Catherine Dufour naît le 17 avril 1966 à Paris. Après un bac scientifique Catherine Dufour se lance dans une préparation HEC. Puis elle intègre une école de commerce avant de travailler dans le domaine de la formation.[réf. nécessaire] L'arrivée des technologies informatiques pour le grand public au milieu des années 1990 la pousse à entreprendre des études d'informatique pour devenir ingénieure[1],[2],[3]. Elle réalise des bibliothèques numériques[4]. Depuis 2014, elle est Responsable du service communication et action culturelle de la bibliothèque de l'Université Paris 8[5]. Elle est aussi chargée de cours à Sciences Po Paris[6].
Fine connaisseuse du milieu de l'imaginaire, elle partage ses lectures lors des émissions spéciales de la Méthode scientifique, intitulées "De la SF plein la valise" en 2017[11], 2019[12] et 2021[13].
Analyse de l'œuvre
Catherine Dufour écrit beaucoup de nouvelles dans les genres de l'imaginaire, comme L'accroissement mathématique du plaisir, qui décrit l'émotion extrême qu'on peut ressentir face à une œuvre d'art[14]ou L'Immaculée Conception, inspirée de son expérience de la grossesse[15] et lauréate du Grand prix de l'Imaginaire 2008.
À partir des années 2000, elle aborde dans ses ouvrages des thèmes comme le transhumanisme, la virtualité ou les modifications génétiques[16]. Son roman Le Goût de l'immortalité reçoit les prix Bob-Morane, Rosny aîné et Lundi en 2006 et le Grand prix de l'Imaginaire en 2007[1]. On y suit le personnage Cmatic, qui enquête sur des cas d'une maladie qu'on croyait éradiquée depuis un siècle et fait la rencontre d'une adolescente étrange. L'écriture de Catherine Dufour est qualifiée de dense, précise, fluide, son humour aussi féroce que désabusé et son portrait de la narratrice comme l'un des plus beaux qu'on ait lu dans la science-fiction[17],[18]. Ce roman a imposé son autrice comme une figure incontournable de la scène science-fictive française.
En 2009, elle place son roman Outrage et rébellion au sein d'un univers quelque peu semblable à celui du Goût de l'immortalité en 2320 dans l'Ouest de la Chine, pour conter l'histoire de Marquis, qui invente une musique pleine de colère qui va fédérer les élèves de sa pension contre leurs surveillants. Elle use ici d'un style beaucoup plus cru, s'inspirant de l'essai Please Kill Me - L'histoire non censurée du punk de Legs McNeil et Gillian McCain[19].
Dans le roman fantastique Entends la nuit, publié en 2018, lauréat du prix Masterton et qualifié de radical et original, Catherine Dufour reprend la thématique de l'homme puissant tombant amoureux d'une femme de condition modeste, dans un récit où le suspens côtoie l'érotisme[20],[21].
Ses deux recueils de nouvelles, L'Accroissement mathématique du plaisir (2008) et L'Arithmétique terrible de la misère (2020) confirment son statut d'écrivaine de référence, capable de s'exprimer dans tous les genres[22]. Ils apportent un souffle nouveau à la littérature, avec des textes pessimistes et un style caustique offrant une lecture du monde sombre et désespérée[23]. Ils montrent aussi la capacité de l'autrice à s'approprier des univers ou des œuvres pour les réinterpréter à sa manière, comme Peter Pan, Je suis une légende ou Alice au Pays des Merveilles[24].
En 2020, elle publie Au bal des absents, qualifié de "thrillerfantastique qui croise avec virtuosité frayeurs gothiques et angoisses ultra-contemporaines"[25].
Une série aux nombreuses influences
Dès sa première série Quand les Dieux buvaient, Catherine Dufour mélange beaucoup d'inspirations et de styles narratifs : on retrouve des personnages de contes tels que Blanche-Neige ou Merlin autant que des personnages historiques comme Évariste Galois, des inspirations de textes médiévaux, ou réinterprétant des épopées fantastiques (comme L'immortalité moins 6 minutes, qui reprend un scénario similaire à celui du Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien), dans une volonté de revisiter et déconstruire les contes de fées à la manière absurde de Terry Pratchett[26]. Chaque tome possède son ambiance propre, souvent en équilibre entre deux inspirations (au minimum) : conte et texte sacré pour le tome 1, fantastique et culture numérique pour le tome 2, légende arthurienne et science-fiction pour le tome 3, conte et médiéval-fantastique pour le dernier tome.
Son style est souvent caustique et cynique. Elle montre également une grande maîtrise et une connaissance des textes médiévaux, notamment de l'Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth, texte rédigé entre 1135 et 1138[27].
En parallèle, elle rend hommage à Terry Pratchett dans un dossier dédié dans Faërie n°8 (Ed. Nestiveqnen, 2002), dans un article du Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux (Ed. Les moutons électriques, 2004), lors du colloque Bornes & traversées, sémiotique des frontières (actes publiés aux Ed. L’Harmattan, 2019) ou encore dans l'émission de radio Blockbusters, animée par Frédérick Sigrist, en 2021[28].
Un engagement féministe
Irritée par les rôles assignés aux jeunes filles dans un catalogue de jouets qu'elle consulte avec son fils, elle écrit le Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, où elle met en avant 50 métiers qui font rêver, comme cosmonaute ou aventurière[29].
En 2019, elle publie Ada ou la beauté des nombres. Lovelace, une pionnière en informatique, première biographie sur Ada Lovelace en français[30]. Son écriture, ses traits d'esprits et son style mordant sont loués[31]. Pour ce livre, elle sera notamment invitée par le magazine féminin Madmoizelle[32] par l'émission de radio La Méthode scientifique[33] ou l'émission de télévision La Maison des Maternelles[34].
Animations et interventions
Catherine Dufour donne régulièrement des conférences sur le rôle de l'imaginaire et de l'anticipation dans nos sociétés[35].
En 2018, elle intervient, aux côtés de Li-Cam, à l'Université d'automne de la CFE-CGC, sur la thématique du travail de demain, abordée dans le recueil éponyme publié à La Volte[44].
En 2020, elle anime des ateliers d'écriture autour de l'imaginaire de l'exploration lunaire, organisés par l'ANRT, présidé par le CNES et l'ESA[45].
L'informatique, l'intelligence artificielle et les cyborgs
Forte des univers de science-fiction où elle aborde le transhumanisme et la virtualité, Catherine Dufour est régulièrement invitée à s'exprimer sur la question des corps et des liens avec les machines et les intelligences artificielles.
En 2019 et 2020, elle participe à l'émission "La Curiosité est un vilain défaut", sur RTL, où elle dresse les portraits d'Ada Lovelace[56] et d'Alan Turing[57], pionniers de l'informatique. Elle renouvelle l'expérience en 2020, dans un épisode de l'émission La Conversation scientifique, présenté par Etienne Klein, sur Ada Lovelace[58]. La même année, elle prend part à une journée professionnelle en amont du salon Arts-Sciences Technologies Experimenta, à Grenoble, pour évoquer nos liens avec l'intelligence artificielle[59].
Le corps, le sexe et la santé
En 2017, elle donne une conférence intitulée "Anticiper le futur de la santé, un enjeu éthique" à l'Hôpital Saint-Louis de Paris[60] et participe à la table ronde "Le futur du sexe", avec Maïa Mazaurette, Agnès Giard et Yann Minh, à l'Opéra Bastille, dans le cadre du festival du Monde[61].
En 2019, elle collabore à la conception de l'exposition « Code : Alimentation. Explorez le futur de vos assiettes », en compagnie des auteurs de science-fictionLi-Cam, Jean-Claude Dunyach et Norbert Merjagnan. L'exposition est présentée au Quai des savoirs du 18 décembre 2019 au 6 septembre 2020 à Toulouse[62].
Les carrières féminines et la place des femmes dans l'imaginaire
Catherine Dufour intervient régulièrement dans les conventions et les médias sur des sujets liés à la place des femmes dans le milieu de l'imaginaire. Elle participe notamment aux tables rondes "Wonder Women II" (Utopiales, 2014[68]), "Mécanismes de la science-fiction masculine" (Utopiales, 2016[69]), "Le cinéma de science-fiction et les femmes"[70] et "Entre hypersexualisation et objectification"[71] (Intergalactiques, 2018).
En mars 2020, elle intervient dans l'émission La Méthode scientifique, sur France culture, sur le thème "SF : une littérature de genres ?", en compagnie de l'essayiste Ïan Larue et l'autrice Jeanne-A Debats[72]. En novembre 2020, elle participe au mook sur Dune, sous la direction de Lloyd Chéry, sous la forme d'un article intitulé "La revanche des sorcières ?", qui évoque la w sororité des Bene Gesserit[73].
2020 : prix Bob-Morane et prix des Imaginales pour le roman Danse avec les lutins et prix des lecteurs de Bifrost pour la nouvelle Des millénaires de silence nous attendent[75]
L’arrière-arrière-petit-neveu du chevalier Méthode, 2000, texte intégral en ligne sur catherinedufour.net
Euh, 2001, texte intégral en ligne sur catherinedufour.net
Wrapped wraith, 2002, texte intégral en ligne sur catherinedufour.ne
Alice under marmelade skies, traduction John Hywel, 2004, texte en anglais, texte intégral en ligne sur catherinedufour.net, publiée en version anglaise en 2020 dans le recueil Mirrormaze
Le petit chaperon rouge contre le mariage gay, in Le journal des Imaginales 2006, 2006, texte intégral en ligne sur catherinedufour.net
La Recoleta, 2007, texte intégral en ligne sur catherinedufour.net
Guedeja del mar, 2008, texte intégral en ligne sur catherinedufour.net
Le cahier trouvé à Astarojna, in revue Galaxie n° 5, 2009
Small jobs, in 10e biennale internationale du design de Saint Etienne, espace Extravaillances / Working dead, avec le collectif Zanzibar, mars-avril 2017, mise en son en ligne sur le site de la Biennale
L’éternel été, feuilleton en 6 épisodes, in Le Nouvel Obs, juillet-août 2019
Un drone bleu Amazon, in Le 1 Hebdo, 27 mai 2020
L’instinct matériel, in exposition Sens-fiction, Tripostal, Lille, 16 septembre au 15 novembre 2020
Des millénaires de silence nous attendent, in Bifrost, octobre 2020 – Prix des lecteur-es
Chanson de la dernière tour, in Rapport Vigie 2020, Scénarios de rupture à l’horizon 2040-2050, Futuribles international, décembre 2020
La folle journée de Ronron3000, in Sciences & Vie Junior Hors série, janvier 2021
Quidditch sur la lune, in Destination Lune, Ed. ANRT, 2021
Anthologies et ouvrages collectifs
Appel d'air, ActuSF, 2007
Les Noëls électriques, Les Moutons électriques, 2007
Rois et capitaines, Mnémos, 2009
Nous sommes Charlie, Livre de poche, n° 33861, janvier 2015, p. 52-53. (ISBN978-2-253-08733-5) avec une texte titré La Une à laquelle on n'a pas échappé.
Au bal des actifs – Demain le travail, La Volte, 2017
↑Jacques Baudou, « Catherine Dufour : délires de chasseur », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑Mélanie Rebeaud, « Blanc comme la neige noire des cauchemars », Merlin, don du ciel et excroissance de l'enfer ?
Le bien et le mal dans un corpus médiéval et un texte de Catherine Dufour, mémoire de maîtrise, Lausanne, Université de Lausanne, (lire en ligne)