Pauline Auzou, Portrait du général de brigade Charbonnel de Salès, en grand uniforme et portant la croix d'officier de l'ordre de la Légion d'Honneur, 1812
Quoique livré tout entier à ses fonctions, il ne peut échapper aux proscriptions du moment, et est destitué par les Représentants Bassal et Bernard de Saintes, en mission dans les départements de la Côte-d'Or et du Doubs.
Réintégré parce qu'on manque d'officiers de son arme, il fait ses premières armes au siège de Lyon en 1793, puis est envoyé au siège de Toulon en qualité de lieutenant, et gagne devant cette dernière place les épaulettes de capitaine en repoussant les Anglais qui voulaient surprendre les Îles d'Hyères.
Il passe alors comme capitaine à l'armée des Alpes, puis à celle du Rhin où il commande la 3e division d'artillerie. Il dirige les batteries devant Luxembourg, où il est cité avec éloge et assiste au siège devant Ehrenbreitstein.
Après la prise du Caire, la 2e division de l’armée d’Orient, dont il commande l’artillerie, ayant suivi les débris des Mamelouks d’Ibrahim Bey, jusqu’aux confins du désert, il revient, après l’affaire de Matairé, au Caire où il est chargé du commandement de l’artillerie de cette place, et de l’armement du château, ancienne résidence des khalifes.
Après avoir armé le château et mis en état de défense les bouches du Nil, Charbonnel est atteint à Rosette, d'une ophthalmie et d’une dysenterie des plus graves. Son état empirant de plus en plus par la continuation de son séjour au milieu des sables de l’Égypte, il reçoit l’ordre de se rendre à Malte, qui est menacée par les Anglais.
Capture et détention
Son bâtiment est capturé par un corsaire de Tripoli, entre Malte et les côtes de Sicile, et conduit dans les eaux de l’Albanie où la France est en guerre avec l'empire ottoman. Il est remis à Ali Pacha de Janina par le chef de l’équipage du corsaire barbaresque, qui entre au service d'Ali. Avec d'autres Français capturés sur le même navire (Julien Bessières, Poitevin), il est conduit à Janina. Au bout d’un certain temps, l’air salubre de l’Épire contribue à le guérir de sa dysenterie, et son ophtalmie prend un caractère moins grave. Retenu par Ali, il peut après quelques mois assister avec lui à deux expéditions contre Ibrahim Pacha de Delvinë, et doit mettre à son service ses connaissances en artillerie, participant par exemple aux opérations contre les Souliotes en établissant des batteries.
Les consuls anglais et russe à Corfou lui offrent le moyen de s'évader en lui envoyant un bâtiment neutre, qui après l'avoir embarqué à Aya-Savacéda le mène dans la capitale des îles Ioniennes. Son séjour dans cette île ayant été connu du chef turc qui y commande, il y est arrêté et conduit à Constantinople, où il reste libre sur parole. Enfin, après quatre mois de séjour dans la capitale ottomane, il peut se rendre sur les côtes de la mer Adriatique par terre, en traversant à cheval diverses contrées qu’aucun voyageur français n'a jusqu'alors parcourues. Arrivé à Scutari, il s’embarque pour Raguse, et se rend ensuite en France, en traversant l’Italie.
À la conclusion de la paix, il est nommé par le chef du gouvernement pour présider la commission française chargée, d’après l’article 4 du Traité de Schönbrunn, de délimiter de concert avec une commission autrichienne, les nouvelles frontières entre la Bavière et l'Autriche. Cette mission importante n’étant point encore terminée, lorsqu’il reçoit l’ordre de se rendre en Espagne.
De là, il se rend en Espagne à la tête de l'artillerie du corps d'armée du Maréchal Ney, prend part au siège d’Almeida, aux combats de la Sierra d'Alcola, de Miranda do Corvo, de Fuentes de Oñoro. Après des preuves de courage qui lui valent les éloges du commandant en chef, il revient en France et suit la Grande Armée en Russie en qualité de chef d'état-major général d'artillerie. Il se bat à Witepsk, à la Moskova, puis court munir d'artillerie la place de Dantzig.
Nommé général de division le , à la suite des mesures qu'il sait prendre après la retraite de Moscou, il est attaché encore au corps de Ney avec lequel il prend part aux batailles de Lützen et de Bautzen, et combat sur le Bóbr, à Görlitz et à Leipzig.
À la restauration du trône des Bourbons, il est nommé inspecteur-général de l'artillerie pour le service des forges et des fonderies, et président de la commission mixte à laquelle est confiée l'étude de «l'approvisionnement de nos places de guerre, et des moyens d'armement à créer sur nos frontières pour un système offensif et défensif».
Propriétaire du château Charbonnel à Is-sur-Tille (Côte-d'Or), il est élu maire des Issois du au . Il a été reçu Grand-croix de la Légion d'honneur le .
Placé dans la seconde section du cadre de réserve en 1840, le gouvernement de Juillet l'appelle à la pairie le . Il monte quelquefois à la tribune, par exemple lors de la discussion du projet de loi sur la chasse le , et comme rapporteur du projet d'établissement d'un port à Saint-Nazaire le .
Il meurt le à Paris, à l'âge de 70 ans, et est inhumé en la chapelle Saint-Charles au cimetière d'Is-sur-Tille auprès de sa fille Caroline, morte très jeune.
Famille
Fils du légitime mariage de Jean-Baptiste Charbonnel (1737 † 1824), avocat au Parlement de Bourgogne (1757), échevin de Dijon, président du Tribunal civil de Dijon (1812), conseiller à la Cour (1816), officier de la Légion d'honneur, et de Marcelline Finot ; il se marie en 1831 avec Mélanie-Clémentine-Antoinette (1805 † 1874), fille du Général Gudin de La Sablonnière. De leur union naîtra Caroline (1832 † 1839[1]), inhumée en la chapelle Saint-Charles au cimetière d'Is-sur-Tille.
Siège de Toulon (1793) : Employé à l’armement et à la défense des Îles d'Hyères, il parvient, avec quelques hommes à repousser une descente des Anglais. Son action lui mérita les éloges du général en chef de l’artillerie Dommartin, qui l’attacha à son état-major, et lui fait obtenir le grade de capitaine.
Siège de Luxembourg (1794-1795) : Chargé du commandement de l’attaque dirigée contre cette importante forteresse. Le , la garnison, plus nombreuse que l’armée assiégeante, effectua une nouvelle sortie : l’une des batteries qu'il commande rend de grands services, et est citée de la manière la plus honorable par le général Hatry, qui commandait en chef.
Chargé de la construction des ponts sur la Narew et sur le Bug au mois de : en présence de l’armée russe, il fait construire ces ponts avec célérité, malgré les glaces que charriaient ces rivières, le peu de moyen qu’offrait le pays, et les difficultés de ce climat rigoureux dans une telle saison.
À Rediecha, où le 6e corps du maréchal Ney qui a à soutenir tous les efforts de l’armée de Wellington, l’artillerie de ce corps, aux ordres de Charbonnel, est citée avec les plus grandes éloges par le maréchal, qui demande pour lui le grade de général de division.
Blessures
Il est atteint d’une balle au-dessus du genou droit, lors du passage de la Grande Armée sur les rivières Narew et Bug, qui s’effectua de vive force, en .
À la veille de son décès, dans son testament, il rajoute deux articles dans le partage de sa succession, laissant à son épouse Mélanie la somme de 40 000 francs pour la création d'un asile (actuellement Salle Charbonnel) dans la commune d'Is-sur-Tille ; 600 francs de rente perpétuelle pour l'entretien de cette salle et une rente perpétuelle de 200 francs pour les plus démunis de cette commune :
« Le lieutenant général Charbonnel est devenu le , propriétaire du château de la ville d'Is-sur-Tille, puis maire des Issois, du au . Il a le malheur de perdre sa fille, Caroline, alors qu'elle n'a que 12 ans. Ce sont, sans aucun doute ces trois raisons qui le poussent à faire une donation à la ville, mentionnée à la veille de sa mort. Ce vœu est conforme à une ordonnance royale qui reconnait l'existence d'un établissement d'asile destiné à recevoir les filles et les garçons de 2 à 6 ans où seraient donnés les soins nécessités par leur âge, pendant les heures de travail de leurs parents (Le Bien public, ). »
Un tableau représentant le général Charbonnel est conservé dans la salle du conseil municipal de la mairie de Is-sur-Tille (Côte-d'Or). Cette peinture à l'huile, du peintre Félix Frillié (1821 - Dijon † 1863 - Is-sur-Tille), qui mesure 2,50 m de hauteur par 1,80 m de largeur, représente, selon la veuve du général, avec une parfaite ressemblance les traits du général Charbonnel.
D'azur; au casque taré de front et grillé d'or, panaché de six plumes d'autruche de sable, accompagné à dextre d'une épée en pal d'argent, et à sénestre d'un bouclier incliné d'argent chargé d'une tête de lion au naturel, surmontée de deux tourterelles affrontées aussi au naturel; quartier des barons militaires.[2],[3]
D’azur au casque taré de front et grillé d’or, panaché de 6 plumes d’autruche de sable, accosté à dextre d’une épée haute d’argent, à senestre d’un bouclier incliné d’argent chargé d’une tête de lion au naturel, senestré d’une lance en pal de sable surmonté de 2 tourterelles affrontées au naturel ; au chef tiercé en pal : 1) d’azur à l’épée haute d’argent, montée d’or ; 2) de gueules au sautoir d’argent, cantonné de 3 étoiles d’argent et d’un croissant du même ; 3) d’or accosté à dextre de 3 foudres de gueules, à senestre d’une muraille de sable.[4],[5],[6]