Né à Belfort de parents italiens, originaires du Piémont, il est naturalisé français à l'âge de dix-sept ans. Son père, ferblantier parcourant les rues de Belfort, meurt alors qu'il a 11 ans[1],[2]. Il doit alors interrompre ses études en classe de 1re à l'âge de 17 ans et entre comme ouvrier aux usines Peugeot[3],[2] pendant un an et demi comme ouvrier (OS2) à la chaîne, et y participe à la vie syndicale[4]. Il passe son baccalauréat en 1962, à 21 ans, par correspondance puis s'inscrit à la faculté de droit de Strasbourg. Il devient avocat stagiaire à 27 ans[1],[2] et s'inscrit au barreau de Belfort[3]. Il se fait connaître en 1972, en défendant Nicole Mercier, professeur de philosophie d'un lycée de jeunes filles mise en examen pour avoir abordé la sexualité en cours[5].
Raymond Forni est parlementaire durant cinq législatures entre 1973 et 2002. Il s'oppose à la loi « Sécurité et liberté » d'Alain Peyrefitte et aux discriminations pénales envers les homosexuels[2]. Il préside la Commission des lois de 1981 à 1985. En 1981, il est le rapporteur de la Loi sur l'abolition de la peine de mort[6] ; Raymond Forni soulignait qu'il s'agissait de son plus beau souvenir de parlementaire[1]. La même année, il est président de la commission des lois de l'Assemblée nationale[2].
À la fin de son mandat à la Haute Autorité de la communication audiovisuelle, il reconquiert des mandats locaux : en 1987 il redevient conseiller général de Delle, et est élu conseiller municipal de Delle en 1989. Puis, en 1988, il est réélu député, et devient vice-président de l'Assemblée nationale le 2 avril 1991 en remplacement de Michel Coffineau[8]. Battu aux législatives de 1993, Raymond Forni est réélu en 1997 mais de nouveau battu à celles de 2002. Il n'obtient pas l'investiture de son parti en 2007.
Longtemps réputé proche de Jean-Pierre Chevènement, l'animateur du courant CERES au sein du Parti socialiste, il ne le suit pas lors de la création du MDC en 1993 et reste au Parti socialiste où il rejoint les « mitterrandistes »[5]. Avec Jean-Pierre Chevènement se développe une relation d'amis et rivaux.
Parlementaire remarqué pour son travail, éloquent, il n'a jamais fait partie d'un gouvernement ; « Cher ami, vous devriez être ministre depuis longtemps » lui dit un jour François Mitterrand. « Monsieur le Président cela ne tient qu'à vous. »« Ah oui, mais vous êtes sur le Territoire de Belfort »[9].
Il eût été délicat que le même département, de 137 000 habitants, eût deux ministres à la fois, Jean-Pierre Chevènement ayant appartenu à la majorité des gouvernements de gauche des septennats Mitterrand.
Raymond Forni est de nouveau élu vice président de l'Assemblée le 28 octobre 1998[10], et ce jusqu'à son acension au perchoir. Ainsi, Christine Lazerges prend sa succession[11]. Au sommet de sa carrière politique, Raymond Forni devient le quatrième personnage de l'État en étant élu président de l'Assemblée nationale. Il occupe ce poste du au , où il succède à Laurent Fabius qui intègre le gouvernement. Cultivé, il était réputé pour son franc-parler et sa fermeté dans la direction des débats, parfois tranchant et malmenant les orateurs[1],[5].
Il est maire de Delle, une ville de 6600 habitants près de Belfort, de 1991 à 2004. En 2004 il laisse sa place de maire à Pierre Oser, conseiller général du canton de Delle depuis 2001, mais il reste au conseil municipal en devenant premier adjoint.
Il meurt à l'hôpital Saint-Louis de Paris le [12], à 66 ans, des suites d'une leucémie foudroyante[13], après une semaine d'hospitalisation. Il s'était marié deux fois[5] et était père de cinq garçons.
au : député du Territoire de Belfort (VIe législature)
au : député du Territoire de Belfort (VIIe législature, démission en cours de mandat, après sa nomination comme membre de la Haute autorité de la communication audiovisuelle)
au (IXe législature, député du Territoire de Belfort non réélu en 1993)
au (XIe législature, député du Territoire de Belfort, non réélu en 2002)
↑Site de campagne des régionales de 2004.. Avant les premières élections européennes de 1979, les députés européens étaient désignés au sein des parlements nationaux.
↑« M. Raymond Forni (PS), vice-président de l'Assemblée. », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )