Cette liste recense les élections organisées durant l'année 2000. Elle inclut les élections législatives[1] et présidentielles nationales dans les États souverains, ainsi que les référendums.
Commentaires généraux
Au crépuscule du XXe siècle (et du IIe millénaire), la grande majorité des États organisent des élections nationales régulières et multipartites. Les années 1990 ont été celles de l'expansion de la démocratie à travers le monde, notamment dans une grande partie de l'Afrique et en Europe de l'Est. Durant l'année 2000, seuls deux pays organisent des élections nationales à parti unique (pratique très courante dans les années 1980) : l'Irak (mars) et la Syrie (juillet), toutes deux gouvernées par le parti Baas.
Des dix États africains qui organisent des élections nationales en l'an 2000, cinq (Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée-Bissau, Maurice, Sénégal) voient une victoire des partis d'opposition, auxquels le gouvernement cède le pouvoir. En Éthiopie et au Zimbabwe, à l'inverse, le gouvernement remporte des élections entachées d'irrégularités. Au Zimbabwe, le gouvernement de Robert Mugabe subit toutefois un revers lors d'un référendum en février, et peine à conserver sa majorité lors des législatives en juin. Confronté à une réelle opposition populaire, il use davantage de répression pour se maintenir au pouvoir au cours des années 2000. En Égypte (novembre), les partis d'opposition ne peuvent encore pas concourir de manière libre et équitable aux élections. Au Soudan, enfin, lors des élections du mois de décembre, il n'y a pas de véritable opposition au gouvernement islamiste d'Omar el-Béchir.
Dans l'Asie centrale post-soviétique, il n'y a pas non plus de réelle opposition au pouvoir en Ouzbékistan (janvier) ni au Kirghizistan (mars et octobre). Le président ouzbek Islam Karimov conserve le pouvoir en réprimant la liberté d'expression et d'organisation des opposants potentiels, tandis qu'au Kirghizistan les principaux partis d'opposition sont tenus à l'écart du scrutin. Non loin de là, en Iran, seuls les candidats qui incarnent les valeurs de la Révolution islamique de 1979 sont autorisés, même si les élections législatives de février marquent une victoire pour un mouvement réformiste encore toléré.
En Serbie, le président Slobodan Milošević est contraint par des manifestations populaires de reconnaître sa défaite à l'élection du mois de septembre. La quasi-totalité de l'Europe est gouvernée par des régimes démocratiques, bien qu'un régime autoritaire en Biélorussie laisse encore peu de place à l'opposition (octobre).
Aux États-Unis, l'élection présidentielle en novembre produit un résultat très incertain, tranché à une voix près par la Cour suprême fédérale, dans des circonstances fortement controversées.
Seuls quelques États, en cette fin de siècle, n'organisent encore aucune élection nationale - notamment dans la péninsule arabique (Arabie saoudite, Qatar) ou en Asie orientale (Chine, Myanmar, Brunei). D'autres, en Asie orientale, maintiennent un régime électoral à parti unique, sans alternance possible (Corée du Nord, Laos, Vietnam).
Alternance. Le Parti social-démocrate et ses alliés remportent ensemble une majorité absolue des sièges, au détriment des conservateurs au pouvoir. Ivica Račan devient premier ministre.
L'Ouzbékistan à cette date n'est généralement pas considérée comme une démocratie, avec d'importantes violations des droits de l'homme, dont la liberté d'expression et la liberté de la presse.
Alternance. Le Parti travailliste (social-démocrate) obtient une majorité relative des sièges. Il forme un gouvernement de coalition avec le Parti de la liberté (libéral-conservateur). Rosie Douglas devient premier ministre.
Le gouvernement soumet aux citoyens un projet de nouvelle Constitution. Celle-ci renforcerait les pouvoirs du président de la République, tout en rétablissant un poste de premier ministre, pour un exécutif partagé. Elle permettrait aussi aux autorités d'exproprier les fermiers blancs sans compensation, pour redistribuer les terres agricoles à la population noire.
La proposition de Constitution est rejetée par 54,7 % des votants. Cet échec est perçu comme un désaveu envers le président Robert Mugabe, et conforte le principal parti d'opposition (Mouvement pour un changement démocratique : socialiste). Des élections législatives ont lieu en juin.
Alternance. Chen Shui-bian (Parti démocrate progressiste : social-libéral) est élu avec 39,3 % des voix, face à quatre autres candidats. Première défaite du parti Kuomintang (conservateur), au pouvoir depuis 1928.
Le Parti populaire (conservateur), qui disposait d'une majorité relative des sièges, remporte cette fois une majorité absolue. José María Aznar demeure premier ministre.
La très grande majorité des élus sont des candidats sans étiquette. Malgré ses 27 % des voix (qui le placent en tête des suffrages), le Parti communiste n'obtient que six sièges sur cent-cinq. Amangeldi Muraliev (sans étiquette) demeure premier ministre. Une élection présidentielle a lieu en octobre.
L'Irak à cette date est une dictature à parti unique. Seules les personnes membres ou associées au parti au pouvoir peuvent se présenter aux élections. Les citoyens dans chaque circonscription sont généralement invités à choisir entre deux candidats.
Le parti Baas (nationaliste, laïc, socialisme arabe) et ses alliés nommément sans étiquette conservent mécaniquement tous les sièges. Saddam Hussein demeure premier ministre (et conjointement président de la République).
Il n'existe pas de partis politiques formels à Nauru.
Le président de la République sortant, René Harris, conserve sa majorité parlementaire, et est réélu par les députés. Quelques jours plus tard, toutefois, la majorité souvent fluide au Parlement évolue, contraignant René Harris à la démission. Les députés élisent alors Bernard Dowiyogo à sa succession.
Rauf Denktaş (sans étiquette, libéral-conservateur) arrive en tête au premier tour avec 43,7 % des voix. Derviş Eroğlu (Parti de l'unité nationale : libéral-conservateur), arrivé deuxième, se déclare forfait. Le second tour est annulé, et Rauf Denktaş est déclaré réélu.
Quatre propositions d'amendements constitutionnels sont soumis au peuple par le gouvernement.
Les citoyens approuvent à 85,9 % la proposition permettant au président de la République de dissoudre plus facilement le Parlement ; à 90,2 %, celle qui abolit l'immunité pénale des députés ; à 91,1 %, celle qui réduit la taille de la Chambre des députés ; et à 82,9 %, celle qui créerait une chambre haute pour représenter les intérêts des régions. Ces réformes ne sont toutefois pas appliquées, le référendum n'ayant pas été approuvé en amont par le Parlement, et étant donc anticonstitutionnel.
Dans la région Somali, dans l'est du pays, l'élection est reportée au à la suite d'une grave sécheresse et d'une crise alimentaire. Par ailleurs, le scrutin du mois de mai a lieu durant les dernières phases de la guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie. Dans certaines régions, d'importantes irrégularités entachent le scrutin : intimidations, partialité du personnel des bureaux de vote, bourrage d'urnes...
Alternance. Hipólito Mejía (Parti révolutionnaire : social-démocrate) obtient 49,9 % des voix au premier tour. Qualifié pour le second tour, Danilo Medina (Parti de la libération : social-libéral) déclare forfait, renonçant à un second tour jugé inutile. Hipólito Mejía est donc déclaré élu.
Les observateurs étrangers dénoncent des fraudes, et des actes d'intimidation à l'encontre d'électeurs.
Le ZANU-PF (nationaliste, populiste), qui disposait auparavant de la quasi-totalité des sièges, conserve de justesse la majorité absolue au Parlement. Le Mouvement pour un changement démocratique (socialiste) s'établit comme principale force d'opposition.
Le Parti libéral-démocrate (droite, libéral-conservateur) perd sa majorité absolue des sièges à la Chambre des représentants, mais conserve la majorité relative. Yoshirō Mori demeure premier ministre.
Les citoyens sont invités à choisir entre l'instauration d'une démocratie multipartite, ou bien le maintien d'un système électoral officiellement sans partis, mais guidé par le Mouvement de résistance nationale en qualité de parti unique.
Selon le résultat déclaré, 90,7 % des votants se déclarent en faveur du statu quo, et donc contre la légalisation de parti(s) d'opposition.
Alternance. Le Parti du peuple (socialiste), principal parti d'opposition (et ancien parti unique avant 1990), remporte la quasi-totalité des sièges. La Coalition d'union démocratique (libérale), au pouvoir, perd presque tous ses sièges, discréditée par l'accroissement spectaculaire de la pauvreté et du chômage. Nambaryn Enkhbayar devient premier ministre.
2d tour. Les observateurs étrangers dénoncent des fraudes au 1er tour ; les principaux partis d'opposition boycottent le 2d tour, et peu d'électeurs y participent.
Le parti Fanmi Lavalas (social-démocrate) conserve une très large majorité des sièges à la Chambre des députés, et la totalité des sièges au Sénat. Jacques-Édouard Alexis demeure premier ministre. Une élection présidentielle a lieu en novembre.
La Syrie à cette date n'est pas une démocratie, mais un État de facto à parti unique. L'élection présidentielle est un plébiscite : les citoyens sont invités à voter pour ou contre le candidat unique. Elle fait suite à la mort du président Hafez el-Assad.
Bachar el-Assad (parti Baas : nationaliste, laïc) est élu pour succéder à son père, avec officiellement 99,7 % de suffrages favorables.
Des amendements constitutionnels sont soumis à l'approbation des citoyens. Ils visent à réserver le droit de se présenter aux élections présidentielles aux seules personnes dont les deux parents sont nés en Côte d'Ivoire. Par ailleurs, ils accorderaient une amnistie aux personnes impliquées dans le coup d'État de 1999.
L'ensemble des propositions est approuvé par 86,3 % des votants. En conséquence, Alassane Ouattara, l'une des principales figures de l'opposition, n'est pas autorisé à se présenter à l'élection présidentielle en octobre.
Hugo Chávez (Mouvement Cinquième République : gauche) est réélu président avec 59,8 % des voix, face notamment à Francisco Arias Cárdenas (Cause radicale : gauche). Le Mouvement Cinquième République conserve une majorité absolue de sièges à l'Assemblée nationale.
Le pays est sous occupation militaire syrienne. Les élections sont marquées par de nombreuses irrégularités et par une corruption importante.
Alternance. Bien que la plupart des candidats soient élus sans étiquette politique formelle, ce sont les candidats d'opposition qui ont remporté une large majorité des sièges. Rafiq Hariri est nommé premier ministre.
Premières élections législatives au suffrage direct. Le droit de vote n'est ouvert qu'aux personnes (hommes ou femmes) titulaires au moins d'un diplôme d'enseignement secondaire, ou qui soient cheikhs. Seul un quart de la population adulte a le droit de vote.
Les partis politiques étant interdits, les élus n'ont aucune étiquette politique.
La Yougoslavie à cette date n'est plus composée que de la Serbie et du Monténégro. Ces élections font suite à la guerre du Kosovo de 1999.
Alternance. Vojislav Koštunica (Opposition démocratique de Serbie : large alliance de partis d'opposition englobant les sociaux-démocrates, les libéraux et les conservateurs) est élu président dès le premier tour avec 50,2 % des voix, devant notamment Slobodan Milošević (Parti socialiste). Les élections législatives produisent toutefois un parlement sans majorité, où l'alliance « Opposition démocratique » dispose d'une majorité relative des sièges à la Chambre des citoyens, mais où le Parti socialiste populaire du Monténégro (conservateur, social-démocrate) a la majorité relative à la Chambre des républiques.
Alternance. Parlement sans majorité. Le Parti démocratique du travail (social-démocrate) et ses alliés obtiennent ensemble une majorité relative des sièges. Néanmoins, quatre partis libéraux de centre-droit s'entendent pour former un gouvernement de coalition. Rolandas Paksas (Union libérale) devient premier ministre.
Le pays est en guerre civile. Les Tigres tamouls empêchent le déroulement de l'élection dans les régions qu'ils contrôlent. Le scrutin est entaché de violences, faisant soixante-dix morts.
Parlement sans majorité. L'Alliance populaire, coalition gouvernementale allant des communistes au centre-gauche, conserve sa majorité relative des sièges. Ratnasiri Wickremanayake demeure premier ministre.
Les partis d'opposition appellent au boycott de l'élection, en raison notamment de la mainmise des autorités sur les médias. Les observateurs étrangers relèvent d'importantes irrégularités, dont des bourrages d'urnes ou des destructions de bulletins de vote. Plus de 90 % des candidats sont des partisans du gouvernement.
La très grande majorité des sièges reviennent à des candidats officiellement sans étiquette, mais liés au gouvernement. Vladimir Ermochine demeure premier ministre.
Parlement sans majorité. Le parti Démocratie libérale (social-libéral) conserve une majorité relative des sièges. Janez Drnovšek, qui avait démissionné quelques mois plus tôt, redevient premier ministre.
Restauration de la démocratie après le coup d'État de 1999. Plusieurs candidats d'opposition (dont Alassane Ouattara) sont toutefois interdits de participation au scrutin.
Laurent Gbagbo (Front populaire : socialiste), candidat d'opposition, est élu dès le premier tour avec 59,4 % des voix, face à Robert Guéï (32,7 %), auteur du coup d'État. Robert Guéï se proclame initialement vainqueur, mais est contraint de renoncer au pouvoir à la suite de manifestations populaires.
Le Parti de la Révolution (social-démocrate) conserve une très large majorité des sièges. Benjamin Mkapa (Parti de la Révolution) est réélu président de la République avec 71,7 % des voix.
Le Parti du nouvel Azerbaïdjan (laïc, conservateur, social-libéral), qui disposait d'une majorité relative des sièges, remporte cette fois la majorité absolue. Artur Rasizada demeure premier ministre.
Le Parti républicain (droite néo-conservatrice et néo-libérale) conserve la majorité absolue des sièges à la Chambre des représentants. Au Sénat, les Républicains perdent leur majorité absolue, obtenant exactement la majorité des sièges. Les résultats de l'élection présidentielle sont particulièrement controversés. Les résultats dans l'État de Floride (gouvernée par Jeb Bush), qui doivent départager les candidats, sont très incertains, et entachés de soupçons d'irrégularités. La Cour suprême fédérale, à majorité conservatrice, interrompt le recompte des voix, et, par cinq voix contre quatre, déclare le candidat républicain George W. Bush vainqueur en Floride avec une avance de 0,009 % des voix. George W. Bush est déclaré élu président des États-Unis, face à Al Gore (Parti démocrate : centre-gauche).
Tous les députés et sénateurs sont élus sans étiquette. Thomas Remengesau remporte l'élection présidentielle avec 52 % des voix, face à Peter Sugiyama.
L'Égypte à cette date n'est généralement pas considérée comme une démocratie. Appuyé par l'armée, le gouvernement se maintient au pouvoir en restreignant les libertés des citoyens.
Le Parti national démocratique (hétéroclite, centriste, autoritaire) conserve une large majorité absolue des sièges. Atef Ebeid demeure premier ministre.
Parlement sans majorité. Alternance. Le Parti social-démocrate obtient une majorité relative des sièges. Božidar Matić (PSD) est nommé premier ministre.
Ces élections législatives font suite à la présidentielle du mois d'octobre.
Alternance. Parlement sans majorité. Le Front populaire (socialiste) remporte une majorité relative des sièges, devançant de très peu le Parti démocratique (droite libérale). Pascal Affi N'Guessan (Front populaire) est nommé premier ministre.
Le parti Congrès national uni (social-démocrate), qui disposait d'une majorité relative des sièges, remporte la majorité absolue. Basdeo Panday demeure premier ministre.
Premières élections où les partis politiques soient autorisés. Les principaux partis d'opposition boycottent le scrutin. Dans un tiers des circonscriptions, le candidat du gouvernement est seul en lice.
Le parti Congrès national (islamiste, droite à extrême-droite), parti du gouvernement, conserve la quasi-totalité des sièges. Omar el-Béchir est réélu président avec 86,5 % des voix.
Ces élections législatives font suite à la révolte pacifique du mois d'octobre contre le président Slobodan Milošević, contraint à la démission. La Serbie à cette date fait néanmoins toujours officiellement partie de la République fédérale de Yougoslavie.
Alternance. Le mouvement Opposition démocratique de Serbie (large alliance de partis d'opposition englobant les sociaux-démocrates, les libéraux et les conservateurs) remporte une majorité absolue des sièges. Zoran Đinđić devient premier ministre.
(fr + en) « Parline » (Données mondiales sur les parlements nationaux — suivant les pays — depuis 1968), sur le site de l'Union interparlementaire (consulté le ).