Carrière dans l'administration et dans l'industrie
Après un court passage au ministère des Finances (1956-1960), il rencontre l'industriel Roger Martin qui préside la Compagnie de Pont-à-Mousson, entreprise lorraine de sidérurgie et de tuyaux en fonte. Il quitte alors la fonction publique pour le suivre dans la ville éponyme du groupe, sise au bord de la Moselle. L'année suivante, en 1961, il devient directeur général du groupe[7]. Pressentant la fin inéluctable de la sidérurgie, il fait sortir le groupe de cette activité pour ne conserver que celle des tuyaux de fonte et des plaques d'égouts. En 1970, Roger Martin rachete le groupe Saint-Gobain qui avait fait auparavant l'objet d'une OPA de la part de BSN (futur Danone)[8]. Roger Fauroux opère la fusion entre les deux groupes qui prend le nom de Saint-Gobain. En 1980, Roger Martin lui cède la présidence du nouveau groupe[9].
L'année suivante, les socialistes arrivent au pouvoir et nationalisent les grands groupes industriels dont Saint-Gobain. Grâce à ses multiples amitiés au sein de la gauche, dont notamment Michel Rocard et Jacques Chérèque, il parvient à conserver son poste et à préserver les intérêts de son groupe[10]. Il tente de diversifier Saint-Gobain dans l’électronique, une usine de semi-conducteurs puis dans les ordinateurs Bull. Mais l'aventure plombera le groupe et sera vite défaite.
Roger Fauroux est nommé directeur de l'École nationale d'administration (1986-1988), puis ministre de l'Industrie, du Commerce extérieur et de l'Aménagement du territoire (1988-1991) dans le gouvernement de Michel Rocard. C'est un des rares ministres choisis par le nouveau premier ministre[14]. Ami de Michel Rocard, il est mal vu par Édith Cresson qui ne le reconduit pas dans ses fonctions après sa nomination comme Première ministre en 1991[15].
En 1989 il participe à la création du parti Association des démocrates (ADD), « qui veut "regrouper des gens de mon type, actifs dans l'économie et la société et politiquement vacants, pour en faire une force d'appui au président et à la majorité. Ce sont des hommes et des femmes disponibles qui redoutent une victoire de la droite aux législatives en 1993 et la désorganisation désastreuse qu'une nouvelle cohabitation entraînerait[16]. »
Il se définit alors dans la même interview comme un saint-simonien : « Comme lui, je crois au progrès, à l'action humaine et à la raison, à l'éducation et à la morale, à l'esprit d'entreprise et à l'État. Je crois au marché mais pas à ses miracles. (...) Bref, je crois à l'industrie des hommes[16]. »
Autres fonctions
Propriétaire d'une ferme près de Saint-Girons, dans l'Ariège, il est maire de cette commune de 1989 à 1995[17].
Il consacre ensuite son temps à l’Institut catholique et à ses mandats d'administrateur de société et à la rédaction de différents rapports commandés par les autorités politiques : Pour l'École () et La lutte contre les discriminations ethniques dans le domaine de l'emploi (septembre 2005). Il est président du comité de réflexion d'Habitat et Humanisme[18].
↑ a et bIsabelle Chaperon, « La mort de Roger Fauroux, industriel, ancien ministre et intellectuel humaniste », Le Monde, no 23806, , p. 25 (lire en ligne)
↑« Roger Martin, ancien patron de Saint-Gobain », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Saint-Gobain, cette multinationale si française », Le Temps, (ISSN1423-3967, lire en ligne, consulté le )
↑« Mort de Roger Fauroux, ancien ministre de l’industrie et PDG de Saint-Gobain », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑Erwan Seznec, « La Fondation Saint-Simon, les habits de gauche du néolibéralisme », dans Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, La Découverte, (DOI10.3917/dec.orang.2014.01.0369, lire en ligne), p. 369–375
↑« La Fondation Saint-Simon, une histoire accomplie », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Hervé Joly, « Les inspecteurs des Finances, dirigeants des grands groupes industriels au xxe siècle », dans Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 : Dictionnaire thématique et biographique, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », (ISBN978-2-8218-3703-4, DOI10.4000/books.igpde.3690, lire en ligne), p. 345–350
↑« M. Roger Fauroux : la victime expiatoire », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bVoir son interview par Eric Le Boucher dans le quotidien Le Monde, 3 mars 1990
↑« Les " miracles " d'un ministre-maire M. Roger Fauroux annonce la création de 180 emplois dans sa commune de Saint-Girons (Ariège). Du coup, la population semble rassurée sur l'influence de son premier magistrat », Le Monde, (lire en ligne)
↑« Roger Fauroux, veilleur des grandes causes sociales », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑Jean-Paul Cazes, « Roger Fauroux sans complaisance », La Dépêche du midi, (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
Claeys, Louis. Auteur., Deux siècles de vie politique dans le département de l'Ariège : 1789-1989 (OCLC489839222, lire en ligne)
Hervé Joly, « Les inspecteurs des Finances, dirigeants des grands groupes industriels au xxe siècle », dans Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 : Dictionnaire thématique et biographique, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », (ISBN978-2-8218-3703-4, DOI10.4000/books.igpde.3690, lire en ligne), p. 345–350
Erwan Seznec, « La Fondation Saint-Simon, les habits de gauche du néolibéralisme », dans Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, La Découverte, (DOI10.3917/dec.orang.2014.01.0369, lire en ligne), p. 369–375