Pierre Buraglio est le fils de Robert Buraglio architecte d’origine italienne et de Anne Hélène Weydert, luxembourgeoise. En , son père est fait prisonnier et ne le retrouvera qu’en 1945, cette période marquera l’homme mais aussi l’artiste[1]. Après la Seconde Guerre mondiale, il visite régulièrement les musées, le Louvre avec son père et son parrain, et le Salon d'automne entre autres :
« […] Ma famille m’a très tôt donné le goût des musées […]. Ce sont des points de départ[2]. »
Après un séjour à New York en 1963, il produit ses premiers « Papiers » et « Recouvrements », fragments de papiers et superpositions « […] À l'époque on délaissait les couleurs fines, on se fournissait plutôt chez les droguistes, on utilisait les mêmes matériaux que les Américains James Bishop(en), et Shirley Jaffe[4] ». Il est inspiré par l'école de New York, le Work in progress et la peinture européenne, particulièrement par Bram Van Velde dont il se sent proche de la démarche personnelle, et de son rejet de la forme[4].
Il commence, cette année-là, sa série « Agrafages » composée de chutes de ses propres tableaux ou de ses proches, découpés en triangles irréguliers assemblés et agrafés. Il expose au Salon de la Jeune Peinture.
En 1968, il participe à « Salle Rouge pour le Vietnam ». Cette exposition initialement conçue pour le Salon de la Jeune Peinture, fut finalement programmée à l'ARC du musée d'Art moderne de la ville de Paris par Pierre Gaudibert en à la suite des évènements de mai 68.
Cette même année, Pierre Buraglio devient permanent à l'atelier populaire de l'École des beaux-arts de Paris, où de nombreux artistes occupent l’atelier Brianchon et réalisent des affiches anonymes[7] destinées à soutenir les luttes des étudiants et des travailleurs en grève. 87 affiches en sérigraphie seront réalisées de mai-juin dans l’atelier de lithographie des Beaux-Arts de Paris avec l'imprimeur et éditeur Éric Seydoux, avec qui Pierre Buraglio réalisera des sérigraphies jusqu'en 2011. Ainsi, il contribue aux affiches murales et slogans de Mai 68.
Il devient secrétaire de rédaction au Bulletin de la Jeune Peinture[8] et produit ses premiers « Camouflages », dont la structure, empruntée à Mondrian, est composée de tissu de camouflage et de toile blanche montées sur châssis. Il cesse de peindre jusqu'en 1973 et devient receveur sur rotative. Il collabore à la revue Rebelote avec Gilles Aillaud et Eduardo Arroyo. Il rencontre Jean Hélion. À partir de 1974, Pierre Buraglio met en œuvre les « Châssis » et les « Cadres ». Sa première exposition personnelle a lieu à l'ARC 2, sous le commissariat de Catherine Thieck de la galerie de France.
Enseignement, retour au dessin
À partir de 1976, il devient enseignant à l'école régionale des beaux-arts de Valence et commence les « Fenêtres », série composée de morceaux de cadre de fenêtre récupérés sur des chantiers et d'ajout de verre soufflé ou mécanique de couleur, qu'il poursuivra jusqu'en 1992. Il noue des liens avec Simon Hantaï dès 1977. Une première exposition personnelle a lieu à la galerie Jean Fournier en 1978 avec « Assemblage de Gauloises bleues » et « Assemblage d'enveloppes bleues ouvertes » en situation. Le catalogue de l'exposition sera préfacé par John Berger[9].
« Il n'y avait qu'à se baisser pour ramasser cette couleur qui était dans le monde […] c'est-à-dire la rue, la chaussée[10]. »
Buraglio produit les « Dessins… d'après…, Autour… selon », succession de dessins et de calques pour ne garder que l'essentiel. « Essayant de copier, on voit mieux les choses[11],[12]. »
Au cours des années 1979-1980, il entreprend la série des « Masquages ». Masquages vides et Masquages pleins, rubans de masquage de peintre maculé de peintre, ou chutes de toile, rebuts de toiles de Simon Hantaï pour plusieurs d'entre eux, collés sur papier calque, ainsi que la série « Caviardage » faite d'agendas personnels biffés et raturés. Il ne cherche pas à dissimuler les traces, il les laisse apparentes :
« […] J’ai voulu, explique-t-il, que celui qui regarde ce que j'ai fabriqué soit contemporain d'une bagarre, d'une lutte […]. Je vais montrer en quoi je n'ai pas lieu d'être satisfait[13]. »
Il réalise ses premiers « Metro della Robbia » en 1985 avec des chutes et des morceaux de tôles émaillées bleues du métro parisien, en référence directe aux grès vernissés de la famille Della Robbia, vus à Florence lors de ses différents séjours. Dans la même logique que les « Fenêtres » et les « Cadres », il récupère puis assemble ces plaques bleues du métropolitain parisien. Sa première exposition au musée de Valence a lieu du au [14]. En 1989, il est nommé professeur à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.
Représenter… aujourd'hui
Pierre Buraglio fut longtemps « le peintre sans pinceau[15] », tenant à distance l'acte de peindre[16].
« Contrairement à ce que certains pensent », déclare Buraglio, « je n'ai pas retourné ma veste ! : il y a une continuité dans les procédures, continuité ne signifiant pas identité[17]. »
Fonds régional d'art contemporain d'Auvergne, Bretagne, Haute-Normandie Languedoc Roussillon, Nord Picardie, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Limousin
Sappho (trad. Yves Battistini), Sapphô, tome II, La Cité et les Dieux, Paris, Michel Chandeigne,
Édition bilingue.
Pierre Buraglio, J’ai du bon tabac : notes éparses réunies sur Chardin l’été 1999, Paris, Michel Chandeigne,
Pierre Buraglio, Le Pêcheur à la ligne : notes éparses sur Nicolas Poussin, Paris, Michel Chandeigne,
Notes et références
↑Historial de la Grande Guerre, Péronne, Buraglio, la guerre intime., Péronne, Co-édité par Historial de la Grande Guerre et la section fédérée de Picardie, , p. 12.
↑Christian Briend, Pierre Buraglio : "Avec qui ? A propos de qui ?" (entretien), Musée des Beaux-Arts de Lyon, Lyon, , p. 20.
↑ a et bAmélie Adamo et Philippe Piguet (préf. Gaëlle Rageot-Deshayes), Passages : vers une abstraction habitée, Les Sables d’Olonne, musée de l'abbaye Sainte-Croix, , 93 p. (ISBN978-2-913981-58-4 et 2-913981-58-5).
↑Catalogue d'exposition galerie Jean Fournier, Dans le fonds. Œuvres de 1966 à 1997, Paris, Dominique Fourcade Panama Musées, 2008, 55 p. (ISBN978-2-7557-0351-1), p. 53.
↑Pierre Buraglio, Écrits entre 1962 et 2007, Paris, ENSBA, .
↑Buraglio citant Giacometti, in Christian Briend, Avec… Pierre Buraglio.
↑Catalogue d'exposition, Pierre Buraglio : Avec qui ? À propos de qui ?, Lyon, Musée des beaux-arts, (lire en ligne), p. 95.
↑ a et bDominique Bozo, Alfred Pacquement, Dominique Fourcade, Jean Daive, Gilles Aillaud, Marc Le Bot, Yves Michaud, Buraglio, Paris, Centre Georges-Pompidou/Musée national d'art moderne, , 104 p..
↑Pierre Wat, Pierre Buraglio, Flammarion, coll. « La Création contemporaine », 2001.
↑« La peinture aimée comme paradis perdu », in Buraglio, op. cit. centre Georges-Pompidou, 1982, p. 65.
↑Pierre Buraglio, Entretien avec Karim Ghaddab, 14 décembre 2009[réf. incomplète].
↑« Promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur le au Mac Val, la rosette lui a été remise par l'architecte français Paul Chemetov », cité in 94 Citoyens [quotidien indépendant du Val-de-Marne] ; « Promotion du nouvel an », La Croix, .