Plusieurs hypothèses de datation de l'église originelle existent[1]. D'après la maçonnerie et les ressemblances architecturales des voûtes avec d'autres basiliques athéniennes, Geórgios Sotiríou fait remonter le monument initial aux VIIe – VIIIe siècles[1], tandis que l'historien de l'art Oskar Wulff défend une origine des VIIIe – IXe siècles[2]. Anastásios Orlándos et Andréas Xyngópoulos(el) datent quant à eux l'édifice primitif du Xe siècle[3], alors que Gabriel Millet opte pour l'hypothèse des XIe – XIIe siècles en se conformant à l'observation des chapiteaux[2],[4].
Récusant une datation aussi lointaine, John Freely souligne le manque de preuves historiques et architecturales en dehors de la tradition orale[5]. À l'occasion de fouilles, le IerÉphorat des antiquités byzantines a mis au jour des vestiges de deux phases architecturales de la période intermédiaire(el) (843-1204), plusieurs tombes[6], ainsi qu'une mosaïque du Ve siècle[7]. Il apparaît toutefois difficile de retracer avec certitude la vocation des vestiges découverts.
Au début du XVIIe siècle, une nouvelle structure relativement proche de l'église actuelle est vraisemblablement érigée[9], empruntant à l'architecture ottomane certains éléments de conception des voûtes[10],[11]. En 1678, un sigillion(en) du PatriarcheDionysios IV de Constantinople mentionne le lieu comme katholicon du « Grand monastère » (Μεγάλο Μοναστήρι)[2] de femmes, propriété de Nicolas Bonefaci[11]. L'institution monastique tirait sa renommée du tissage[8] et les nombreux magasins qu'elle possédait dans la zone lui garantissaient des richesses considérables[12]. À partir de 1690, l'église principale du monastère devint église paroissiale au même titre que le monastère de Kaisarianí[2].
Des fouilles furent conduites vers 1885, ce qui entraina la démolition des nombreux bâtiments qui formaient le complexe monastique[12]. Une décennie plus tard, l'inauguration de la gare de Monastiráki participa également au bouleversement du monastère en déclin depuis l'indépendance grecque[12],[13]. Jadis « Grand monastère », l'institution prit peu à peu le nom populaire actuel de « Petit monastère » (Μοναστηράκι)[2], qui désigne aussi par extension le quartier environnant[8]. L'église fut une nouvelle fois rénovée en 1890[12]. En 1907, des travaux d'aménagement de la place[14] donnèrent à l'endroit une physionomie plus proche des espaces publics actuels. Enfin, en 1911, sous la direction de l'architecte Ioánnis Kolliniátis[15], un nouveau clocher néoclassique remplaça le précédent[12],[16].
Ces multiples rénovations modernes furent toutefois atténuées par des opérations de restauration, menées à la fin du siècle dernier, afin de redonner à l'édifice l'aspect qu'il devait présenter au XVIIe siècle[17]. Bien que décrié, le clocher néoclassique observable de nos jours fut préservé[17],[18]. Les dommages causés par le séisme de 1999(en) et le chantier de la ligne 3 du métro d'Athènes inaugurée en 2003 entrainèrent la fermeture du lieu pendant 12 ans pour travaux. L'église rouvrit au culte en 2011[19].
Comme d'autres églises byzantines d'Athènes, l'édifice est situé à un niveau inférieur par rapport au sol actuel de la place[18],[27]. Dépourvu de narthex, il mesure 16 × 11,2 m[28] et l'épaisseur des murs varie entre 0,85 et 0,90 m[10]. La maçonnerie extérieure en pierre calcaire[29] intègre de nombreux remplois, notamment des chapiteaux antiques dans les angles[8] et deux tambours de colonne en marbre remontant au IVe siècle av. J.-C.[30].
La décoration intérieure actuelle est constituée de fresques réalisées par Spyrídon Chatzigiannópoulos dans le cadre des rénovations de la fin du XIXe siècle. Certaines icônes de l'iconostase sont l'œuvre de Fótis Kóntoglou[12]. Par ailleurs, le lieu abrite depuis 2015 la copie d'une icône de la Panagía Gorgoepíkoos qui fut possiblement adorée en son sein à l'époque byzantine et qui se trouve actuellement au musée de l'église Saint-Georges du Caire[31].
↑(en) Eugenía Drakopoúlou, « British School at Athens research into Byzantine Attica », dans Michael-Llewellyn Smith, Paschalis Kitromilides et Eleni Calligas, Scholars, travels, archives: greek history and culture through the British School at Athens (Actes de la conférence à la Fondation nationale de la recherche, 6-7 octobre 2006, Athènes), Athènes, British School at Athens, , 244 p. (ISBN978-090-488-760-0, lire en ligne), p. 145-151, p. 145-146.
↑(el) Chará Tzanavára, « Το μοναστήρι έγινε μοναστηράκι » [« Le monastère est devenu petit monastère »], sur www.efsyn.gr, (consulté le ).
↑(el) Vasilikí Mitropoúlou, Γεωμετρική τεκμηρίωση και χρονολόγηση των Ναών της Ιεράς Μονής του Οσίου Λουκά στο Στείρι της Λιβαδειάς: δημιουργία ιστοσελίδας προσανατολισμένων μνημείων της Ελλάδας [« Documentation géométrique et datation des églises du monastère d'Ósios Loukás à Stíri de Livadiá : création d'un site Internet des monuments orientés de la Grèce »] (mémoire de master de l'université polytechnique nationale d'Athènes), Athènes, , 161 p. (lire en ligne [PDF]), p. 21.
↑La principale source hagiographique (anonyme, Vie de saint Luc de Steirion, chap. 10) demeure toutefois vague sur la description du monastère athénien. Il apparaît ainsi difficile d'attribuer de manière certaine à la Panagía Pantánassa cet événement de la vie de saint Luc (voir (el) Ioánna Stoufí-Pouliménou, « Παρατηρήσεις στο καθολικό της μονής Αστερίου » [« Remarques sur le katholicon du monastère d'Asteríou »], Bulletin de la Société chrétienne d'archéologie, vol. 30, , p. 109-118 (ISSN1105-5758, lire en ligne), p. 109).
↑(en) George Kontokostas, Asimina Antonarakou, Marisa Fountopoulou et Chara Drinia, « Urban geology: educational proposal for Geoscience. A case study from the inner city of Athens, Greece. », Bulletin of the Geological Society of Greece, vol. 56, no 1, , p. 133-146 (ISSN2529-1718, lire en ligne), p. 141.
↑Ioannis Vitaliotis, « L’icône de la Vierge Gorgoépékoos au Vieux-Caire et l’archéologie de l’Athènes byzantine », dans Helen Saradi et Ekaterini Dellaporta (eds.), Actes de la conférence « Athènes byzantine », 21-23 octobre 2016, Athènes, , 403 p. (ISBN978-960-386-492-9, lire en ligne), p. 361-377, p. 375.
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(el) Dimítrios Kaboúroglou, Ιστορία των Αθηναίων [« Histoire des Athéniens »], t. II, Athènes, Pelekanos Books, (1re éd. 1890), 331 p. (ISBN978-960-400-680-9, lire en ligne), p. 280-281..
(en) John Freely, Strolling through Athens: Fourteen Unforgettable Walks through Europe's Oldest City, Londres, Penguin Books, , 363 p. (ISBN9780140126501), p. 228-229..
Raymond Janin, Les Eglises et les monastères des grands centres byzantins : Bithynie, Hellespont, Latros, Galèsios, Trébizonde, Athènes, Thessalonique, Paris, Institut français d'études byzantines, , 492 p. (ISBN90-429-3119-1)..
(en) John Travlos, Edward W. Bodnar et Alison Frantz, « The Church of St. Dionysios the Areopagite and the Palace of the Archbishop of Athens in the 16th Century », Hesperia: The Journal of the American School of Classical Studies at Athens, vol. 34, no 3, , p. 157-202..
(el) Andréas Xyngópoulos(el), « Τα βυζαντινά και τουρκικά μνημεία των Αθηνών [« Les monuments byzantins et ottomans d'Athènes »] », dans Konstantínos Kourouniótis et Geórgios Sotiríou (eds.), Ευρετήριον των μνημείων της Ελλάδος [« Index des monuments de Grèce »], t. 2, , 230 p. (lire en ligne), p. 59–122.