Iris Murdoch, née le à Dublin et morte le à Oxford, est une écrivain et philosophe irlandaise.
Biographie
Elle naît en 1919 à Dublin[1] dans le quartier résidentiel de Phibsborough. Son père, Wills John Hughes Murdoch, est issu d'une famille protestante presbytérienne d'éleveurs de moutons du comté de Down, près de Belfast. Sa mère, Irene Alice Richardson, chanteuse de formation, vient d'une famille protestante de Dublin[1]. Durant la jeunesse d'Iris, ses parents déménagent à Londres où son père devient fonctionnaire[1]. Iris s'inscrit alors au Somerville College d'Oxford pour y étudier les classiques, l'histoire ancienne et la philosophie. Elle fréquente ensuite le Newnham College de Cambridge, où elle perfectionne sa formation en philosophie avec notamment le professeur Ludwig Wittgenstein[2] . En 1948, elle décroche un poste d'enseignante au St Anne's College d'Oxford. Elle y enseigne de 1948 à 1963, puis aux Beaux-Arts jusqu'en 1967[2].
Elle publie plusieurs essais philosophiques, dont la première étude en langue anglaise consacrée au philosophe Jean-Paul Sartre, publiée en 1953[1],[2]. Son premier roman, Under The Net, paraît en 1954. En 1956, elle rencontre et épouse à Oxford John Bayley, également romancier et professeur de littérature anglaise. En 1995, elle commence à subir les effets de la maladie d’Alzheimer. Elle meurt en 1999 à l'âge de 79 ans[2],[3]. L'œuvre d'iris comporte vingt-cinq romans ainsi que plusieurs études et pièces de théâtre.
Romans
Iris Murdoch est fortement influencée par Platon, Raymond Queneau, Sigmund Freud et Jean-Paul Sartre. Ses romans, intenses et étranges, sont remplis d’humour noir et de retournements de situation imprévisibles. Ils sont également marqués par sa formation de philosophe[1],[4]. Pour autant, ses œuvres de fiction ne se veulent pas didactiques. Dans ses romans, Iris Murdoch n’oublie pas qu’elle est philosophe, mais c'est avant tout une romancière, habile à faire naître des personnages, à les faire vivre et à créer des situations qui tiennent le lecteur en haleine[5]. Ses romans explorent les dessous apparemment « civilisés » de ses personnages, issus pour la plupart de la classe sociale supérieure. Leurs scénarios mettent en scène des personnages homosexuels, notamment dans The Bell (1958) et dans A Fairly Honourable Defeat (1970). D'autres sont carrément machistes et au pouvoir souvent démoniaque, qui imposent leur volonté, à l'image de son amant Elias Canetti qu'elle prend pour modèle.
Écrivain originellement réaliste, Iris Murdoch montre tout de même une certaine ambiguïté de ton dans son écriture. Elle recourt souvent aux procédés factices et trompeurs d'un certain symbolisme entremêlé d'éléments imaginaires, lors de scènes décrites avec force détails dans plusieurs de ses romans. The Unicorn (1963) pourrait être perçu comme un roman « gothique » modèle, au langage sophistiqué et plein de pièges, ou comme une brillante parodie du genre. Ainsi, le Prince noir de James Tait's Black Memorial Prize (1973) se révèle être une étude plutôt sombre sur les obsessions érotiques du personnage central. Au fil de l'intrigue, le propos devient de plus en plus complexe et se prête à de multiples interprétations, lorsque des personnages secondaires viennent contredire le narrateur et le mystérieux « éditeur » du livre dans une série de postfaces.
En 1978, elle remporte le très convoité Booker Prize pour The Sea, the Sea[6], un roman aux accents subtils sur le pouvoir et la perte de l'amour. Il met en scène un acteur à la retraite, le narrateur, envahi par la jalousie lorsqu'il revoit un être aimé, son premier amour d’adolescent, inaccompli[5].
Livres traduits en français
Essais philosophiques
La Souveraineté du Bien (The Sovereignty of Good, 1970), traduit de l'anglais et présenté par Claude Pichevin, Éditions de l'éclat, 1994. - (Coll. Tiré à part) [Philosophie] (de larges extraits consultables ici) Réédition L'éclat/poche, 2023
Acastos, deux dialogues platoniciens, traduit de l'anglais par Camille Fort, L'Arche éditeur, 2000.
L'attention romanesque : écrits sur la littérature et la philosophie, avant-propos George Steiner, traduit de l'anglais par Denis-Armand Canal, La Table-ronde, 2005. - (Coll. Contretemps)
Le Séducteur quitté (The Flight from the Enchanter, 1956), trad A. Der Nersessian, Du monde entier, Gallimard, 1964
Le Château de sable (The Sandcastle, 1957), trad Georges Magnane, Du monde entier, Gallimard, 1984
Les Eaux du péché (The Bell, 1958), trad Jérôme Desseine, Plon, 1961
Une tête coupée (A Severed Head, 1961), trad Yvonne Davet, Du monde entier, Gallimard, 1966
Une rose anonyme (An Unofficial Rose, 1962), trad Anne-Marie Soulac, Du monde entier, Gallimard, 1966
Le Château de la licorne (The Unicorn, 1963), trad Anne-Marie Soulac, Mercure de France, 1965
La Gouvernante italienne (The Italian Girl, 1964), trad Léo Lack, Du monde entier, Gallimard, 1967
Pâques sanglantes (The Red and the Green, 1965), trad Anne-Marie Soulac, Gallimard, 1989
Les Angéliques (The Times of the Angels, 1966), trad Anne-Marie Soulac, Gallimard, 1988
Les Demi-justes (The Nice and the Good, 1968), trad Lola Tranec, Du monde entier, Gallimard, 1970
Le Rêve de Bruno (Bruno’s Dream, 1969), trad Jean Queval, Du monde entier, Gallimard, 1971
Une défaite assez honorable (A Fairly Honourable Defeat, 1970), trad Yvonne Davet, Du monde entier, Gallimard, 1972
Un homme à catastrophes (An Accidental Man, 1971), trad Yvonne Davet, Du monde entier, Gallimard, 1974
Le Prince noir (The Black Prince, 1973), trad Yvonne Davet, Du monde entier, Gallimard, 1976
Amour profane, amour sacré (The Sacred and Profane Love Machine, 1974), trad Yvonne Davet, Du monde entier, Gallimard, 1978
Un enfant du verbe (A Word Child, 1975), trad Suzanne V. Mayoux, Du monde entier, Gallimard, 1979
Henry et Caton (Henry and Caton, 1976), trad Suzanne V. Mayoux, Du monde entier, Gallimard, 1980
La Mer, la mer (The Sea, The Sea, 1978), trad Suzanne V. Mayoux, Du monde entier, Gallimard, 1982
Les Soldats et les nonnes (Nuns and Soldiers, 1980), trad Paule Guivarch, Gallimard, 1988
L’Élève du philosophe (The Philosopher’s Pupil, 1983), trad Alain Delahaye, Du monde entier, Gallimard, 1985
Les Cloches (The Bell, 1959), trad Jérôme Desseine, Folio, Gallimard, 1985
L’Apprenti du bien (The Good Apprentice, 1985), trad Anny Amberni, Du monde entier, Gallimard 1987
Les Compagnons du livre (The Book and the Brotherhood, 1988), trad Paule Guivarch, Gallimard, 1990
Le Message à la planète (The Message to the Planet, 1989), trad Paule Guivarch, Du monde entier, Gallimard, 1992
Le Chevalier vert (The Green Knight, 1993), trad Paule Guivarch, Gallimard, 1996
Le Dilemme de Jackson (Jackson’s Dilemma, 1995), trad Paule Guivarch, Du monde entier, Gallimard, 2001
Théâtre
Les Trois flèches, suivi de Les Serviteurs et la neige (The Three Arrows ; The Servants and the Snow, 1973), trad Jacqueline Genet et Jean-Louis Lechevalier, Le Manteau d'Arlequin – Théâtre français et du monde entier, Gallimard, 1984.
Élégie pour Iris / John Bayley, traduit de l'anglais par Paule Guivarch, Éditions de l'Olivier, 2001. - (Évocation, par son mari, des quatre dernières années (entre 1994 et 1997) de la vie d'Iris Murdoch, atteinte de la maladie d'Alzheimer.)
Iris Murdoch, le dénouement/ John Bayley, traduit de l'anglais par Michèle Lévy-Bram, Bayard, 2001. - (Les derniers jours d'Iris Murdoch par son mari John Bayley)