Exploitation forestièreL’exploitation forestière est un processus de production s’appliquant à un ensemble d’arbres en vue de leur acheminement vers un site de valorisation. L'exploitation est souvent réalisée dans le cadre de l'application d'un aménagement forestier. ProcessusIl existe 2 types de coupes dans les peuplements forestiers :
OpérationsUne récolte de bois comprend généralement les opérations suivantes (mais pas nécessairement dans l'ordre donné) :
Méthodes de récoltesLes opérations d'abattage peuvent être effectuées selon trois méthodes :
Les arbres sont abattus puis ébranchés et éhoupés sur place. La grume est alors transportée dans la zone de dépôt où elle est tronçonnée et chargée sur un camion. Cette méthode laisse les rémanents sur la zone de coupe.
Les arbres sont abattus et transportés directement en zone de dépôt où seulement ils seront ébranchés et tronçonnés. Cette méthode laisse une grande quantité de rémanents sur la zone de dépôt.
Les arbres sont abattus, ébranchés, tronçonnés et triés sur la zone de coupe, laissant les branches et le houppier dans la forêt. DébardageLe débardage consiste à prendre en charge les arbres (entiers ou sous forme de billons) depuis le lieu de coupe jusqu’à l’aire de dépôt. Dans certaines situations, il s'effectue en deux temps et on distingue alors le débusquage et la « vidange ». La première étape (débusquage) consiste à tirer le tronc jusqu'à la piste ou jusqu'au câble porteur. Cette étape n'a pas toujours lieu en Europe, mais elle est quasiment systématique en Afrique. Dans les forêts tropicales, on utilise pour la réaliser des machines du type bulldozer Caterpillar D7G. Ensuite, la vidange, consistera à amener la grume jusqu'à un lieu accessible aux camions. Le débardage est essentiellement mécanisé, mais le cheval est localement encore en service par exemple dans les Ardennes belges où l’on compte environ 350 chevaux de débardage. En Asie, l’éléphant ou les bœufs sont aussi utilisés. Toujours parmi les techniques au sol, on compte le dévaloir qui sert en montagne. Le principe consiste à mettre en place une sorte de « toboggan géant » par lequel les billons peuvent descendre. La vidange peut se faire par les airs à l’aide de câbles (téléphérage, technique utilisée en cas de forte pente ou de sols à faible portance). De manière marginale, l’hélicoptère est utilisé dans les zones de montagnes pour les bois de haute qualité mais est la méthode la moins rentable. Opérations sur aires de dépôt ou bord de route
Chemins forestiersLes chemins forestiers sont construits pour fournir un accès à la forêt pour l'exploitation forestière et d'autres opérations de gestion. Ce sont généralement des chemins en terre. Ces chemins jouent des rôles multiples dans les massifs forestiers. Ils sont un moyen de valorisation de la forêt en offrant un accès aux engins d'exploitation et aux bûcherons, pour les coupes de bois ou les éclaircies puis pour le reboisement. Les agents forestiers les utilisent également pour surveiller l'évolution des peuplements, réaliser des inventaires… Ces chemins sont très utiles pour la lutte contre les feux de forêt. Le public peut également les utiliser pour des promenades et découvrir la richesse de l'écosystème. La construction de ces chemins, surtout sur les pentes raides, peut augmenter l'érosion et les glissements de terrain, ce qui augmente la sédimentation en aval. Les chemins sont généralement la plus importante source de sédiments des opérations d'exploitations, qui peut continuer longtemps après la fin des opérations dans la zone. Cependant, des méthodes sont souvent utilisées pour limiter ces effets telle la construction de fossés. La déconstruction de ces routes implique de restaurer l'habitat naturel, et est généralement plus cher que le coût de la construction. Impact environnementalImpacts négatifsL'exploitation forestière affecte négativement l'environnement de plusieurs points de vue (d'autant plus qu'elle est intensive) :
L'exploitation est souvent associée à un système de cloisonnement et de drainage. Elle peut mener à une perte d'habitats dits patrimoniaux, ou vitaux pour certaines espèces, particulièrement dans les zones écologiquement sensibles. Les machines et engins forestiers les plus lourds peuvent dégrader ou compacter les sols forestiers. L'exploitation sur pente raide peut provoquer une érosion du sol, des glissements de terrain, une turbidité de l'eau et dégrader des habitats particuliers (tels que « forêts de ravin », creuses, etc). Sur sols saturés, elle peut créer des ornières et perturber le drainage (les ornières argileuses pouvant occasionnellement constituer des micro-habitats pour le sonneur à ventre jaune et quelques têtards d'autres espèces, au risque que ceux-ci s'y fassent écraser ou déshydrater si l'eau vient à manquer. L'abattage d'arbres près de cours d'eau peut provoquer l'augmentation de la sédimentation, de la température de l'eau et dégrader l'habitat ripicole. Une forêt gérée principalement pour la production rapide de bois selon les méthodes "modernes" consistera typiquement en des arbres jeunes, vigoureux et souvent à croissance rapide. Avec le souci de bénéfices à court terme et l'arrivée de profileurs (qui augmentent très fortement les cadences de sciage, mais uniquement pour les bois de faible section), la tendance est partout à une diminution du cycle des révolutions (arbres coupés de plus en plus jeunes, dans une démarche dite de sylviculture dynamique). Une telle gestion supprime les zones caractéristiques de forêts anciennes, comme les vieux arbres, les gros-bois, les arbres sénescents et surtout une quantité suffisante et largement dispersées dans le massif de bois-mort, autant d'éléments requis pour la survie de nombreuses espèces forestières (saproxylophages notamment). La gestion durable de la forêt nécessite que de telles zones et des « gros-bois »[1] soient conservés pour protéger des espèces rares ou en danger, dont beaucoup sont reconnues comme utiles pour la forêt. Impacts positifsL'exploitation forestière peut parfois avoir des effets positifs sur l'environnement ou la sylviculture :
En FranceLa France a une longue tradition d’exploitation forestière, les archéologues et historiens ayant montré un fort recul de la forêt dès la période gauloise, avec même ensuite de grands défrichements et une surexploitation qui ont fait fortement reculer la forêt du haut Moyen Âge (jusqu'au développement de l’industrie houillère). De Colbert au FFN, de nombreuses initiatives et circonstances ont contribué à un réenforestement de plusieurs régions françaises. Le FFN en particulier a conjugué ses effets à ceux de l’exode rural de l’après-guerre, permettant à la forêt de rapidement regagner de la surface (2,3 millions d’hectares en moins de 40 ans, mais d’une forêt encore jeune et localement très artificialisée à la suite d'aides (alors sans écoconditionnalité) aux monocultures et à l’enrésinement, de la populiculture et de la construction (rien qu’avec les aides du FFN) d’un réseau de plus de 41 000 km de routes et pistes forestières (équivalent en km de plus que le tour de la planète à l’équateur) et à ces routes et pistes volontairement construites en forêt, il faudrait ajouter celles faites sur d’autres fonds (pistes financées par le fonds de développement durable dans les Pyrénées en « zone à ours », dans les années 1990, initiatives autofinancées, aides de communes forestières, régions ou départements, etc. et de nombreux segments de routes, autoroutes, rocades et voies ferrées qui ont aussi et dans le même temps considérablement contribué à fragmenter les massifs forestiers). Le développement des voies forestières accessibles aux camions et tracteurs de débardage, ainsi que l’augmentation de la surface forestière se sont accompagnés d’une production et d’une productivité accrues, mais une partie du bois exploité part à l’étranger pour une première ou seconde transformation avant parfois d’être racheté en France ; le rapport de prospective Jouvenel concluait en 1977 à la possibilité de développer les industries du bois sur le territoire même. Selon certains acteurs (de la filière bois ou de la sphère politique) l’exploitation n’a pas non plus quantitativement suivi le rythme de croissance surfacique du reboisement. Alors qu’une majorité du public et de nombreux acteurs associatifs souhaitent la création d’un réseau cohérent de parcs et réserves protégées de l’exploitation forestière sur de plus grandes surfaces, d’autres acteurs estiment qu’on pourrait exploiter plus de bois en France. Leur point de vue a été en 30 ans notamment porté par plusieurs rapports :
En 2007/2008, lors du Grenelle de l’environnement FNE et la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR) ont estimé possible et souhaitable une certaine augmentation de la production, mais en tenant compte de la biodiversité, et en visant à moins produire de CO2 et mieux lutter contre l’effet de serre[3],[4]. Les professionnels français de l'exploitation forestière sont regroupés au sein du Syndicat des exploitants de la filière bois (SEFB)[5]. Notes et références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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