Dans le 3e numéro de la revue Les Deux sœurs, Christian Dotremont développe sur 35 pages la notion de « surréalisme révolutionnaire » : « Il semble aujourd'hui qu'il n'y ait plus de surréalisme si même il semble y avoir tant de surréalistes [...] Le surréalisme ne peut être que révolutionnaire que s'il excède le plan expérimentale - et il l'excède - naturellement. »[6]
Avril
Le quotidien L'Humanité s'en prend à André Breton« qui fut l'hôte de Trotsky, le plus grand serviteur de la police politique internationale contre le mouvement ouvrier. »[réf. nécessaire]
Tristan Tzara, Le Surréalisme et l'après-guerre, conférence prononcée à la Sorbonne, à Paris[7] : « Je ne vois pas sur quoi le surréalisme serait fondé pour reprendre son rôle dans le circuit des idées au point où il le laissa comme si cette guerre et ce qui s'ensuivit ne fût qu'un rêve vite oublié. »André Breton manifeste bruyamment sa désapprobation[8] avant de se faire molester et expulser de l'amphithéâtre par Francis Crémieux[9].
Publication du tract collectif Liberté est un mot vietnamien contre l'expédition militaire française en Indochine : « Y a-t-il une guerre en Indochine ? On s'en douterait à peine : les journaux de la France «libre», soumis plus que jamais à la consigne, font le silence. »[10]
Exposition Toyen à Paris, galerie Denise René. André Breton préface le catalogue[11].
Christian Dotremont et Jean Seeger écrivent et publient à Bruxelles, le tract Pas de quartier dans la révolution ! Les surréalistes parisiens répondent par le Manifeste des surréalistes révolutionnaires en France[14].
André Breton rappelle les calomnies d'un parti bannissant « la libre discussion dans les organismes révolutionnaires » et invite ceux qui prétendent « déséquivoquer » à « assainir l'air » autour d'eux-mêmes[réf. nécessaire]
Les surréalistes parisiens regroupés sous le nom de Cause répliquent par la déclaration collective Rupture inaugurale pour « définir son attitude préjudicielle à l'égard de toute politique partisane. » Ce tract est signé par près de cinquante personnalités se réclamant du surréalisme[16].
Exposition internationale du surréalisme à Paris, intitulée Le Surréalisme en 1947, à la galerie Maeght, organisée par André Breton (auteur de la préface du catalogue) et, depuis New-York, Marcel Duchamp[19]. Œuvres exposées :
L'Autel des Grands Transparents, installation : « un personnage ubuesque rassemblant la lune et le soleil, dans la tête une perspective de cristaux, une main brûlante, l’autre tenant un fil à plomb à l’envers, signe de l’antigravitation, le ventre creux, avec un miroir dans lequel on se voit tout petit et à l’envers. A côté de lui, sa nourriture : les deux hémisphères terrestres, comme des œufs sur le plat. »[20],
Première exposition parisienne de Matta à la galerie René Drouin. Le catalogue publie un texte d'André Breton de 1944, La perle est gâtée à mes yeux…[17].
Octobre
Sarane Alexandrian, Poésie et objectivité, manifeste publié dans la revue Fontaine. André Breton considère Alexandrian comme le porte-parole de la nouvelle génération surréaliste[22].
À Prague, reprise d'une partie de l'exposition parisienne Surréalisme international à l'initiative de Toyen et Jindrich Heisler. André Breton écrit une nouvelle préface au catalogue où il se montre aussi intransigeant sur la nécessité de combattre l'art dit « dégénéré » que celui dit « décadent bourgeois »[24] Œuvre présentée :
Exposition à Paris, à la galerie Maeght, de la peintre algérienne Baya, 16 ans, pauvre et analphabète. André Breton signe la préface du catalogue : « Baya qui tient et ranime le rameau d’or. »[27]
Au Danemark, publication d'une anthologie de poèmes surréalistesTvilens plageaand, la première du genre après la guerre, édité par le poète Steen Colding : diffusion limitée en raison de la langue[29].
En réponse à l'Ode à Charles Fourier d'André Breton, Dotremont publie l' Ode à Karl Marx, tandis que les « surréalistes révolutionnaires de France et de Belgique » publient le tract URSS capitale Moscou, témoin du rapprochement de ses membres avec les partis communistes belge et français[31].
Georges Henein créé les éditions et les cahiers La Part du sable : « Pourquoi La Part du sable ? À cause de cette matière qui est en nous avant que d'être dans la nature, à la fois apaisante et égarante, conductrice et dislocatrice, plage où l'on aborde et piste déjà effacée. »[32].
Première exposition parisienne de Jacques Hérold à la Galerie des Cahiers d'Art[33].
Van Gogh le suicidé de la société[36] : « Mais comment faire comprendre à un savant qu'il y a quelque chose de définitivement déréglé dans le calcul différentiel, la théorie des quanta, ou les obscènes et si niaisement liturgiques ordalies de la précession des équinoxes, - de par cet édredon rose crevette que Van Gogh fait si doucement mousser à une place élue de son lit, de par la petite insurrection « vert Véronèse », azur trempé de cette barque devant laquelle une blanchisseuse d'Auvers-sur-Oise se relève de travailler, de par aussi ce soleil vissé derrière l'angle gris du clocher du village, en pointe, là-bas, au fond ; devant cette masse énorme de terre qui, au premier plan de la musique, cherche la vague où se congeler. »
La Hauteur des murs, poèmes : « Comme l'eau de la solitude, mes feuilles imitent les oiseaux / comme les mains de l'avare, elles quittent mes rameaux / une à une, pour jouer un instant encore avec l'or du soleil / danseuses de la mort. »[40]
Devant le rideau, préface au catalogue de l'exposition internationale du Surréalisme : « Selon l'heureuse formule de nos amis de Bucarest, « la connaissance par la méconnaissance » demeure le grand mot d'ordre surréaliste. Rejetons la démonstration rationnelle pour la foi dans le savoir. Rejetons les haillons pourris de la mémoire pour l'inspiration. »[49]
Ode à Charles Fourier[36] : « Je te salue de la Forêt Pétrifiée de la culture humaine / Où plus rien n'est debout / Mais où rôdent de grandes lueurs tournoyantes / Qui t'appellent la délivrance du feuillage et de l'oiseau / De tes doigts part la sève des arbres en fleurs / Que les plus vertigineux autostrades ne laissent pas de nous faire regretter ton trottoir à zèbres / Que l'Europe prête à voler en poudre n'a trouvé rien de plus expédient que de prendre des mesures de défense contre les confetti / Et que parmi les exercices chorégraphiques que tu suggérais de multiplier / Il serait peut-être temps d'omettre ceux du fusil et de l'encensoir »
Cache-toi, guerre, poème sur un cycle de dessins de Toyen : « Il ne s'agit ni d'inimitié ni d'amour / Les couchers de soleil accompagnés de papiers glacés / et flâneurs sont suivis par des vides déserts / sur lesquels apparaissent de vieux objets / abandonnés qui se joignent à la circulation / se mordant mutuellement / et qui tâchent de croître / si possible l'un dans l'autre / afin d'atteindre leur but / convenir à tout »[69]
↑55 × 40 cm. Reproduction dans (fr + en) Alix Agret (dir.) et Dominique Païni (dir.), Surréalisme au féminin ? (catalogue de l'exposition présentée du 31 mars au 10 septembre 2023 au Musée de Montmartre-Jardins Renoir), In fine/Musée de Montmartre, (ISBN978-2-38203-116-2), p. 60.
↑Collection Michel Seuphor, Paris. Reproduction dans Alexandrian, p. 87.