémorandum de Faysal[37]. La Grande-Bretagne, qui considère le Hedjaz comme une puissance belligérante faisant partie du camp des vainqueurs, fait pression pour que l’émir Faysal soit le seul représentant des Arabes à la conférence de Versailles. Elle interdit aux Palestiniens, aux Mésopotamiens et aux Égyptiens d’envoyer une délégation. Encadré par des officiers britanniques (T. E. Lawrence), Faysal expose les revendications arabes, nettement favorables à l’influence britannique : il propose une confédération d’États sous la direction de son père Hussein, composée de la Syrie, de l’Irak, de la Palestine, du Hedjaz, du Yémen. En Syrie et en Irak, Faysal demande l’appui de conseillers étrangers, sans en préciser la nationalité. En Palestine, il estime que le conflit potentiel entre Juifs et Arabes nécessite une tutelle étrangère directe. Il ne fait pas mention des revendications françaises au Liban et en Syrie.
3 janvier : accord signé entre Faysal et Weizmann[38]. Il parle d’un État arabe en Palestine mais affirme également que les statuts de cette dernière doit être définis selon les termes de la déclaration Balfour. L’immigration des Juifs sera libre et l’Organisation sioniste aidera au développement de l’État arabe. Faysal ajoute que cet accord est conditionné par la satisfaction des demandes d’indépendance qu’il a exposées à Versailles. L’échec des revendications arabes devant les puissances rend l’accord caduc et en été Faysal revendique la Palestine comme partie du royaume arabe de Damas. Les nationalistes d’origine palestinienne, dans l’entourage de l’émir, se rapprochent du projet de Syrie intégrale de la France à condition que soit refusé tout projet sioniste.
18 janvier - 28 juin : conférence de Versailles[39]. La France, opposée au mémorandum de Faysal, favorise la présentation à Versailles de délégations syrienne et libanaise. Les revendications syriennes sont exposées par Comité central syrien, composé de personnalités francophiles. Sa délégation, reçue à Versailles le 13 février, demande la constitution d’une Grande Syrie englobant la Palestine et le Liban, placée sous la tutelle de la France. Le 15 février la délégation libanaise, essentiellement composée de Maronites revendique la création d’un Grand Liban de Tripoli à Saïda, incluant Beyrouth, sous tutelle française[40].
27 janvier-10 février : les notables palestiniens organisent un congrès islamo-chrétien à Jérusalem et demandent l’application du principe de droit des peuples, leur rattachement à la Syrie et refusent les revendications françaises sur la Palestine[41]. Ils demandent une tutelle britannique si celle-ci rejette le projet sioniste. Le congrès vote une organisation permanente, l’Association islamo-chrétienne, sous l’autorité du maire de Jérusalem Moussa Qassem al-Husseini.
14 et 21 février : les notables chiites envoient deux adresses au président Wilson qui revendique l’autodétermination et l’indépendance du peuple irakien[42]. La Grande-Bretagne empêche toute délégation nationale irakienne de se rendre en Europe.
27 février : la délégation sioniste à Versailles réaffirme la nécessité de l’émigration libre vers la Palestine. Elle ne réclame pas directement un État mais demande qu’on laisse aux Juifs la possibilité de bâtir « une nation aussi juive que la nation française est française et que la nation britannique est britannique »[43]. Cette déclaration est comprise par les Palestiniens comme le prélude de la prise de possession du pays par les Juifs.
9 mars : révolte nationaliste en Égypte menée par le parti Wafd de Saad Zaghlul contre le refus des Britanniques de prendre en considération la demande d’indépendance du pays. L’arrestation et la déportation des chefs du Wafd à Malte le 8 mars déclenche une véritable vague révolutionnaire[44]. La répression britannique, menée par le général Allenby, fait des milliers de morts. Les chefs du Wafd sont toutefois libérés le 7 avril[45].
29 mars : débarquement de forces italiennes à Antalya, qui avancent vers Smyrne[46]. Les Italiens revendiquent le sud-ouest de l’Anatolie en concurrence avec les Grecs.
25-26 mai, Arabie : bataille de Turabah. Les Ikhwans d’Abdelaziz Ibn Sa’ud défont les troupes d’Abdallah, fils de Hussein, qui ont pris Turaba le 21[51]. Le conflit s’accompagne d’une intense propagande religieuse, Ibn Sa’ud accusant le shérif d’avoir trahi l’Islam, Hussein accusant Sa’ud d’être un hérétique. Les succès saoudiens sont freinés sous la pression des Britanniques. Ibn Sa’ud se tourne alors vers le sud et occupe l’intérieur du Asir, entre le Yémen et le Hedjaz.
29 mai : départ pour Constantinople de la commission King-Crane. La question syrienne envenime les relations franco-britanniques durant la conférence de Versailles. Wilson propose l’envoi d’une commission d’enquête chargée de recueillir l’avis des populations de Syrie (10 juin-21 juillet). La France et la Grande-Bretagne refusent d’y participer, et les conclusions rendues par la commission le 28 août restent sans effets. En raison des troubles qui secouent son Empire, la Grande-Bretagne décide finalement de retirer ses troupes de Syrie le 13 septembre, reconnaissant l’influence française sur la région[43],[52].
3 juin : arrivée à Diyarbakır de la mission Noel au Kurdistan, chargée par les Britanniques d’organiser l’indépendance kurde face au nationalisme turc[53]
2 juillet : privé des fonds britanniques, le Congrès arabe syrien réunit à Damas proclame l’indépendance totale de la Syrie sous la protection de Faysal englobant le Liban et la Palestine, proclamation remise à la Commission King-Crane le lendemain[43]. La France durcit sa position. Elle envoie une force militaire au Liban commandée par le général Gouraud, nommé le 8 octobre, général en chef commandant l’armée du Levant, qui est à Beyrouth le 21 novembre[54]. Des troupes arabes irrégulières pénètrent au Liban pour attaquer les positions françaises ou mènent des actions de sabotage contre les lignes ferroviaires menant vers les lignes de front françaises contre les kémalistes.
23 juillet : ouverture du congrès d’Erzurum[49]. Mustafa Kemal organise la réunion de congrès nationaux à Erzurum et à ) où sont posés en principe l’intégrité des territoires peuplés majoritairement de Turcs et envisagé la création d’un gouvernement populaire[56].
7 décembre : arrivée d’une commission d’enquête dirigée par Lord Milner au Caire. Elle est envoyée par Londres pour trouver une solution contre l’agitation révolutionnaire qui se poursuit en Égypte mais elle est boycottée par les Égyptiens[57]. La commission propose, dans son rapport d’avril 1920, la conclusion d’un rapport bilatéral entre la Grande-Bretagne et l’Égypte.
19 janvier : début d’une tentative de restauration monarchique au Portugal, la « Monarchie du Nord ». Elle échoue le 13 février[60]. Salazar, alors enseignant à la faculté de Coimbra, est accusé d’avoir trempé dans le complot royaliste, et sanctionné[61].
31 janvier : battle of George Square. Charge de la police à Glasgow lors d’une grève pour la réduction du temps de travail[63].
14 mars : Lloyd George s’oppose au plan de Clemenceau d’annexion de la Rhénanie tout en acceptant une occupation militaire temporaire. Il suggère que la frontière franco-allemande soit garantie par Londres et Washington. Clemenceau accepte deux jours après malgré l’opposition de Foch[64]. Lloyd George exige que les réparations couvrent les pensions des veuves de guerre[65].
6 novembre : Malgré l'opposition du parlement, la grande-duchesse Charlotte épouse le prince Félix de Bourbon-Parme, frère de l'ex-impératrice d'Autriche et ancien officier autrichien ayant combattu contre les alliés.
19 novembre : le Sénat américain refuse de ratifier le traité de Versailles[75].
3 mars : à l’appel du Parti communiste d’Allemagne, les conseils ouvriers de Berlin déclenchent une grève générale. Le ministre de la Reichswehr proclame l’état de siège suivi le lendemain par des affrontements entre les manifestants et l’armée[82].
4-13 mars : la répression de la grève générale à Berlin par la police et l’armée fait 12 000 morts[80]. Arrestation de militants spartakistes.
12 mai : l’Assemblée nationale constituante allemande, réunie en session extraordinaire, rejette le projet de traité soumis à la délégation allemande à Versailles le 7 mai[84].
16 juin : les Alliés adressent un ultimatum à l’Allemagne. Berlin a sept jours pour accepter les conditions de paix[84].
22 - 23 juin : l’assemblée de Weimar s’incline à 237 voix contre 138 et approuve le traité de Versailles[78]. Elle rejette cependant les articles sur la responsabilité et les criminels de guerre.
31 juillet : l’Assemblée nationale adopte la constitution de Weimar[79], proclamée le 11 août[78]. Le chancelier du Reich et le gouvernement du Reich seront responsables devant le Reichstag, élu pour quatre ans au suffrage universel et qui peut être dissout par le président du Reich (élu pour 7 ans). Le Reichsrat, formé des représentants des différents Länder, remplace le Bundesrat mais voit sa compétence réduite (pouvoir suspensif). Le Reich comprend 17 Länder au lieu de 25, à la suite de la fusion de sept principautés en un État de Thuringe. Le pouvoir fédéral est renforcé (perception de presque tous les impôts).
2 septembre : les Alliés imposent à l’Allemagne de renoncer à l’article 61 de la constitution de Weimar qui prévoyait la possibilité d’un Anschluss (unification) entre l’Allemagne et l’Autriche[78].
12 septembre : dans une brasserie de Munich, Adolf Hitler prend la parole à un meeting du Parti ouvrier allemand, fondé en janvier. Le 19 octobre, il sollicite son adhésion à ce parti avec l’approbation de ses supérieurs, qui est acceptée le [78].
17 janvier : accord entre Józef Piłsudski et Ignacy Paderewski. Piłsudski reste chef de l’État et Paderewski devient Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du premier gouvernement indépendant en Pologne[90].
20 mars : devant un ultimatum de l’Entente exigeant un nouveau recul du territoire de la Hongrie (note Vix), le président Mihály Károlyi et son Premier ministre Dénes Berinkey estiment ne pas pouvoir obtempérer. Le gouvernement de la République démocratique hongroise démissionne et Mihály Károlyi annonce son intention de désigner un gouvernement social-démocrate[97].
21 mars : en Hongrie, après la fusion des partis communiste et social-démocrate, Béla Kun prend le pouvoir et proclame la république des conseils de Hongrie sur le modèle des Sovietsrusses. Cet intermède communiste dure jusqu’au 1er août[97]. Le 26 mars, le gouvernement de Béla Kun nationalise toutes les entreprises industrielles et commerciales[98]. Il prend des décrets sociaux pour les femmes et les enfants, des mesures de contrôle sur la presse, la culture et les professions libérales. Le 4 avril, il lance une réforme agraire[99], qui attribue les terres confisquées aux grands propriétaires à des coopératives, alors que les paysans et le prolétariat agraire s’attendent à leur distribution. La Hongrie connaît bientôt la pénurie, le rationnement et l’inflation[100] (la couronne chute de 90 %).
20 avril : les Hongrois proclament la « révolution en danger ». Plus de 40 000 ouvriers s’enrôlent dans l’armée rouge en six jours à l’appel de Béla Kun[79].
12-13 juin : congrès du Parti des communistes de Hongrie[104]. La suprématie des communistes hongrois est consacrée au congrès du parti, suivi de l’Assemblée nationale des Conseils (14-23 juin[105]), une sorte de Constituante qui adopte le principe de la dictature du prolétariat et le nom d’État socialiste fédératif. De fait, la dictature est exercée par Béla Kun et son directoire de cinq membres. Le régime pratique la terreur à l’aide d’une unité spéciale terroriste du gouvernement, une police parallèle appelée familièrement « les gars de Lénine »[106].
Le Royaume de Roumanie signe à Paris le traité des minorités à l’issue de la conférence de la paix[118] : égalité des droits, liberté de religion et d’enseignement dans la langue maternelle. Les Juifs qui ne se réclament pas d’une autre nationalité sont considérés comme Roumains[122].
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