Les premiers termes utilisés pour désigner les Afro-Américains font généralement référence à la couleur de peau : « colored » (litt. coloré), « person of color » (litt. personne de couleur) ou encore « negro » (du mot espagnolnegro signifiant « noir »)[7]. Ce dernier terme est sujet à controverse, en raison notamment de sa connotationpéjorative et de l’histoire qui lui est associée. Il est fréquent que l'expression « the N-word » (le mot en N) soit employée à la place de ce terme[8].
Bien que l'usage du terme « Afro-Américains » (en anglais : African American ou African-American) remonte à 1782[9], et qu'il ait été utilisé par des abolitionnistes du XVIIe siècle comme James Forten ou Robert Purvis, il n'est néanmoins popularisé par Malcolm X que dans les années 1960, puis par Jesse Jackson[10] avant de devenir une expression commune à la fin des années 1980. Son but était de définir les Américains de couleur de peau noire par un enracinement dans une histoire et une culture spécifique, et de façon ethnique au sens actuel du terme (approche socio-culturelle et socio-historique d'une communauté) comme le sont les citoyens qui ont une origine italienne ou irlandaise, et non plus par leur seule couleur de peau[7].
Selon le Bureau du recensement des États-Unis, les termes « Noir Américain » et « Afro-Américain » sont synonymes et désignent « une personne ayant des origines dans n'importe quel groupe racial noir d'Afrique »[11].
Depuis le recensement de 2000, cette catégorie est utilisée par le Bureau du recensement des États-Unis aux côtés des termes « Black » en français : « Noir » et « Negro » (terme désuet signifiant « noir ») pour élaborer les formulaires officiels destinés à préparer des statistiques ou à accompagner des politiques de discrimination positive[12]. De plus, depuis 1960, il revient aux individus de choisir leurs catégories d'appartenance « raciales et ethniques » lors du recensement, selon le principe d'auto-identification, et non plus aux agents du Bureau du recensement des États-Unis[11],[13].
Des études montrent que la majorité des Afro-Américains n'ont pas de préférence entre les termes African American et Black American[14], bien qu'ils montrent une légère préférence pour Black American dans les contextes informels et African American dans les contextes plus formels[7].
Les premiers esclaves africains débarquent au début du XVIIe siècle dans les Treize Colonies d'Amérique du Nord. Dès cette époque, on peut observer des métissages avec les Blancs. Pendant la guerre d'indépendance américaine, des soldats noirs, qu'ils soient esclaves ou libres, ont participé au conflit dans les deux camps, loyalistes et insurgés. On estime que 5 000 Afro-américains ont combattu aux côtés des Blancs américains[15] et plusieurs d'entre eux furent affranchis[16]. En 1779, environ 10 000 Noirs ont rejoint les rangs de l’armée britannique[17].
Dès 1770, les sociétés quakers de Nouvelle-Angleterre s'interdisent toutes pratiques esclavagistes. Seuls quelques États du Nord s'engagent rapidement dans la voie de l'abolition de l'esclavage : le Vermont l'interdit dès 1777[18],[16].
En 1807, la traite des Noirs est officiellement abolie aux États-Unis. Dans les années 1820, la Female Anti-slavery Society dénonce l'esclavage. En 1863 en pleine guerre de Sécession, le président Abraham Lincoln signe la Proclamation d'émancipation déclarant libre tout esclave résidant sur le territoire de la Confédération sudiste qui n'est pas sous contrôle de l'Union. En 1865 est promulgué le 13e amendement interdisant l'esclavage après cette guerre[22].
Après la guerre sont créées la plupart des « universités historiquement noires », afin d'accueillir les étudiants afro-américains refusés sur les campus blancs[23].
Il n'y eut aucune réquisition ou confiscation, aucune plantation n'est divisée ou morcelée. Au contraire, le président Andrew Johnson fait expulser les Noirs des parcelles de terrains que certains généraux nordistes leur avaient distribués. De manière générale, la structure économique du Sud, construite sur des caractéristiques racistes, est totalement conservée. Le système des métayers, forme d'exploitation souvent proche de l'esclavage, est créé pour les Noirs[24].
Après 1865, un grand nombre d'anciens esclaves se retrouvent sans travail et de nombreux planteurs font faillite. Commence alors un exode massif des Afro-Américains vers les villes industrielles du nord du pays. La guerre de Sécession laissa des rancœurs dans les États du Sud : après la fin de l'occupation militaire est mise en place la ségrégation par peur du métissage et par la psychose du viol des femmes blanches par les hommes africains[25]. Les lois Jim Crow instaurent le développement séparé mais égal, c'est-à-dire la ségrégation dans les lieux publics.
Les États du Sud avaient profité également de la période pour voter des Codes noirs restreignant fortement les droits des Afro-Américains nouvellement affranchis. Ils adoptent une série de lois interdisant la possession d'armes par les Noirs, le droit de réunion après le crépuscule, et « l'oisiveté ». Au Mississippi, la loi leur interdit également de posséder de la terre. En Caroline du Sud, elle leur interdit l'exercice de toutes professions « artistiques, commerciales ou industrielles », leur permettant seulement de devenir domestiques ou valets de ferme. Plusieurs États (ainsi qu'au Nord, comme New York) leur interdisent le droit de vote sous divers prétextes (suffrage censitaire, interdiction de vote pour les analphabètes, etc.)[24].
Les Noirs sont également victimes de violences, de lynchages et de la haine du Ku Klux Klan. La Louisiane tout entière est parcourue de bandes armées qui fouettent, battent ou tuent des Noirs impunément. Au début des années 1870, ces ligues atteignent 25 000 membres. Selon le général Philip Sheridan, gouverneur militaire de la région, plus de 3 500 Noirs sont massacrés dans les 10 ans qui suivent la guerre[24].
Durant la première moitié du XXe siècle, plusieurs millions d’Afro-Américains quittent le sud des États-Unis pour rejoindre le nord, le Midwest et l’ouest du pays, dans un mouvement connu sous le nom de Grande migration (1916-1930)[26]. Ils espèrent échapper à la ségrégation et aux violences dont ils sont toujours victimes dans le Sud, accéder au droit de vote ainsi qu’à de meilleures conditions de vie. Le dynamisme industriel du Nord, les besoins en main d’œuvre consécutifs à l’intensification de la production militaire durant la Première Guerre mondiale offrent les conditions de cette vague migratoire.
De 1910 à 1930, la population noire des seules villes de Chicago, New York et Philadelphie passe de 226 000 à 902 000 individus[27]. La concentration des Noirs dans les grandes villes du Nord conduit à la formation de quartiers à forte majorité afro-américaine comme le South Side de Chicago ou Harlem et le Bronx à New York.
Au niveau politique, les premiers membres noirs du Congrès des États-Unis ont été élus sous l'étiquette Républicaine en , soit trois ans après l'abolition de l'esclavage. Il a fallu attendre 1934 pour que le parti démocrate présente ses premiers candidats noirs.
De 1936 à 1966, au moins 2 800 Noirs sont assassinés dans des lynchages[24]. L’État de Caroline du Nord a instauré entre 1929 et 1974 un programme de stérilisation forcée visant les Noirs. Quelque 7 600 personnes, y compris des enfants, en ont été victimes[28].
Pendant la Grande Dépression des années 1930, les Afro-Américains sont particulièrement touchés par le chômage et la pauvreté. Si le New Deal lancé par le président Franklin Delano Roosevelt ne prévoyait aucune disposition particulière à leur égard, les Noirs américains profitèrent des différents programmes et des aides fédérales[29] : ils bénéficièrent par exemple d'un tiers des aides au logement[30]. C'est à partir de cette époque qu'ils changent leur appartenance politique, se tournant davantage vers le parti de Roosevelt, le parti démocrate[30].
La situation des Afro-Américains s'améliore lentement : leur intégration sociale progresse grâce à l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale (700 000 Noirs dans l'Armée en 1944[31]). Le conflit contre les forces de l'Axe a plutôt tendance à souder la nation[32], même si des émeutes raciales éclatent en 1943. Roosevelt prend des mesures pour limiter les discriminations dans l'administration fédérale (Executive Order 8802[31]). En 1942, le Congress of Racial Equality est fondé pour lutter contre la discrimination dans les bâtiments publics du Nord du pays[31].
La Grande migration commencée dans l'Entre-deux-guerres se poursuit : plusieurs milliers de Noirs quittent le Sud pour travailler dans les métropolescaliforniennes. En menaçant en 1941 d'organiser une grande marche de protestation sur la capitale, des dirigeants syndicaux dont Asa Philip Randolph obtiennent du gouvernement un début de déségrégation dans les usines du Nord.
Les années 1960 sont marquées par la figure de Martin Luther King (1929-1968) qui organisa et dirigea des marches pour le droit de vote, l'emploi des minorités, et d'autres droits civiques élémentaires pour les Afro-américains. Il est surtout connu pour son discours « I have a dream » (J'ai un rêve), prononcé le devant le Lincoln Memorial à Washington durant la marche pour l'emploi et la liberté. Il rencontre John F. Kennedy qui lui apporte son soutien pour la lutte contre la discrimination raciale. Martin Luther King et le mouvement des droits civiques ne sont pourtant pas appréciés de l'opinion publique et la marche est rejetée par les deux tiers des Américains. D'après les sondages effectués par The New York Times en 1964, les New-Yorkais voient en Martin Luther King un « extrémiste » et jugent « excessives » les revendications de droits civiques[35].
En 1963, 59 % des personnes blanches se déclarent favorables à l’interdiction des mariages interraciaux, 55 % refusent de vivre à côté de personnes noires, et 90 % s'opposent à ce que leur fille sorte avec l’une d’elles. En 1966, les électeurs de Californie obtiennent par référendum l’annulation de dispositions favorables à la mixité raciale du logement[36].
La déségrégation prend une tournure violente avec de nombreux assassinats, des émeutes dans certaines villes et dans les ghettos : entre 1965 et 1968, les violences font 250 morts et 8 000 blessés dans tout le pays. En 1968, un rapport de la commission Kerner s'intéresse aux causes de ces violences et représente le point de départ de la politique de discrimination positive.
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Le Black Panther Party (BPP) est fondé en 1966. Dès 1967, le FBI réoriente le programme COINTELPRO en direction des mouvements noirs et notamment les Blacks Panthers. Dans une note interne, le FBI définit son objectif comme étant de « démasquer, briser, fourvoyer, discréditer, ou au moins neutraliser les activités des organisations nationalistes noires qui prêchent la haine ». Outre les méthodes de répression classiques (filatures, écoutes téléphoniques, lettres anonymes, agents doubles, etc.), le FBI se livre à la propagation de fausses nouvelles et réalise des assassinats. Pour la seule année 1970, trente-huit militants sont tués lors de raids organisés contre les bureaux du BPP. Le 4 décembre 1969, le leader des Panthères de Chicago, Fred Hampton, est exécuté dans son lit par un agent du FBI infiltré[37].
En 1973, Bobby Seale se présente pour le BPP à la mairie d'Oakland (Californie), se concentrant sur les services sociaux et la politisation de la communauté noire. Il obtient 19,26 % des voix et est qualifié pour le second tour, où il échoue cependant[38].
L’acquittement d’un policier filmé en train de matraquer un automobiliste noir déclenche les émeutes de 1992 à Los Angeles, qui aboutissent à une cinquantaine de morts et 10 000 arrestations[36].
Les Noirs sont 2,8 fois plus concernés par le risque d'être tués par la police que les Blancs alors qu'il leur arrive plus souvent de n'être pas armés au moment de l'interpellation[39]. Le mouvement Black Lives Matter se forme en 2013 pour protester contre les violences et les discriminations de la part des forces de l'ordre dont les Noirs sont victimes. La justice a également tendance à être plus sévère avec les Afro-américains[40].
Le premier à utiliser l'expression Affirmative action est le président américain John Fitzgerald Kennedy[42] ; elle fut ensuite reprise par son successeur à la Maison-Blanche, Lyndon B. Johnson. Leur idée était que, malgré les lois en faveur de l'égalité, les Noirs resteraient en retard par rapport au reste de la population américaine. Le but était de faire en sorte que les Noirs soient davantage représentés dans les emplois qualifiés, les universités, les médias, etc. Dès les années 1960, des emplois préférentiels sont mis en place. Mais il ne s'agit en aucun cas d'une politique de quotas : en 2003, la Cour Suprême a condamné le principe des quotas comme étant contraire à l'égalité devant la loi et à la libre concurrence[43]. Les résultats sont jugés convaincants aux États-Unis : en 1960, 13 % des Afro-Américains appartenaient aux classes moyennes, ils sont 66 % en 2000[44]. Le nombre de Noirs appartenant à la classe moyenne a été multiplié par quatre et le nombre de Noirs pauvres a diminué de moitié[45]. Les disparités ethniques sont d'ailleurs beaucoup plus fortes en Amérique latine qui a pourtant une réputation de métissage.
Représentation politique
Les premiers élus noirs apparaissent pendant la période dite de la Reconstruction, juste après la guerre de Sécession, avec entre autres deux élus afro-américains au Sénat des États-Unis : Hiram Rhodes Revels et Blanche Bruce, tous deux élus du Mississippi. Mais la reprise en main des États sudistes par les démocrates conservateurs (les redeemers), le compromis de 1877 et la fin de l'occupation militaire, les violences, les intimidations pour dissuader les Noirs de voter et les fraudes électorales marquent la fin de cette période. L'instauration des lois Jim Crow met fin à toute représentation politique des Noirs du Sud pendant près de trois-quarts de siècle : aucun Noir ne siège au Congrès pour un État du Deep South de 1897 (fin du mandat de George Washington Murray) à 1973 (début du mandat d'Andrew Young) et pour un État du Sud en général de 1901 (fin du mandat de George Henry White(en)) à 1971 (début du mandat de Parren Mitchell). Durant cette période, des Noirs sont cependant élus par des État du Nord, du Midwest et de l'Ouest[46].
Nadia Mohamed devient mairesse élue de Saint Louis Park dans le Minnesota. Cette élection fait d'elle la première maire noire de la ville en 170 ans, la première maire américaine d'origine somalienne du Minnesota, la première maire musulmane de la ville et la deuxième maire somalienne connue de l'histoire des États-Unis[47].
Alexander Twilight(en), premier Afro-Américain à siéger dans une législature d'État (1836-1857).
Francis Lewis Cardozo(en), premier Afro-Américain secrétaire (1868-1872) et trésorier d'un État (1872-1877).
Oscar Dunn(en), premier Afro-Américain lieutenant-gouverneur d'un État (1868-1871).
Population afro-américaine lors du recensement[60],[61],[1]
Année
Seulement afro-américains
Métis afro-américains
Esclavage
Nombre
% de la population
Nombre
% de la population
Esclaves
Libres
Nombre
%
Nombre
%
1790
757 208
19,3
697 681
92,1
59 727
7,9
1800
1 002 037
18,9
893 602
89,2
108 435
10,8
1810
1 377 808
19,0
1 191 362
86,5
186 446
13,5
1820
1 771 656
18,4
1 538 022
86,8
233 634
13,2
1830
2 328 642
18,1
2 009 043
86,3
319 599
13,7
1840
2 873 648
16,8
2 487 355
86,6
386 293
13,4
1850
3 638 808
15,7
3 204 313
88,1
434 495
11,9
1860
4 441 830
14,1
3 953 760
89,0
488 070
11,0
1870
4 880 009
12,7
1880
6 580 793
13,1
1890
7 488 788
11,9
1900
8 833 994
11,6
1910
9 827 763
10,7
1920
10 463 131
9,9
1930
11 891 143
9,7
1940
12 865 518
9,8
1950
15 042 286
10,0
1960
18 871 831
10,5
1970
22 580 289
11,1
1980
26 495 025
11,7
1990
29 986 060
12,1
2000
34 658 190
12,3
1 761 244
0,6
2010
38 929 319
12,6
3 091 424
1,0
2020
46 936 733
12,4
5 832 533
1,8
Le recensement de la population n'est pas obligatoire aux États-Unis[62]. La mention de la « race » est basée, depuis 1960, sur le principe de l'auto-identification[13]. D'ailleurs, la « race » n'est indiquée sur aucun document d'identité (permis de conduire, carte de sécurité sociale ou passeport). Il est également possible de choisir plusieurs « race » pour représenter son métissage depuis le recensement 2000[63].
Ceux dont les ancêtres ont été amenés en qualité d’esclaves d’Afrique aux Caraïbes ou en Amérique latine, mais qui sont venus aux États-Unis en personnes libres, se classent eux-mêmes dans la catégorie Afro-américains ou dans une autre catégorie qui peut être latino-américain, haïtiano-américain ou caribéen-américain.
Selon l'estimation officielle de 2005, environ 39,9 millions d'Afro-Américains vivent aux États-Unis soit 12,9 % de la population totale. 54,8 % résident dans les États du Sud, 17,6 % dans le Nord-Est, 18,7 % dans le Midwest et seulement 8,9 % dans les États de l'Ouest. 88 % vivent dans des aires urbaines. Avec plus de trois millions de résidents noirs, New York a la plus importante population noire urbaine des États-Unis. Parmi les villes de plus de 100 000 habitants, Gary dans l'Indiana a le plus fort pourcentage d'habitants noirs (84 %), suivi de peu par Détroit dans le Michigan (82 %). La Nouvelle-Orléans en Louisiane (67 %), Baltimore dans le Maryland (64 %), Atlanta en Géorgie (61 %) et Washington (60 %) sont aussi des centres importants de population noire.
Évolution de la part des Afro-Américains au sein de la population par État[60],[61]
Selon le Pew Research Center, les Afro-Américains font preuve d'une plus forte religiosité que l'ensemble de la population, bien que celle-ci tende à diminuer, suivant la tendance générale aux États-Unis. Ainsi, la part d'entre eux à croire en Dieu passe de 97 % en 2007 à 93 % en 2014, contre 91 % en 2007 et 88 % en 2014 pour l'ensemble de la population[64]). La part d'entre eux à considérer que la religion est « très importante » dans leur vie, bien que plus forte que la moyenne (75 %[3] contre 53 % en 2014[65]), tend elle aussi à diminuer (79 % pour les Afro-Américains[3] et 56 % pour l'ensemble de la population[65]). Enfin, tout en étant proportionnellement plus nombreux à assister au moins une fois par semaine à un service religieux et à prier quotidiennement (respectivement 47 % et 75 %[3] contre 36 %[66] et 55 % pour l’ensemble de la population[67]). De plus 75 % d'entre eux déclarent prier quotidiennement[3], ces pratiques tendent elles aussi à diminuer puisque 53 % déclaraient assister au moins une fois par semaine à un service religieux en 2007 et 76 % affirmaient prier au moins une fois par jour[3].
Métissage avec les populations européennes et amérindiennes
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Des études génétiques montrent que la population afro-américaine présente en moyenne de 73,2 % à 82,1 % d'ascendance africaine subsaharienne, de 16,7 % à 24 % d'ascendance européenne[pas clair] et de 0,8 à 1,2 % d’ascendance amérindienne, avec de larges variations d'un individu à un autre[68],[69],[70].
Inégalités sociales
Le patrimoine de la majorité des familles afro-américaines est inférieur à 20 000 dollars. Par conséquent, elles résident généralement dans des quartiers pauvres et sont contraintes de scolariser leurs enfants dans des écoles médiocres, celles-ci étant essentiellement financées par les taxes foncières[71].
Santé
Les Afro-américains sont plus exposés à la précarité et des millions d'entre eux ne disposent pas d'assurance maladie. Ils sont plus touchés que la moyenne de la population par des maladies, comme le diabète (115 millions d’Américains souffrent de diabète ou de prédiabète). Lors de l'épidémie de Covid-19 en 2020, ils représentent une forte proportion des décès, notamment parce que les travailleurs noirs sont beaucoup moins susceptibles de pouvoir travailler à domicile, exerçant souvent des emplois du secteur des services[72].
Culture
La culture afro-américaine[73] commence à s'exprimer librement à Paris dans l'Entre-deux-guerres[74]. En effet, durant cette période, la capitale française connait un intérêt particulier pour les arts africains. On peut voir au musée de l'Homme des expositions autour des objets et des masques notamment. Paul Morand choisit pour l'illustration de son roman Magie noire[75],[76], une illustration d'Aaron Douglas représentant Joséphine Baker bondissant comme sur l'illustration de Paul Colin[77],[78]. Ce dernier exprime dans sa version de Joséphine Baker, des formes géométriques que l'on reconnait dans les statues africaines. Jules Pascin exprime également cet attrait parisien à la culture africaine et afro-américaine, dans Jazz Band en 1927 qui illustre des décors africains et non véritablement américains. Paris voit également s'ouvrir le premier Congrès panafricain en 1919. Enfin, Paris voit durant la Guerre arriver les groupes de jazz avec les troupes américaines[79], comme Harlem Hellfighters[80]. Ils s'installent alors dans le quartier de Montmartre qui depuis la fin du XIXe siècle voit une population internationale et américaine arriver[81], attirée par les salaires et les nuits plus libres que celles américaines limitées par la prohibition. Montmartre devient alors « Black Montmartre » voyant se rencontrer les artistes et intellectuels africains, antillais ou afro-américains.
La culture afro-américaine trouve alors un terrain propice pour les artistes Afro-Américains[82], qui sont pour certains arrivés dès la Première Guerre mondiale et pour d'autres qui ont fui les lois de la ségrégation raciale. Leur production est empreinte de l'observation de l'art africain qu'il redécouvrent à Paris dans l'entre-deux-guerres. Paris est vu comme le lien entre leur histoire africaine, un retour aux origines et leur héritage américain, puisqu'à Paris, ils sont pleinement américains[83].
La production parisienne de ces artistes est alors empreinte de cette recherche et de cet encouragement de la part des intellectuels de la Renaissance de Harlem notamment. Néanmoins, on peut également trouver des artistes qui n'iront pas dans cette recherche des racines, mais plutôt vers une étude des grands courants artistiques français tel que Lois Mailou Jones[84] et ses scènes champêtres. Son œuvre Jeanne, Martiniquais de 1938 montre son attachement au travail de Camille Pissarro ainsi qu'aux premiers travaux de Henri Matisse[85].
Paris joue alors un rôle de construction identitaire pour les artistes afro-américains mais ils vont se détacher de cette étape parisienne en voulant suivre le mouvement de l'art américain qui à ce moment était en quête d'une identité artistique propre face à l'Europe et à son modèle. Aux États-Unis, les mouvements du New Negro et de la Renaissance de Harlem vont jouer un rôle important dans l'élaboration d'un art afro-américain. Ainsi, Langston Hughes publie en 1926 dans The Nation, « The Negro Artist and the Racial Mountain »[86] où il encourage l'indépendance de l'artiste afro-américain. Ces artistes ouvrent ainsi la voie à tout ce que les artistes africains-américains élaborent dans les années soixante.
La musique afro-américaine est de fait issue du croisement d'un ensemble de cultures, mélange des influences africaines, européennes et américaines. Le jazz est une musique afro-américaine, tout comme d'autres musiques d'Amérique latine, notamment celles de Cuba et du Brésil, où les descendants des esclaves déportés d'Afrique ont inventé des folklores originaux, des pas de danse et des mélodies populaires.
Elizabeth Greenfield, The Black Swann, première cantatrice classique afro-américaine.
Francis Johnson, premier compositeur afro-américain à être publié en 1817[87].
Todd Duncan, premier Afro-Américain à chanter pour un grand opéra américain en 1945[87].
Billie Holiday, considérée comme l'une des plus influentes chanteuses de jazz.
Louis Armstrong, considéré comme l'un des musiciens de jazz les plus influents[88].
Michael Jackson, surnommé le « roi de la pop », premier vendeur de disques au monde avec environ 1 milliard de disques vendus (carrière solo + Jackson Five), album le plus vendu au monde avec Thriller (environ 100 millions de copies), premier artiste Afro-Américain à passer sur la chaîne MTV, premier artiste Afro-Américain le plus récompensé de l'histoire de la musique, élu artiste du millénaire en 2000[90].
Phillis Wheatley est considérée comme la première poétesse afro-américaine des États-Unis. En 1770, elle écrivit un hommage poétique au calviniste George Whitefield, qui obtint une large audience à Boston, où elle vivait.
Dorothy Lavinia Brown, également connue en tant que Dr D, était une chirurgienne, politicienne et professeure, première femme afro-américaine chirurgien des États du Sud des États-Unis et première Afro-Américaine élue au Parlement du Tennessee.
Anna J. Cooper, écrivaine, enseignante, éducatrice et l'une des plus éminentes érudites afro-américaines. Quatrième femme afro-américaine à obtenir un doctorat.
Richard Wright, l'auteur de Black Boy (1944) : un jeune garçon noir qui veut devenir écrivain dans les années 1930, son histoire.
Ernest J. Gaines, auteur de romans décrivant la vie des Afro-Américains des années 1940, il écrit entre autres Dites-leur que je suis un homme (A lesson before Dying).
Pendant le New Deal, le gouvernement fédéral cherche à reconstituer la mémoire collective des esclaves noirs dans le cadre de la WPA (Writers’ Project Administration).
Will Smith, seul acteur à avoir tourné dans douze films classés premiers au box-office américain dès leur premier week-end de diffusion[94].
Plusieurs cérémonies récompensent de façon spécifique les accomplissements au cinéma d'Afro-Américains (NAACP Image Awards depuis 1967, Black Reel Awards depuis 2000…)
Films
De nombreux films au cinéma racontent la vie afro-américaine dont parmi les plus emblématiques :
Carmen Jones (1954) d'Otto Preminger, adapté de l'opéra de Georges Bizet avec Dorothy Dandridge, nommée aux Oscars. Le film été sélectionné en 1992 dans le cadre de la National Film Registry.
Du silence et des ombres (1962) (To Kill A Mockingbird), adaptation du célèbre roman d'Harper Lee. Ce film a remporté trois Oscars et a été qualifié de « culturellement important » par la Bibliothèque du Congrès en 1995, où la copie principale est maintenant conservée.
Les Fantômes du passé (1996) (Ghosts of Mississippi) de Rob Reiner, qui raconte l'histoire vraie du procureur Bobby DeLaughter, décidé à faire condamner un membre raciste du KKK coupable de l'assassinat de l'activiste Medgar Evers.
La Couleur des sentiments (The Help) (2011) de Tate Taylor, l'histoire de plusieurs femmes de ménage afro-américaines dans les années 1960 dans le Mississippi, qui vont oser écrire un livre qui remet en cause leur statut social.
Django Unchained (2012) de Quentin Tarantino qui narre l'histoire d'un esclave affranchi dans les plantations du sud des États-Unis.
Twelve Years a Slave (2013) de Steve McQueen retrace l'histoire d'un Afro-Américain libre devenu esclave durant 12 années à la suite d'un piège.
Jouer star des Celtics de Boston, Bill Russell est en 1966 le premier Afro-Américain à devenir entraîneur d'une équipe sportive professionnelle nord-américaine (tout en restant joueur). En 2021, trois de quatre franchises qualifiées pour les finales de conférence NBA sont dirigées par des entraîneurs noirs[104].
Intellectuels militants du XXIe siècle
Cornel West, activiste, commentateur, et professeur à l'université de Princeton;
Thomas Sowell, économiste, écrivain et chroniqueur politique américain.
↑ ab et c(en) John Baugh, Out of the Mouths of Slaves: African American Language and Educational Malpractice, University of Texas Press, (ISBN9780292708730, lire en ligne), p. 86-88
↑Valérie de Graffenried, « Le "n-word", ce tabou américain », Le Temps, (lire en ligne)
↑(en) Jennifer Schessler, « The earlier use of "African American" recently found », International New York Times, (lire en ligne).
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