Cabinet ScholzCabinet Scholz
(de) Kabinett Scholz République fédérale d'Allemagne Le chancelier fédéral Olaf Scholz tenant le contrat de coalition.
Le cabinet Scholz (en allemand : Kabinett Scholz) est le gouvernement fédéral de la République fédérale d'Allemagne depuis le , sous la 20e législature du Bundestag. Il est dirigé par le social-démocrate Olaf Scholz et formé après les élections fédérales du 8 décembre 2021. Il se compose initialement de 16 ministres fédéraux, dont un porte le titre de vice-chancelier. Lors d'un remaniement opéré en , il passe à 14 ministres. Il est initialement constitué d'une coalition « en feu tricolore » entre le Parti social-démocrate, Les Verts et le Parti libéral-démocrate. Celle-ci est rompue en avec le départ du Parti libéral-démocrate, provoquant la mise en minorité de l'exécutif. Il succède au quatrième cabinet de la chrétienne-démocrate Angela Merkel. Historique du mandatCe gouvernement est dirigé par le nouveau chancelier fédéral social-démocrate Olaf Scholz, précédemment vice-chancelier et ministre fédéral des Finances. Il est constitué et soutenu par une « coalition en feu tricolore » entre le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), l'Alliance 90/Les Verts (Grünen) et le Parti libéral-démocrate (FDP). Ensemble, ils disposent de 416 députés sur 736, soit 56,5 % des sièges du Bundestag. Il est formé à la suite des élections fédérales du 26 septembre 2021. Il succède donc au quatrième cabinet de la chrétienne-démocrate Angela Merkel, au pouvoir depuis , constitué et soutenu par une « grande coalition » entre les Unions chrétiennes (CDU/CSU) et le Parti social-démocrate. FormationAu cours du scrutin, le Parti social-démocrate progresse et devance les Unions chrétiennes, qui réalisent le plus mauvais résultat de leur histoire. Les Verts et le Parti libéral sont les principaux bénéficiaires de ce scrutin, profitant du rejet de la grande coalition au pouvoir[1],[2]. Le , les écologistes font part de leur souhait d'ouvrir des discussions exploratoires avec le Parti social-démocrate dans l'optique de mettre en place une coalition « en feu tricolore », une position partagée quelques heures plus tard par le Parti libéral-démocrate[3]. Les chefs de file des trois partis en discussion annoncent le avoir conclu positivement leurs entretiens exploratoires, ce qui leur permet d'ouvrir des négociations pour établir un contrat de coalition précis et détaillé[4]. L'accord de coalition est dévoilé publiquement le [5]. Les ministres écologistes et libéraux sont désignés le par leurs partis respectifs[6],[7]. Huit jours plus tard, la date d'élection d'Olaf Scholz comme chancelier fédéral est programmée au [8]. Les sociaux-démocrates dévoilent deux jours avant l'identité des titulaires de leurs départements ministériels[9]. Avec huit femmes et neuf hommes, ce cabinet est le plus paritaire des gouvernements en début de mandat. En ne se comptant pas, Olaf Scholz obtient la parité parmi ses ministres, qu'il avait promise pendant sa campagne. L'exécutif compte 16 ministres, soit un de plus que dans le gouvernement précédent avec la réintroduction du ministère des Travaux publics, disparu depuis 1998. Deux ministres seulement sont originaires de l'ex-Allemagne de l'Est et Cem Özdemir devient le premier ministre fédéral allemand issu de l'immigration turque[10]. Programme de coalitionL'accord de coalition signé par le SPD, les Verts et le FDP s'inscrit pour l'essentiel dans la continuité avec l’ère Merkel, prévoyant une politique économique libérale, des réformes sociales modérées et une diplomatie atlantiste. Sur le plan économique, le contrat de gouvernement s'engage à augmenter le salaire minimum à 12 euros brut de l’heure et le retour à une stricte austérité budgétaire à partir de 2023 (inscrite dans la Constitution, elle avait été suspendue pendant la pandémie de Covid-19), tout en rejetant le rétablissement de l’impôt sur la fortune et les mesures destinées à modifier les lois Hartz que promettait le SPD pendant la campagne électorale. En matière de politique extérieure, le nouveau gouvernement prévoit de ratifier le traité sur l'interdiction des armes nucléaires (Tian) adopté par l’ONU, mais reconnaît par ailleurs le bien-fondé de la « participation nucléaire » de l’Allemagne au déploiement de force des États-Unis en assumant et le stockage de leurs bombes atomiques sur le sol allemand. Il est aussi question d'augmenter les dépenses militaires notamment afin d'équiper l’armée allemande de drones de combat. Sur les questions environnementales, les dernières centrales nucléaires devront fermer en 2022 et les centrales à charbon « idéalement » en 2030, remplacées par des centrales au gaz et par les énergies renouvelables[11]. Budget 2023 jugé anti-constitutionnelEn novembre 2023, la Tribunal constitutionnel fédéral juge que « le budget 2023 du gouvernement n'est pas constitutionnel ». Le jugement est perçu comme un « camouflet » « cinglant » pour le gouvernement d’Olaf Scholz[12]. Au début de la législature, celui-ci avait utilisé, par le biais d'une « manœuvre budgétaire controversée », un reliquat budgétaire de 60 milliards d’euros, destiné à l’origine à la lutte contre la pandémie du Covid-19, pour alimenter un « fonds pour la transformation et le climat »[12]. Cette manœuvre avait été dénoncée par l’opposition chrétienne-démocrate comme un « tour de passe-passe budgétaire »[12]. Entre janvier et fin octobre 2023, 31,2 milliards d'euros ont été dépensés sans que cette somme apparaisse dans le budget, ainsi que le reproche le Tribunal constitutionnel. La décision du Tribunal constitutionnel interdit le transfert des 60 milliards d'euros dans ce fonds pour le climat et la transformation de l'économie entraînant notamment le gel des nouveaux crédits d'engagements issus du budget 2023 de tous les ministères fédéraux. Elle a également pour conséquence de plonger le gouvernement d’Olaf Scholz, déjà très divisé sur les questions budgétaires, dans une crise politique[12]. Les dépenses engagées sur la base du fonds, qui ont servi à financer des subventions massives et des plans de décarbonation, voient leur base juridique déclarée nulle[12]. Pour son budget 2024, le gouvernement n'aura finalement que trois options : augmenter les impôts, diminuer les dépenses ou lever la règle dite du « frein à l'endettement », inscrite dans la Loi fondamentale, qui limite les nouveaux emprunts à 0,35 % du PIB[13]. En plein casse-tête financier, le gouvernement est contraint de reporter l'adoption du budget 2024[14]. ManifestationsEn janvier 2024, le gouvernement d’Olaf Scholz, objet d’une « impopularité record », est confronté à une vague de contestations au sein de la Deutsche Bahn, ainsi que de la part des agriculteurs qui paralysent le pays protestant contre la hausse des prix du diesel[15]. Ces manifestations se produisent alors que le pays est menacé par la récession en raison des difficultés du secteur industriel, plombé par les coûts de l'énergie, toute mesure d'économie auxquelle est contraint le gouvernement passant mal[16]. Rupture de la coalitionLa coalition est rompue le , à la suite de la décision d'Olaf Scholz de limoger le ministre fédéral des Finances libéral Christian Lindner. Si cette décision est la conséquence d'un désaccord sur la préparation du budget 2025 de l'État fédéral, elle fait suite à de nombreuses mésententes au sein de la majorité, entre le Parti social-démocrate et Les Verts, défenseurs de l'État-providence, et le Parti libéral-démocrate, partisan de la rigueur budgétaire, des baisses d'impôts et de la politique de l'offre. À la suite de cette décision, le chancelier se maintient au pouvoir dans le cadre d'un gouvernement minoritaire et indique son intention de poser la question de confiance au Bundestag le , ce qui devrait conduire à l'organisation d'élections fédérales anticipées[17]. Le , le gouvernement est remanié afin de tenir compte du départ des libéraux : le ministre fédéral des Transports Volker Wissing annonce quitter le FDP afin de se maintenir au sein du cabinet et prend également le poste de ministre fédéral de la Justice, le conseiller spécial d'Olaf Scholz, Jörg Kukies, remplace Christian Lindner, et le ministre fédéral de l'Agriculture Cem Özdemir devient en sus ministre fédéral de l'Éducation[18]. CompositionNotes et références
Voir aussiArticles connexes
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