Cofondateur du mouvement dada à Zurich en 1916, il fut ensuite proche du surréalisme. Il réalisa de nombreuses œuvres plastiques, en étroite collaboration avec Sophie Taeuber-Arp, son épouse.
Biographie
Hans Peter Wilhelm Arp est né le au 52, rue du Vieux Marché aux Poissons, à Strasbourg[1]. Son père, Jürgen Peter Wilhelm Arp (1853-1921), est un commerçant « vieil allemand », né à Kiel. Sa mère, Marie Joséphine Koeberlé (1857-1929), est alsacienne et a été élevée dans la culture française[2].
De 1904 à 1908, Arp étudie les beaux-arts à l'École d'art de Weimar et à l'Académie Julian à Paris, qui le laissent sur sa faim artistique en raison de leur académisme. En 1908, il s'établit avec sa famille à Weggis dans le canton suisse de Lucerne, à la suite du déménagement de l'usine de cigarettes de son père en 1907. C'est là, à l'ombre du Rigi, entre Weggis et Greppen, qu'il raconte dans «Unsern Täglichen Traum» [Notre rêve quotidien], la douloureuse genèse de sa vocation[3]. En 1911, il cofonde le mouvement Moderne Bund à Weggis.
Arp étudie les arts décoratifs à Strasbourg en 1912-1913 où il suit les cours de Théodore Haas à l'école des arts décoratifs en compagnie de Hans Haug[4], puis à Paris et Weimar, avant de se consacrer à la poésie. Il adhère quelque temps au club artistique Das jüngste Elsaß qui veut promouvoir une version rénovée de la culture alsacienne et germanique[5]. Il fait aussi la connaissance de Paul Klee en 1909. Il participe ainsi à des expositions, dont celle du Blaue Reiter, en 1912. Il s'associe en 1916, à Zurich et à Cologne, à la fondation du mouvement dada. Il illustre plusieurs ouvrages de la collection « dada », comme Le Passager du Transatlantique, de Benjamin Péret, Vingt-cinq poèmes, de Tristan Tzara et un ouvrage de Richard Huelsenbeck. Il commence à sculpter en 1917. Proche des surréalistes, de 1926 à 1930, il devient membre fondateur du groupe Abstraction-Création.
Le , il épouse Sophie Taeuber-Arp qu'il a connue à Zurich. En 1926, il est naturalisé français. Son père n'étant pas d'origine alsacienne-lorraine, il ne pouvait pas recouvrer la nationalité française conformément au traité de Versailles. En 1927-1928, le couple se fait construire une maison et atelier d'artiste à Clamart dont Sophie Taeuber a dressé elle-même les plans[6] au 21, rue des Châtaigniers[7].
Ses premières œuvres de plâtre et de marbre datent de 1930. Il réalise des reliefs en bois peints, broderies et papiers collés. Il participe aux activités des surréalistes et fréquente les peintres abstraits de Cercle et Carré. Un poème lui est dédié dans Capitale de la douleur du surréaliste Paul Éluard.
Arp est à l'origine d'un vocabulaire de signes aux allusions figuratives et ironiques. À partir de 1930, la sculpture en ronde-bosse prend une place importante dans son œuvre.
Sophie Taeuber meurt asphyxiée, le 13 janvier 1943, lors d'un voyage clandestin à Zurich, où le couple s'est réfugié à la suite de l'invasion de la Zone libre par l'Allemagne.
De très nombreuses expositions personnelles lui sont consacrées après-guerre, dès 1944 à la galerie Peggy Guggenheim à New York, puis à la galerie Maeght, la galerie Denise René à Paris, et Sidney Janis en 1950. Il réalise également de nombreuses commandes avec, entre autres, Constellation pour le Harvard Graduate Center de Cambridge en 1949, Le Berger des Nuages et Configuration pour la Cité universitaire de Caracas dans les années 1950. Arp est devenu un artiste internationalement reconnu. Selon André Breton, il fait partie des « modèles inimitables »[9].
En 1954, il reçoit le grand prix international de sculpture à la Biennale de Venise, est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1960, puis reçoit le grand prix national des arts en 1963.
Jean Arp s'établit en 1959 dans une nouvelle demeure, à la fois habitation et atelier d'artiste, sur la propriété Ronco dei Fiori à Locarno, aujourd'hui Fondazione Marguerite Arp, construite par Annette Gigon et Mike Guyer, de l'agence Gigon Guyer[10].
En 1968, la Manufacture de Sèvres édite trois vases sur les six formes que l'artiste y a créées en 1966. Chacun est édité en 10 exemplaires numérotés. Deux sont en porcelaine, Amphore de rêve et Amphore terrestre, et la troisième, Objet casanier, est en grès. La mort de l'artiste met un terme à cette collaboration, laissant ses projets à l'état de prototypes.
Jean Arp, Soleil recerclé, 18 bois découpés originaux en couleurs par Jean Arp dont la couverture, Paris, Louis Broder, 1966, 185 exemplaires [poèmes inédits et dernières gravures sur bois de Jean Arp peu de temps avant la mort de l’artiste].
Publications
Les références suivantes sont extraites de Sable de lune, trad. Aimée Bleikasten, Paris, Arfuyen, coll. « Neige », 2005, 197 p. (ISBN978-2845900622).
Textes publiés en allemand
Der Vogel Selbdritt, Berlin Otto von Holten, 1920.
Die Wolkenpumpe, Hanovre, Paul Steegemann, 1920.
Der Pyramidenrock, Erlenbach, Zurich Eugen Rentsch, 1924.
Weisst du Schwarzt du, Zurich, Pra, 1930.
Konfiguration, Paris, Poésie & Co., 1930.
Muscheln und Schirme, Meudon-Val-Fleury, chez l’auteur, 1939.
Sable de lune, traduit de l'allemand par Aimée Bleikasten (édition bilingue), Éditions Arfuyen, Paris-Orbey, 2005, ouvrage publié dans cadre du Prix Nathan Katz du Patrimoine.
La Grande Fête sans fin, traduit de l'allemand par Aimée Bleikasten (édition bilingue), Éditions Arfuyen, Paris-Orbey, 2014.
La Bourse de traduction du Prix Nathan Katz du patrimoine a été attribuée en 2004 à Aimée Bleikasten pour ses traductions des poèmes en langue allemande de Jean Arp[18].
Hommages
"En compagnie de Jean Arp", Revue de Belles lettres , 2020, 1-2, sous la direction d'Agathe Mareuge et d'Amaury Nauroy, Lausanne, 2020[19].
Un collège de la ville de Strasbourg porte son nom (sous le nom de Collège Hans Arp)[20]..
La sculpture Colonne de rêve de 110 cm a été vendue 2 393 000 $ (1 635 000 €) en 2007 à New York, chez Christie's[22].
Une vente aux enchères des œuvres de Jean Arp, issues de la collection Greta Stroeh (1939-2001) - une proche de sa seconde épouse Marguerite Hagenbach-Arp, et garante de la Fondation Arp - était prévue le jeudi 26 mars 2020 chez Christie's à Paris, mais s'est trouvée annulée en raison des dispositions gouvernementales prises au début du mois de mars 2020 dans le cadre de la pandémie de Covid-19 (coronavirus).
Parmi les œuvres qui devaient être vendues figurait une pièce phare de Jean Arp : Torse en bronze à patine brun doré (H: 61 cm) de 1931, estimé entre 300 000 et 500 000 euros[23].
Pour la relancer, Christie's organise une vente en ligne fin mai début juin. Mais à la suite de disputes entre les fondations françaises et allemandes qui gèrent les intérêts des investisseurs sur l’œuvre de Jean Arp, les évaluations sont très basses. De plus, l’authentification d'une œuvre attribuée à Jean Arp peut être difficile, à cause de la disparition de Greta Stroeh, qui était la référente de l'artiste pour les marchands d'art. C'est ainsi que les dessins de Arp sont très bon marché, à l'inverse le record est tenu par « un » Torse des Pyrénées, déclaré par les marchands comme œuvre « la plus emblématique », a été vendu 4,8 millions de dollars en 2017 par Sotheby's[24].
↑Estelle Pietrzyk, « Arp, Jean Hans », dans Roland Recht et Jean-Claude Richez (dir.), Dictionnaire culturel de Strasbourg : 1880-1930, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, (ISBN978-2-8682-0988-7), p. 53-55.
↑François Lotz, Artistes-Peintres Alsaciens de jadis et de naguère (1880-1982), Kaysersberg, Printek, , p. 138.
↑Bernard Vogler, « Strasbourg au temps d’Arp, de 1900 à 1914 », Mélusine, cahiers du centre de recherches sur le surréalisme, n°9, actes du colloque de Strasbourg de septembre 1986, Paris, Éditions L’Age d’Homme, 1987 (ISBN9782825108369) (consulté en ligne le .
↑Brigitte Maier, « Sophie Taeuber-Arps architektonisches Masterpiece. Das Atelier und Wohnhaus der Arps in Clamart », Art + Architecture, no 1, , p. 4-11.
↑La maison devient la fondation Arp en 1979. Beaux-Arts magazine, no 75, janvier 1990, p. 12.
↑collectif, Alberto Giacometti, Catalogue d'exposition, Centre Pompidou, 2001.
↑Yvonne duplessis, Le Surréalisme, PUF, , "Historique".
↑Roland Scotti, « Hans Arp: Wohnatelier une Neues Depot in Locarno-Solduno », Art + Architecture en Suisse, no 1, , p. 58-65.