En , elle est l'autrice du Manifeste des instituteurs syndicalistes publié sous le titre « Les Instituteurs syndicalistes et la guerre » par la section de la Charente de la Fédération nationale des syndicats d’institutrices et d’instituteurs publics. Ce texte rappelle la liberté de conscience des instituteurs et l’impossibilité pour eux de devenir des « bourreurs de crânes ». Il sera rejeté, , par le conseil fédéral de l’enseignement[3],[4].
En , Marie et François, tous les deux instituteurs à l'école communale de Dignac, publient une brochure pacifiste intitulée Les instituteurs syndicalistes et la guerre. Ils collent également des petits papillons proclamant : « Assez d’hommes tués, la Paix ! » ou « La Paix sans annexions, sans conquêtes, sans indemnités »[5].
Ils font partie des instituteurs qui protestent contre l’envoi d’un opuscule violemment anti-allemand, « Leurs crimes », que les enseignants doivent lire avec leurs élèves[5].
Ils sont arrêtés, traduits en justice condamnés à six mois de prison, aggravés, le , à deux ans en appel et révoqués pour « propos défaitistes »[6]. Leur jeune fils est alors accueilli par Madeleine Vernet.
Marie est libérée le , après 10 mois de réclusion (François après 17 mois). Révoqués de l'enseignement, ils ne seront réintégrés qu'en 1924 dans le cadre de l’amnistie de 1919.
En 1939, leur fils Jehan Mayoux fidèle aux convictions pacifistes de ses parents refuse la mobilisation. Insoumis, il est condamné à cinq ans de prison, mais parvient à s'évader. Il est repris par les autorités de Vichy et est déporté dans un camp de prisonniers de guerre en Ukraine[8]. Durant la Guerre d'Algérie, il réclame le droit à l'insoumission en signant le Manifeste des 121. Il est sanctionné, suspendu pendant cinq ans et déplacé d’office de son poste d’inspecteur primaire[9].
Œuvres
Institutrices et instituteurs contre la propagande et contre la guerre, Saumur, , texte intégral.
Les Instituteurs syndicalistes et la guerre, Dignac, 1917
Marie et François Mayoux, Notre affaire, Éditions de l'Avenir social, Épône, 1918, texte intégral.
Citation
« Ce que nous n'avons jamais accepté, et ce que nous n'accepterons jamais, ce que nous repoussons du pied avec une répugnance méprisante, c'est cette prétention du gouvernement de la République à nous transformer en agents politiques de la plus basse espèce, en propagandistes anti-boches, en pourvoyeurs d'un jusqu'au boutisme insensé, en missionnaires de la haine la plus aveugle, en bourreurs de crâne de nos propres élèves » - Les instituteurs syndicalistes et la guerre (1917).
Hommage
Une école primaire porte son nom et celui de son mari à Dignac[10].
Bibliographie
Max Ferré, Histoire du mouvement syndicaliste révolutionnaire chez les instituteurs, Société universitaire d’éditions et de librairie, 1955.
Annie Kriegel, Aux origines du communisme français, Mouton & co, 1964.
François Mayoux, préface de Daniel Guérin, Marie et François Mayoux, instituteurs pacifistes et syndicalistes. Mémoires, Canope, 1992, 366 pages, préface en ligne.
Charles Jacquier, André Bösiger, Souvenirs d'un rebelle - Marie et François Mayoux, Instituteurs pacifistes et syndicalistes, introduction de Daniel Guérin, postface de Madeleine Rebérioux, Mil neuf cent, 1994, vol. 12, n°1, pp. 248–253, lire en ligne.
Florence Montreynaud, L'aventure des femmes XXe – XXIe siècle, Nathan, 2011, lire en ligne.
Jean-Pierre Biondi, La mêlée des pacifistes : 1914-1945, Maisonneuve et Larose, 2000, lire en ligne.
(en) John Riddell, Toward the United Front : Proceedings of the Fourth Congress of the Communist International, 1922, BRILL, 2011, (ISBN90-04-20778-3), page 1239.
↑Louis Bouët, Trente ans de combats syndicalistes et pacifistes, texte intégral sur La bataille socialiste.
↑Danielle Delhome, Nicole Gault, Josiane Gonthier, Les Premières institutrices laïques : documents, Mercure de France, 1980, page 213.
↑ a et bColette Avrane, Hélène Brion, une institutrice féministe, Bulletin Archives du féminisme, n°5, juin 2003, lire en ligne.
↑Jean Combes (dir.) et Michel Luc (dir.), La Charente de la Préhistoire à nos jours (ouvrage collectif), St-Jean-d'Y, Imprimerie Bordessoules, coll. « L'histoire par les documents », , 429 p. (ISBN2-903504-21-0, BNF34901024, présentation en ligne), p. 307-308
↑François Bernard, Louis Bouët, Maurice Dommanget et Gilbert Serret, Le syndicalisme dans l’enseignement : Histoire de la Fédération de l’enseignement des origines à l’unification de 1935, t. 2, Grenoble, Institut d’Études Politiques de Grenoble, 1968-1969 (lire en ligne), p. 98
↑École primaire Marie et François Mayoux, Dignac, Direction départementale des services de l'éducation nationale de la Charente, Académie de Poitiers, lire en ligne.