Anne Teresa De KeersmaekerAnne Teresa
De Keersmaeker Anne Teresa De Keersmaeker en 2016
Œuvres principales Anne Teresa De Keersmaeker, née le à Malines en Belgique[1], est une danseuse et chorégraphe belge flamande. Elle est une figure majeure de la danse contemporaine belge et mondiale[2],[1],[3]. Elle s'est imposée au début des années 1980 en renouvelant les liens entre danse et musique[4]. En 1983, elle crée la compagnie Rosas au sein de laquelle elle développe son langage chorégraphique propre avec plus de soixante chorégraphies à son actif à ce jour. Anne Teresa De Keersmaeker assure la direction chorégraphique du théâtre de la Monnaie à Bruxelles de 1992 à 2007. En 1995, elle fonde P.A.R.T.S., une école de danse contemporaine reconnue internationalement[2]. BiographieFamille et formationAnne Teresa De Keersmaeker passe son enfance avec ses deux sœurs à Wemmel en Belgique. Son père est fermier et sa mère professeure[5],[6]. Elle fait ses études secondaires à Bruxelles, où elle commence par faire de la musique (de la flûte traversière qu'elle pratique toujours[6]). À l'âge de dix ans, elle prend ses premiers cours de danse [5]. Elle suit ensuite des cours de ballet classique à l'École Lilian Lambert de Bruxelles[7] où elle fait la connaissance de ses futurs partenaires de création artistique Michèle Anne De Mey et son frère le musicien Thierry De Mey[7]. Pendant sa formation de 1978 à 1980 à l'École Mudra (fondée par Maurice Béjart) elle assiste entre autres aux cours du musicien et pédagogue Fernand Schirren qu'elle avait rencontré plus tôt chez Lambert[7]. Fernand Schirren constitue une personne essentielle dans son apprentissage de l'analyse musicale, de la structure, et du rythme. C'est à Mudra qu'elle fait la rencontre de Fumiyo Ikeda[1] qui sera l'une de ses interprètes les plus proches. Elle part ensuite deux ans aux États-Unis, sur une bourse de la Fondation belge de la vocation, pour étudier à la Tisch School of the Arts de l'université de New York où elle découvre la danse postmoderne américaine[8],[1]. Durant cette période américaine, elle suit les cours de l'Experimental Theater Wing et du Department of Performance Studies, et est en contact avec de nombreux mouvements artistiques new-yorkais[8]. Elle réalise sa première chorégraphie à l'âge de vingt ans, Asch, pièce pour deux danseurs. Débuts chorégraphiquesLa découverte de la musique de phase, dite musique minimaliste, de Steve Reich que lui avait fait découvrir Thierry Demey[8],[7], est décisive dans l'orientation de ses compositions chorégraphiques[9]. Ainsi, après avoir obtenu un vif succès[1] avec sa pièce Fase (1982), un duo inspirée des compositions Violin Phase (1967), Piano Phase (1967), Come Out (1966) de Steve Reich, Anne Teresa De Keersmaeker crée la Compagnie Rosas en 1983. Fase deviendra une pièce essentielle du répertoire contemporain et toujours dansée ponctuellement par De Keersmaeker vingt-cinq ans plus tard[10]. Rosas danst Rosas est créé le au théâtre de La Balsamine de Bruxelles puis est présenté la même année lors du festival d'Avignon. C'est une pièce pour quatre danseuses, en quatre mouvements, dont le titre fait référence à Gertrude Stein[11]. Les pièces Fase et Rosas danst Rosas seront fortement soutenues par Hugo De Greef, fondateur du Kaaitheater, qui la fait entrer dans le réseau de financement institutionnel et lui permet de subvenir aux productions de sa jeune compagnie par le Théâtre de la Ville à Paris, le Hebbel Theater de Berlin, le Festival d'Avignon, et la Brooklyn Academy of Music de New York qui co-produisent et programment ses créations[8]. L'ensemble de l’œuvre d'Anne Teresa De Keersmaeker est dès lors intimement liée à une utilisation presque radicale de la musique (qu'elle soit classique, contemporaine, jazz, musique du monde, folk musique) comme support premier de son discours chorégraphique[6] énergique, rigoureux, souvent épuré mais malgré tout très émotionnel[1]. Sa danse se développe ainsi sur des bases de géométries scéniques (cercles, courtes spirales, diagonales impeccables) et sonores extrêmement strictes, et en adéquation permanente. La musique est très souvent jouée en direct lors des représentations notamment par l'Ensemble Ictus avec lequel la compagnie collabore étroitement. Ces spectacles s'affrontent aux structures musicales et aux partitions de toutes les époques de la musique ancienne à la musique contemporaine Compagnie Rosas et P.A.R.T.S.Avec les succès des premiers ballets, Anne Teresa De Keersmaeker fonde la Compagnie Rosas en 1983 avec trois autres danseuses : Michèle Anne De Mey, Fumiyo Ikeda et Adriana Boriello[12]. Sa pièce Elena's Aria (1983) débute par une lettre extraite de Guerre et Paix de Léon Tolstoï, suivi d'un extrait de L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht et d'un passage de L'Idiot de Fiodor Dostoïevski : les textes lus par les danseuses ont – un temps – remplacés la musique, la lecture devenant un geste dansé[11]. En 1988, sa pièce Ottone Ottone est défendue par Gerard Mortier qui la programme à La Monnaie de Bruxelles[8]. Après ce premier contact avec l'institution bruxelloise et une période de transition due au départ de Maurice Béjart, elle est choisie par le nouveau directeur Bernard Foccroulle comme compagnie résidente La Monnaie en 1992. En 1995, De Keersmaeker crée P.A.R.T.S. (Performing Arts Research and Training Studios) en étroite collaboration avec La Monnaie, afin de théoriser et transmettre son langage chorégraphique. Elle justifie cette démarche également par la volonté de combler le vide laissé par le départ de Béjart pour Lausanne[5]. Pour cet enseignement, elle obtient la participation de Fernand Schirren, comme professeur de rythme[13]. Après des créations incorporant dans ses spectacles des aspects plus théâtraux, comme Just Before (1997) qu'elle écrit en collaboration avec sa sœur Jolente De Keersmaeker, ou des vidéos comme Erwartung (1995), Anne Teresa De Keersmaeker fait un retour à la danse pure avec la pièce Drumming en 1998 , Rain en 2001. Suivront des créations plus intimistes où Anne Teresa De Keersmaeker est seule sur scène comme pour Once (2002) sur la musique de Joan Baez, ou accompagnée de quelques danseurs comme pour Desh et Raga for the Rainy Season (2005) utilisant la musique traditionnelle indienne et le chef-d'œuvre de John Coltrane, A Love Supreme. À partir de 2001, Anne Teresa De Keersmaeker remet Rosas danst Rosas au répertoire de la compagnie dans une nouvelle version qui est depuis dansée régulièrement par treize interprètes différentes[14]. Cette approche marquera alors des variations occasionnelles des ballets de son répertoire. En 2002, Thierry De Mey réalise, pour les vingt ans de la compagnie, une version cinématographique de Fase, puis, en 2004, il réalise un film original sur les dix pièces composant l'ensemble Counter Phrases. En 2004, elle met en scène l'opéra Hanjo du japonais Toshio Hosokawa, au Festival d'Aix-en-Provence et déclare : « Il y a dans cette musique, un rapport de connivence aussi étroit entre le son et le silence qu'il y en a, pour moi, entre le mouvement et l'immobilité. J'y vois aussi une très grande économie de moyens, un désir d'austérité, de lenteur ». Ce désir d'austérité et une sècheresse apparente qui cherchent cependant « à faire jaillir la vie »[15] sont depuis le début des années 1980 les marques d'identités d'Anne Teresa De Keersmaeker. En 2008, à la suite du départ de nombreuses danseuses de la compagnie et du recrutement d'une nouvelle génération de jeunes danseurs conjugué à une absence d'inspiration musicale, elle réalise un « virage » dans son processus de création en écrivant une pièce, The Song, bâtie autour du silence et de quelques bruitages dont la structure repose autour de l'espace scénique, des lumières et du seul mouvement des corps[6]. En 2010 et 2011, elle crée un diptyque chorégraphique, jouant avec la lumière et le temps, composé des spectacles En attendant (2010) et Cesena (2011) présentés dans le cloître des Célestins lors des deux éditions du Festival d'Avignon. La même année une œuvre d'Anne Teresa De Keersmaeker est dansée par une autre compagnie que la sienne avec l'entrée au répertoire du ballet de l'Opéra de Paris de Rain grâce à la persuasion et à l'insistance de sa directrice Brigitte Lefèvre[16]. Pour la saison 2011-2012, elle est artiste-associée du Centre culturel de Belém de Lisbonne[17]. En 2015, sur une invitation de la curatrice Elena Filipovic, Anne Teresa De Keersmaeker crée l'exposition de danse Work/Travail/Arbeid au centre d'art contemporain Wiels de Bruxelles. La pièce chorégraphique, écrite pour quatorze danseurs et six musiciens, dure neuf jours : avec cette performance artistique la danse se fait œuvre d'art qui s'expose au musée [18] ; une nouvelle édition de Work/Travail/Arbeid est présentée l'année suivante au Centre Pompidou à Paris[19]. En 2017, elle chorégraphie une pièce pour cinq danseurs sur les Suites pour violoncelle seul de Bach avec Jean-Guihen Queyras. Le festival d'automne à Paris lui dédie un portrait en 2018, présentant spectacles, rencontre, performance participative[20]. En 2019, elle réalise à la demande du metteur en scène flamand Ivo van Hove une nouvelle chorégraphie pour la comédie musicale West Side Story recréée à Broadway[21] En 2020, à l'approche de ses soixante ans et en écho à Fase, elle réalise une nouvelle chorégraphie solo sur les Variations Goldberg de Bach, accompagnée par Pavel Kolesnikov au piano[22]. Le quotidien De Standaard publie en 2022 une enquête dans laquelle le comportement autoritaire d'Anne Teresa De Keersmaeker est dénoncé[23],[24]. Vie privéeAnne Teresa De Keersmaeker est mère de deux enfants[25]. Liste des chorégraphiesPour en savoir plus sur les chorégraphes d'Anne Teresa De Keersmaeker, vous pouvez consulter le site de Rosas[26]
FilmographieLa filmographie d'Anne Teresa De Keersmaeker comporte les films et documentaires originaux suivant[29],[30] :
Prix et distinctionsPrix
Distinctions
Notes et références
AnnexesBibliographie
Liens externes
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