Bernd et Hilla Becher sont un couple de photographesallemands connus pour leurs photographies frontales d'installations industrielles[1].
Bernd Becher est né le à Siegen et mort le (à 75 ans) à Rostock.
Hilla Becher, née Wobeser, est née le à Potsdam et morte le (à 81 ans) à Düsseldorf[2].
Parcours
Hilla Wobeser est née en 1934 dans une région rattachée après la Seconde Guerre mondiale à l'Allemagne de l'Est, tandis que Bernd Becher est né en 1931 dans une région rattachée à l'Allemagne de l'Ouest.
Hellen Wobeser passe à l'Ouest à 20 ans en 1954. Déjà formée à la photographie, elle intègre comme photographe professionnelle une agence publicitaire de Düsseldorf et y rencontre trois ans plus tard celui qu'elle choisit comme époux[3]. Bernd a étudié la peinture et le dessin et aborde la photographie sans formation initiale. Ils commencent à travailler ensemble en 1959[3], en photographiant des mines de charbon dont la fermeture était annoncée[4]. Ils se marient en 1961[5].
Ils entreprennent de documenter méthodiquement l'architecture des bâtiments industriels des XIXe et XXe siècles en Europe et en Amérique du Nord, avec un protocole toujours identique (vue frontale, centrage du sujet, etc.). Ce projet d’une vie, couronné par le Lion d'or de la sculpture à la Biennale de Venise en 1990, est reconnu pour son influence sur l'art conceptuel des années 1960 et 1970[6].
À partir de 1959, la démarche de Bernd et Hilla Becher consiste à établir un inventaire rigoureux et systématique du bâti industriel en photographiant des ensembles (usines, mines, hauts fourneaux, chevalements de mines…) menacés d'obsolescence et souvent à l'abandon (principalement en Allemagne[7], plus largement en Europe, mais aussi aux États-Unis), avec une dimension documentaire. Ils procèdent selon une démarche scientifique dans le sens où tous leurs clichés sont classés et archivés selon la localisation géographique (Allemagne, Belgique, États-Unis…) ou les fonctionnalités (châteaux d'eau, silos, gazomètres, hauts fourneaux…) des bâtiments photographiés.
Pour donner à leurs photos ce caractère de documentaire « objectif », elles sont toutes prises selon le même protocole immuable : une lumière neutre (ciel couvert) et chaque photo d'une même série est composée de manière identique (angle de vue et cadrage). Il faut ajouter à cela l'utilisation du noir et blanc, d'un téléobjectif pour éviter les déformations et d'une chambre Linhof 8x10, ainsi qu'une présentation spécifique des œuvres (photo sous marie-louise blanche et cadre en plastique blanc), conservées au cours des années.
Une caractéristique esthétique prédomine : les constructions photographiées apparaissent comme des formes géométriques ou tortueuses qui se répètent au long des séries. Ce phénomène de sérialité est caractéristique de la syntaxe photo-conceptuelle qu'ils mettent en pratique dans leur œuvre. Les photographies parfaitement neutres isolent ainsi l'infrastructure. On peut alors comparer les variations formelles entre les bâtiments photographiés, désignés comme des « sculptures anonymes », selon le titre de leur premier ouvrage publié en 1970.
Le travail des Becher joue un rôle dans le renforcement de l'intérêt public pour le patrimoine industriel[8].
Livres
1967 : Industriebauten 1830-1930 : Eine fotografische Dokumentation, 34 p., 22 x 19,5 cm, 103 ill., Die Neue Sammlung, Munich
1969 : Anonyme Skulpturen : Formvergleiche industrieller Bauten [Anonymous Sculptures : Form comparisons of industrial buildings], 36 p., 20 x 20 cm, 21 ill., Städtische Kunsthalle Düsseldorf, Düsseldorf • (ISBN3-92122-408-X et 978-3-92122-408-3).
1970 : Anonyme Skulpturen : Eine Typologie technischer Bauten [Anonymous Sculptures : A typology of technical buildings], 216 p., 22 x 28 cm, 194 ill., Art Press, Düsseldorf • (ISBN3-92122-408-X et 978-3-92122-408-3) | édition américaine : Wittenborn & Co., New York
↑ abc et dAnaïs Feyeux, « Hilla Becher », dans Luce Lebart et Marie Robert (dir.), Une histoire mondiale des femmes photographes, Éditions Textuel, , p. 306
↑Claire Guillot, « Mort de Hilla Becher, témoin des vestiges de l’ère industrielle », Le Monde, (lire en ligne)
↑Philippe Guillaume, « À lire entre les grilles : Bernd & Hilla Becher », Magazine Ciel variable, Montréal, QC, Canada, , p. 65-66 (lire en ligne, consulté le )
↑Le Moniteur, « Des photos et des friches », [[Le Moniteur|Le Moniteur]], no 5840, , p. 13
Claire Lejeune, Typologies anciennes : Bernd & Hilla Becher (catalogue d'exposition, Musée des arts contemporains de la communauté française de Belgique, Hornu), Bruxelles, La Lettre volée, coll. « Memento » (no 4), , 118 p.
« La photographie conceptuelle », dans L'Art moderne et contemporain, Larousse, , p. 244.
(en) Susanne Lange (trad. Anne Heritage), Industrial Landscapes / Bernd & Hilla Becher, Cambridge (Mass.), Londres, The MIT press, , 11-180 p.