Après l'obtention de son baccalauréat, Léon de Montesquiou s'oriente vers des études juridiques. Entre 1894 et 1895, il effectue son service militaire au sein du 115e régiment d'infanterie et assiste à la dégradation du capitaine Dreyfus. Il soutient une thèse de doctorat en 1899 avec une Etude sur la suppression du duel[3]. Il s'inscrit au barreau mais ne plaida jamais, préférant poursuivre sur une carrière militaire[3].
Il adhère à l'Action française le 20 juin 1899 lors de la première réunion publique du mouvement tout en restant républicain[3].
Selon Charles Maurras, c'est vers août 1901, que Léon de Montesquiou se convertit au royalisme au prix d'une abondante correspondance entre les deux hommes[3].
En décembre 1902, le comte de Montesquiou est nommé président du conseil d'administration de l'Action française avant d'être secrétaire général de la Ligue d'Action française en 1905[3].
Pendant l'affaire Dreyfus
Lorsque la Cour de cassation annule la condamnation du capitaine Dreyfus le 12 juillet 1906, Léon de Montesquiou participe aux campagnes antidreyfusardes de l'Action française. Cela lui vaut un avertissement de la part du ministère de la Guerre qui le place sous surveillance[3]. Il est mis à pied le 16 mai 1907 pendant un an pour son militantisme politique en contradiction avec son devoir de réserve. Il obtient le soutien du général Donop et du commandant Guignet. Le 3 septembre 1907, il est « révoqué de son grade et de son emploi par décision ministérielle »[3].
On lui doit plusieurs ouvrages patriotiques (anti-dreyfusards, anti-germanistes) des plaidoyers pour un nationalisme intransigeant et des ouvrages de type révisionnistes sur la défaite de 1870. Montesquiou défend la restauration monarchique (la raison d'État) comme seule solution aux « dérives » démocratiques et à la montée de l'individualisme qui caractérise, selon lui, la Troisième République.
Avant-guerre
Lors de la création de l'Institut d'Action française en 1906, la chaire « Auguste Comte » lui est confiée[3].
Après la campagne contre l'annulation de la condamnation du capitaine Dreyfus, Léon de Montesquiou s'investit pour lancer, en mars 1908, le quotidien L’Action française[4], dont Henri Vaugeois est le directeur politique.
À l'instar de Charles Maurras, Montesquiou tente de concilier le système politique d'Auguste Comte avec ses idéaux royalistes et le catholicisme. Son interprétation du positivisme associe « l'ordre » comtien et la « sociocratie » à un conservatisme qu'il rapproche des idées des penseurs de la contre-révolution et à l'œuvre du sociologue Frédéric Le Play. Montesquiou fait sienne certaines maximes du père du positivisme telles : « La soumission est la base du perfectionnement » ou « Les vivants seront toujours et de plus en plus gouvernés nécessairement par les morts » qui, sans leur contexte d'origine, viennent renforcer l'argumentaire de la doctrine d'Action française et lui conférer un statut scientifique.
Le 27 novembre 1911, il affronte en duel Georges Breittmayer[5].
Sur le front
En 1914, il se porte volontaire et l'armée le réintègre officiellement grâce à une sollicitation de Maurras auprès de Raymond Poincaré[3].
Propagandiste infatigable, défenseur des traditions et exégète d'Auguste Comte reconnu par ses pairs (comme Pierre Lasserre), Montesquiou meurt prématurément au combat en 1915 alors qu'il sortait d'une tranchée[3]. Deux mois après, il reçoit la croix de guerre et fut cité à l'ordre de l'armée[3] :
« Tombé glorieusement le 25 septembre 1915 alors que sa compagnie venait d’enlever un centre de résistance ennemi et de capturer une section de mitrailleuses. »
Le Salut public, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1901.
La Raison d’État, Paris, Plon, 1902.
La Thèse sociale de ″l'Étape″. Conférence donnée aux matinées littéraires, artistiques et scientifiques de Bruxelles, le (sur le roman L’Étape de Paul Bourget), Paris, F. Levé, 1903.
(et al.) Nos Traditions nationales, comment les défendre ? Avec le compte rendu de la 1re réunion de l'″Entente nationale″ tenue à la salle de la Société de géographie, le . Lettre de M. Paul Bourget. Conférence de M. Léon de Montesquiou. Discours de MM. le Dr Le Fur, Rondeau, Marc Sangnier, Copin-Albancelli, H. de Larègle, de Lamarzelle, Paris, Tardy-Pigelet, 1904.
Les Raisons du nationalisme, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1905 ; rééd. La Délégation des siècles, 161 p., 2021 (ISBN979-8490902027)
Ma révocation, Paris, Éditions de l’Action française, 1907.
↑ abcdefghijk et lSébastien Laurent, « Léon de Montesquiou (1873-1915) », dans Lettres à Charles Maurras : Amitiés politiques, lettres autographes, 1898-1952, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », (ISBN978-2-7574-2124-6, lire en ligne), p. 35–44