Aussi appelée Conférence de la solidarité des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, la Conférence tricontinentale (ou la « Tricontinentale ») eut lieu du 3 au à La Havane, à Cuba[1],[2],[3], et regroupa 82 pays du tiers monde. Cette conférence émane de l'Organisation de la solidarité des peuples afro-asiatiques (OSPAA) et elle a notamment été proposée d'abord par Mehdi Ben Barka et Che Guevara[4].
L'Organisation de la solidarité des peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine (Organización de Solidaridad de los Pueblos de África, Asia y América Latina, OSPAAAL) y a été fondée à cette occasion, le . Les participants provenaient de mouvements sociaux d'horizons politiques diverses : « nationalistes », « maoïstes », « trotskistes », etc. prônant ou non le droit à la résistance armée[4].
Un espoir né de la décolonisation
Il s'agit d'un mouvement tiers-mondiste aux nombreux objectifs :
Relier tous les mouvements de luttes pour l'indépendance stimulé par la conférence de Bandung (1955) et les partis communistes chinois et soviétiques, et stimuler la solidarité des pays du tiers monde.
Désignation des États-Unis comme principal ennemi.
Dénonciation du pillage du tiers monde.
Création de l'OSPAAAL (Organisation de la solidarité des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine[5]), et donc acceptation de l'Amérique latine dans l'OSPAA (Organisation de la solidarité des peuples d'Asie et d'Afrique).
Création de l'Organisation latino-américaine de solidarité (OLAS)[6].
Un échec programmé
La Conférence tricontinentale échoua pour plusieurs raisons :
L'absence de Mehdi Ben Barka, organisateur de cette conférence, très soutenu par des médias de gauche, enlevé peu avant à Paris en octobre 1965, avec la complicité des services français, limita la portée de cette conférence, qui sombra vite dans l'oubli.
La deuxième conférence prévue pour 1968 au Caire n'eut pas lieu, à cause de la guerre des Six Jours perdue par l'Égypte, alors que la gauche sud-américaine s'estimait étrangère au conflit israélo-arabe.
L'échec et la mort de Che Guevara en Bolivie en 1967[7], abandonné par ses alliés soviétique et cubain, les coups d'État militaires au Brésil, en 1964, et au Chili,, en 1973, l'assassinat politique de nombreux autres leaders tiers-mondistes dans les années qui suivirent.
Aussi, l'OSPAAL déclina rapidement. En effet, la puissance des États-Unis devint quasi-absolue à partir de 1990, l'idéologie capitaliste totalement dominante et les pays du tiers monde ne pouvant plus jouer de la rivalité entre l'Occident et le camp socialiste, désormais disparu.
« Le gouvernement de Cuba, accusé dès 1960 d'"exporter" la révolution et expulsé de l'Organisation interaméricaine, a tenté de se transformer en centre mondial de rayonnement et d'initiative révolutionnaires. C'est ainsi que se réunissait à La Havane en janvier 1966 la Conférence tricontinentale, nouveau Bandoeng révolutionnaire. »
« En juillet 1967, dans la capitale cubaine, la Conférence de l'OLAS (Organisation latino-américaine de solidarité) consacrait officiellement les multiples essais d'implantation de foyers « guérilleros » selon la stratégie castriste en Amérique latine. »
« Mais en Bolivie, une audacieuse tentative de faire des Andes la Sierra Maestra de l'Amérique du Sud se solde par la mort, en octobre 1967, du mythique lieutenant de Castro, Ernesto Guevara... Cet échec marque le début du désengagement cubain et symbolise la fin d'une étape. »