L'appellation étant régionale, elle porte simplement le nom de la région, dont la signification donne lieu à plusieurs théories étymologiques.
En alsacien, « Alsace » se dit Elsass anciennement écrit Elsaß :
El- vient de l'alémaniqueEll qui signifie l'Ill, la principale rivière alsacienne qui traverse la région du sud au nord. La rivière prend sa source dans le Jura alsacien et se jette aujourd'hui dans le Rhin en aval de Strasbourg.
Saß vient du verbe sitzen (se trouver, être assis).
Littéralement, Elsass signifierait donc « le lieu où se trouve l'Ill » soit le « Pays de l'Ill »[11].
Généralement, le haut des pentes des collines sous-vosgiennes est constitué des roches anciennes, plutoniques et métamorphiques tels que du granite, du gneiss ou de l'ardoise. Les parcelles de vignes y sont très pentues, montant jusqu'à 478 mètres d'altitude (à Osenbach).
Le bas des coteaux est formé des couches de calcaires ou de marne recouvertes par du lœss, où le relief est moins accentué[13].
Enfin, la plaine est composée d'une épaisse couche d'alluvions déposées par le Rhin (limon et graviers), c'est une zone beaucoup plus fertile que les deux premières, avec une importante nappe phréatique à moins de cinq mètres de profondeur[14].
Climatologie
À l'ouest, les Vosges protègent du vent et de la pluie la région de production des vins d'Alsace. Les vents d'ouest dominants perdent leur humidité sur le versant occidental des Vosges et parviennent sous forme de foehn, secs et chauds, dans la plaine d'Alsace. La quantité moyenne de précipitations est la plus faible de tous les vignobles français.
De ce fait, le climat est plus tempéré (avec une température annuelle moyenne plus haute de 1,5 °C) que ce qui serait attendu à cette latitude. Le climat est continental et sec avec des printemps chauds, des étés secs et ensoleillés, de longs automnes et des hivers froids.
La station météo de l'aéroport de Strasbourg Entzheim (150 mètres) se trouve à l'extrémité nord de l'aire d'appellation, mais au bord du Rhin. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :
La station météo de la base de Colmar-Meyenheim (207 mètres) se trouve au milieu de l'aire d'appellation, mais en plaine. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :
La station météo de l'aéroport Bâle-Mulhouse (267 mètres) se trouve à l'extrémité sud de l'aire d'appellation, encore une fois en plaine. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :
Les 13 cépages cultivés en Alsace sont principalement ceux communs à toute la vallée du Rhin, avec le riesling B[4], le gewurztraminer Rs et le sylvaner B (ou Silvaner). S'y rajoutent :
Sont qualifiés de cépages nobles, le riesling, le gewurztraminer, le pinot gris et le muscat. Ils sont seuls à pouvoir bénéficier, le cas échéant, de l'appellation vendanges tardives.
Dénominations de cépages
Les alsaces avec la mention d'un cépage comme dénomination sur l'étiquette sont faits théoriquement à 100 % de ce cépage (ces vins sont alors appelés mono-cépages). Il s'agit des « dénominations de cépage », considérées par l'INAO comme des produits sauf le klevener de Heiligenstein qui a le statut de dénomination géographique :
le gentil est un assemblage de vins blancs d'Alsace. Il doit obligatoirement contenir 50 % minimum de cépages nobles ;
l'edelzwicker est un assemblage de cépages d'entrée de gamme avec éventuellement des cépages nobles.
Dénominations géographiques
Après une procédure de demande de modification du cahier des charges de l'appellation alsace lancée le , comprenant notamment la demande de reconnaissance de plusieurs dénominations géographiques[18], le nouveau cahier des charges d'octobre 2011 autorise la mention de onze dénominations géographiques[5] :
La limite de rendement de l'appellation était de cent hectolitres par hectare en 1945, tous cépages confondus, auquel se rajoute à partir de 1974 un plafond limite de classement (PLC, volume de réserve fixé annuellement par l'INAO) de +20 % (soit un rendement plafond de 120 hectolitres par hectare)[7].
Depuis les années 1990, le rendement annuel à l'hectare autorisé dans l'appellation est passé à 80 hectolitres par hectare, avec un plafond de +10 % (soit un rendement plafond de 88 hectolitres par hectare), avec des rendements butoirs par cépage (par exemple 75 hectolitres par hectare pour le pinot noir depuis 1999)[12].
En 2009, les rendements autorisés dans l'appellation étaient de 80 hectolitres par hectare pour les blancs, 75 pour les rosés et 60 pour les rouges, sans plafond limite de classement[21].
Le rendement réellement pratiqué en 2009 est en moyenne de 74,1 hectolitres par hectare[22].
Ce rendement est supérieur à ceux pratiqués dans les autres vignobles français, où la moyenne pour l'ensemble des AOC est d'environ 50 hectolitres par hectare en 2009[23].
Vins
Vendanges
Le début des vendanges est régi par la publication préfectorale du ban des vendanges. Les premières parcelles récoltées sont celles destinées à donner le raisin pour le crémant d'Alsace. En effet, ils nécessite une acidité importante gage de fraîcheur pour le futur vin.
En raison d'accès difficile en terrain pentu pour la machine à vendanger mais aussi pour des raisons qualitatives, la majorité du vignoble est vendangé manuellement[24].
À l'arrivée au chai, le raisin est foulé et pressé pour séparer le moût du marc de raisin. Les pressoirs pneumatiques remplacent progressivement les pressoirs horizontaux à plateau. Le moût est mis en cuve en stabulation pour le dépôt des bourbes. Le soutirage du jus clair est le débourbage. Les bourbes peuvent être filtrées pour donner aussi un bon vin.
La fermentation alcoolique débute sous l'action de levures indigènes ou de levures sélectionnées introduites lors du levurage. Cette opération transforme le sucre du raisin en éthanol. La maîtrise de la température de fermentation par un système de réfrigération permet d'exprimer le potentiel aromatique du produit.
La fermentation achevée, le vin est soutiré afin d'éliminer les lies. La fermentation malolactique n'est généralement pas réalisée, bloquée par un sulfitage du vin. Ce dernier peut être stocké en cuve pour le préparer à l'embouteillage ou élevé en barrique ou foudres de bois de chêne.
Le vin est soutiré, filtré et stabilisé avant le conditionnement exclusivement en bouteilles[25],[26].
La coloration du moût nécessite une macération du grain de raisin dans le jus ; en effet, le pinot noir N est un cépage rouge à jus blanc. Seule la pellicule comporte les anthocyanes colorantes.
Dans le cas du vin rosé, la macération ne dure que quelques heures. Elle est interrompue dès que la couleur désirée est atteinte. La suite de la vinification se fait de la même manière que pour la vinification en blanc[27].
Dans le cas du vin rouge, la macération dure le temps de la fermentation alcoolique. Outre la couleur, elle permet de solubiliser les tanins. Le pressurage intervient à ce moment-là pour séparer le vin du marc de raisin[27]. Le vin subit alors la fermentation malolactique. Elle transforme l'acide malique à deux groupes carboxyle, en acide lactique qui n'en comporte qu'un. L'opération conduit à une désacidification naturelle du vin ; elle arrondit le vin, le rend plus souple et moins âpre.
Titres alcoométriques
Les raisins vendangés doivent avoir les titres alcoométriques naturels minimaux suivants :
Quant à la question du potentiel de vieillissement de ces vins, une seule petite anecdote :
le dimanche , lors du banquet des félibres provençaux qui recevaient, à Saint-Rémy-de-Provence, leurs collègues, Frédéric Mistral et Victor Balaguer eurent la surprise de se voir offrir, sous forme de toast, par le baron Brisse, une bouteille de vin d’Alsace de la récolte de 1472, qui lui avait été donnée par le directeur des Hospices de Strasbourg.
Économie
L'appellation alsace représente 74 % de la production viticole totale de la région en 2010 (21 % pour l'appellation crémant d'Alsace et 4 % pour l'appellation alsace grand cru)[28].
Les vins d'Alsace doivent être mis en bouteille uniquement dans des flûtes, bouteilles du type « à vin du Rhin » de 75 centilitres, règlementées par des décrets[29].
Quelques vins ont droit en plus à la flûte de 100 centilitres, notamment les vins sans indication de cépage.
Structure des exploitations
En 2005, il y avait 5 029 opérateurs sur l'appellation, dont 4 937 viticulteurs et 1 022 vinificateurs (930 caves particulières, 19 coopératives et 73 négociants)[12].
↑Décret du 3 octobre 1962 concernant l'appellation contrôlée vins d'Alsace ou alsace : obligation de mentionner appellation contrôlée sur les vins d'Alsace, publié au « JORF du 7 octobre 1962 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur legifrance.gouv.fr.
↑Application jusqu'en 1945 de la loi locale du 7 avril 1909 sur les vins.
↑868 334 hectolitres divisés par 11 703 hectares. Sources : [PDF] « Le vignoble d'Alsace en quelques chiffres », sur vinsalsace.com pour la production, et le Guide Hachette des vins 2011 pour la surface.
Jacques-Louis Delpal, Les vins d'Alsace, une promenade viticole et les meilleures adresses, éditions Artémis, Chamalières, 2004, 159 pages (ISBN978-2844162502).
Claude Muller, Les vins d'Alsace, histoire d'un vignoble, éditions Coprur, Strasbourg, 1999, 192 pages (ISBN978-2842080082).
Le vignoble d'Alsace : la route des vins, Mitra productions, Illkirch, 1995, carte 90 x 34 cm au 1/180000 (BNF40658287).
Jean-Louis Stolz, Einleitung zum Elementar-Handbuch des elsässischen Ackerbauers, Strassburg, 1863, 8 pages in-octavo (BNF31410323).
Jean-Louis Stolz, Ampélographie rhénane, ou Description caractéristique, historique, synonymique, agronomique et économique des cépages les plus estimés et les plus cultivés dans la vallée du Rhin, depuis Bâle jusqu'à Coblence et dans plusieurs contrées viticoles de l'Allemagne méridionale, Paris, 1852, 264 pages in-quarto (BNF31410321).
Jean-Louis Stolz, Manuel élémentaire du cultivateur alsacien, Strasbourg, 1842, 479 pages in-12 (BNF31410325).