Caroline Eliacheff est la fille d’Anatole Eliacheff, producteur de cinéma, et de Françoise Giroud, journaliste, écrivaine et femme politique.
Elle quitte la maison familiale à 14 ans et se marie un an plus tard à l'acteur et metteur en scène Robert Hossein, avec qui elle a un fils, Nicolas[1],[2], né en 1963, devenu rabbin à Strasbourg sous le nom d'Aaron Eliacheff[3],[4]. Elle entre ensuite en union libre avec le producteur de cinéma Marin Karmitz[5] : ils sont les parents de Nathanaël Karmitz, directeur de MK2[6], et d'Elisha Karmitz. Elle a douze petits-enfants et huit arrière-petits-enfants[5].
Elle déclare en 2014 qu'elle a reçu une éducation religieuse catholique, mais qu'elle se sent juive et qu'elle étudie le Talmud[7], sans être croyante[5].
Études et activités professionnelles
Elle fait ses études de médecine à la faculté de médecine Broussais Hôtel-Dieu et soutient sa thèse de médecine en 1972[8], puis complète sa formation par un diplôme d’études spécialisées en psychiatrie infantile. Elle est psychanalyste depuis 1974.
Caroline Eliacheff est l'auteure, en 2018, d'un livre publié à l'occasion des trente ans de la mort de Françoise Dolto, dans lequel elle retrace une journée fictive de celle-ci, en 1979, tentant de la sorte de « faire exister Françoise Dolto au quotidien, dans sa vie privée, dans son enseignement clinique, dans sa manière de répondre à des enfants en grande souffrance ou à des patients angoissés […] »[10].
En 1999, elle prend position contre le Pacs[14],[15].
Elle est la cofondatrice de l'Observatoire de la petite sirène, notamment avec la psychanalyste Céline Masson. Dans un essai intitulé La Fabrique de l'enfant transgenre (2022) et dans un article[16], observant une « augmentation des cas d’enfants voulant changer de genre »[17], elles alertent sur ce qu’elles estiment être des dérives du « transgenrisme » chez les mineurs[18], un phénomène de « contagion sociale » selon elles « influencé par le discours de militants trans », qu'elles assimilent à un « embrigadement idéologique » ; cela leur vaut une accusation de « transphobie »[19],[20]. L'association Le Refuge Genève dénonce ce discours ; d'après sa coordinatrice Alexe Scappaticci, la transidentité est un sentiment stable dans le temps, qui n'est pas influencé par Internet[21].
Peu de temps après la création de l'association, elle est à l'origine de la publication le d'une lettre ouverte publiée par L'Express sur les mineurs transgenres, rassemblant d'autres personnalités tel que Élisabeth Badinter, Marie-Jo Bonnet ou Jean-François Braunstein parmi les cosignataires[22].
Invitées par la société suisse de psychanalyse à l'université de Genève pour présenter leur livre en mai 2022, Caroline Eliacheff et Céline Masson se voient empêchées de poursuivre leur intervention par une quinzaine d'étudiants militants LGBT+[24],[25],[21] indignés, qui jugent l'ouvrage transphobe. La conférence a toutefois pu se poursuivre dans un autre lieu[21].
En novembre 2022, la mairie de Paris annule, sous la pression d'activistes LGBT, un colloque au cours duquel Caroline Eliacheff et Céline Masson devaient intervenir[26].
Dans l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo en date du 28 décembre 2022, Gérard Biard commence son article intitulé « Le meilleur des mondes trans » en annonçant que « la croisade des militants trans contre Caroline Eliacheff et Céline Masson continue » à propos de leur livre La Fabrique de l’enfant-transgenre[27]. Le journaliste souligne comment « chaque débat, chaque conférence engendre une avalanche d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux, avec à la clé, trop souvent, l’annulation pure et simple »[27]. Il s'attarde particulièrement sur l'irruption de militants cagoulés le 15 décembre 2022 au Café Laïque de Bruxelles : où, selon lui, un palier s'est trouvé franchi quand en plus des agressions physiques et verbales habituelles, « des merdes de chat et de chien mélangées à de la litière » ont été balancées dans le local et sur les participants[27]. Biard rappelle alors que « balancer de la merde sur les communistes faisait partie des jeux favoris des fascistes italiens », en faisant écho à une information de L'Express du 19 décembre, où une cinquantaine d’universitaires et d’intellectuels, dans une tribune, dénonçaient cette attaque jusqu'à prononcer le mot « fascisme »[27].
Sa vision de la transidentité chez les mineurs est cependant considérée comme réactionnaire par le pédopsychiatreSerge Hefez, qui estime que « Eliacheff et Masson partent du principe qu’une démarche de transidentité chez un jeune est une démarche pathologique qu’il convient de rectifier » et voit là « une thérapie de conversion sans le dire »[5].
Publications
À corps et à cris, être psychanalyste avec les tout petits, 1993
Vies privées, de l’enfant roi à l’enfant victime, 1996
Adolescents dans la violence, préface de Pierre Kammerer, 2000
La Famille dans tous ses états, 2004
Puis-je vous appeler Sigmund ?, 2010
Comment le voile est tombé sur la crèche (Les vrais enjeux de l'affaire Baby Loup), 2013
(Coll.) Le Bébé face à l'abandon, le bébé face à l'adoption, sous la dir. de Myriam Szejer ; avec la collab. de Louise Lambrichs, Paris, Albin Michel, coll. « La Cause des bébés », nouvelle éd. 2003 (première éd. 2000)
Le Bébé et les ruptures : séparations et exclusions, avec Myriam Szejer, 2003
↑[compte rendu] Richard Godin, « «Ma vie avec la comtesse de Ségur», de Caroline Eliacheff : l’hymne aux enfants », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Ne laissons pas la critique du Pacs à la droite ! », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑Blandine Grosjean, « Le PACS et la gauche, l'histoire d'un rendez-vous manqué : Timorée et mal à l'aise, la majorité est passée à côté d'un vrai débat. », Libération, (lire en ligne, consulté le )
↑Caroline Eliacheff et Céline Masson, « L'enfant-transgenre, une mystification contemporaine ? », Les Cahiers de la Justice, vol. N° 4, no 4, , p. 555-557 (ISSN1958-3702, DOI10.3917/cdlj.2104.0555, lire en ligne, consulté le ).
↑ a et b« Transidentité : deux spécialistes de l’enfance alertent sur l’augmentation des "dysphories de genre" », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
Marie-Pierre Mansuy, « Caroline Eliacheff. Françoise Dolto, une journée particulière », Figures de la psychanalyse, 2019/1 (n° 37), p. 207-210. DOI : 10.3917/fp.037.0207. [lire en ligne]
Thierry de Rochegonde, « Daniel Soulez-Larivière, Caroline Eliacheff, Le Temps des victimes. Paris, Albin Michel, 2007 », Che vuoi, 2007/1 (N° 27), p. 251-252. DOI : 10.3917/chev.027.0251. [lire en ligne]