Son carrefour avec le boulevard de Sébastopol marque la limite entre les deux arrondissements sur lesquels elle est située:
le 1er, à l'ouest
— du no 41 et la fin, côté impair, et du no 98 à la fin, côté pair — et
le 4e, à l'est — du début au no 39, côté impair, et du début au no 96, côté pair[1].
La partie occidentale de la rue a été percée sous le Premier Empire. Son côté nord est, sur une grande partie de sa longueur, bordé d’arcades dessinée par Percier et Fontaine. Les parties centrale et orientale ont été ajoutées lors des Transformations de Paris sous le Second Empire, afin de la connecter à la rue Saint-Antoine et de créer ainsi un grand axe est-ouest dans le centre de Paris.
Année 1789 : début du projet
Le premier projet d'axe est-ouest est compris dans le « plan d’utilité et d’embellissement de la Ville de Paris » établi en 1789 par l'architecte Charles de Wailly. La rue, apparemment assez étroite, figurant dans ce document aurait relié en ligne droite la colonnade du Louvre à la rue Saint-Antoine (à l'emplacement de l'arrivée actuelle de la rue de Rivoli). À cette date, une voie correspondant à l'actuelle rue de Rivoli le long du jardin des Tuileries ne pouvait être envisagée sur les terrains des couvents des Capucins et des Feuillants.
Le plan des artistes établi en 1797 reprend cette proposition et ajoute une rue de la place de la Concorde au Louvre dont la réalisation était devenue
possible, au moins de la place de la Concorde jusqu'au passage Delorme par la disponibilité des domaines de ces couvents devenus biens nationaux. Cette partie du plan des artistes correspond à la partie ouverte au début des années 1800. Son prolongement de la rue de Rohan à la rue Saint-Antoine qui nécessitait des expropriations n'est réalisée que de 1849 à 1855, non sur le parcours au départ de la colonnade du Louvre envisagé primitivement mais dans le prolongement en ligne droite du tronçon réalisé.
Projet de Charles de Wailly d'axe ouest-est 1789
Axe est-ouest sur le plan des artistes
Années 1800 : percement du premier tronçon de la rue
*Article 1 : les terrains appartenant à la République, situés dans le cul-de-sac du Manège, longeant la terrasse des Feuillants, ainsi que l'ensemble des terrains occupés par les Feuillants, les Capucins et l'Assomption seront mis en vente.
*Article 2 : le plan annexé au présent arrêté sera suivi et exécuté dans toutes ses parties et servira de base pour dresser le cahier des charges.
*Article 3 : le manège sera établi à Saint-Cloud dans le courant de l'été.
*Article 4 : l'aile du Nord du palais des Tuileries sera disposée pour le service des caisses d’État et des différentes sections, conformément au plan annexé au présent arrêté.
*Article 6 : il sera fait dans le courant de l'été, à l'école militaire, les augmentations nécessaires pour loger deux bataillons complets, indépendamment de la cavalerie.
*Article 7 : tous les fonds provenant des ventes ordonnées par le présent arrêté, seront versés dans la caisse du trésorier du gouvernement, à la charge de pourvoir à toutes les dépenses que nécessiteront ces travaux.
*Article 8 : le ministre des Finances et le gouverneur du Palais sont chargés de l'exécution du présent arrêté.
Des conditions drastiques sont insérées dans chaque contrat d'aliénation. Elles prévoient « de bâtir les façades en pierre d'après les plans et dessins des architectes du palais, approuvés par le gouvernement ; de daller en pierre dure le sol de la galerie ; de paver la rue dans la largeur vis-à-vis chaque division de terrain, conformément aux règlements établis à ce sujet ».
D'autres conditions montrent la volonté de faire de la rue un espace exempt des incommodités : « Les maisons ou boutiques qui seront construites sur ce lot ne pourront être occupées par des artisans et ouvriers travaillant du marteau ; elles ne pourront non plus être occupées par des bouchers, charcutiers, pâtissiers, boulangers, ni autres artisans dont l'état nécessite l'usage d'un four ; il ne sera mis aucune peinture, écriteau ou enseigne indicative de la profession de celui qui occupera sur les façades ou portiques des arcades qui décoreront le devant des maisons sur la dite rue projetée. »
« Article 1er. Le gouvernement est autorisé à concéder aux propriétaires limitrophes, les portions de terrains qui resteront disponibles après le percement de la rue parallèle à celle de Saint-Florentin et qui longe les derrières de l'hôtel de l'Infantado, ainsi que les portions qui s'étendent depuis le palais du troisième consul, jusqu'à la rue de la Convention, ensemble les terrains qui se trouvent contigus et dans l'alignement de la propriété du citoyen Boivin ».
« Article 3e. Les acquéreurs seront tenus d'élever à leurs frais, dans le délai de deux années, à compter du jour de la vente, les constructions désignées aux plans arrêtés par le gouvernement, sous peine de déchéance, avec perte des termes payés, ou de payer les constructions des façades que le gouvernement serait autorisé à faire ».
« Article 4e. Les ventes faites et celles à effectuer des domaines nationaux situés entre la rue Saint-Florentin, la rue Neuve, la rue Saint-Honoré et la rue de l'Échelle, qui avaient été réservés par la loi du 3 nivôsean VIII (24 décembre 1799), soit par enchères, soit par estimation, sont pareillement approuvées et autorisées, pour le produit en être employé jusqu'à due concurrence aux constructions et embellissements dont les plans ont été ou seront approuvés par le gouvernement, etc.[2]. »
Le percement de cette première partie de la rue de Rivoli fait disparaitre, partiellement ou totalement :
Le percement de la rue est achevé en 1804 et les 22 premières arcades sont construites en 1807, 17 en bordure du jardin de l'hôtel de Noailles, 5 au bord de l'hôtel de Breteuil mais ces arcades restent vides et en 1809 seules 3 maisons sont en construction sur la rue de Rivoli et la rue de Mondovi[3].
Une exemption d'impôt d'une durée de 20 ans est décidée le 28 décembre 1811 pour attirer les investisseurs mais la rue reste presque déserte sous la Restauration et ne se construit que vers 1830[3].
La construction d'un hôtel des postes est décidée en 1811 à l'emplacement des actuels numéros 234 à 234. Ce bâtiment édifié par l'architecte Destailleur est achevé en 1824 et affecté au ministère des Finances. L'immeuble détruit par un incendie en 1871 sous la Commune est reconstruit sous une apparence identique et change d'affectation. La rue Rouget-de-L'Isle est ouverte à cet emplacement[4].
Emplacements des bâtiments disparus
nos 190 à 194 (20 arcades) : grande écurie vendue en 1806
nos 194 bis à 200 (9 arcades) : hôtel de Breteuil vendu en 1835
Les bâtiments détruits lors de l'ouverture de la rue donnaient sur le jardin des Tuileries.
Vue aérienne de la rue de Rivoli avant le prolongement à l'est de la rue de Rohan.
Plan de la zone située entre la place Louis-XV et les rues Saint-Nicaise et de Rohan correspondant aux limites de la première partie de la future rue de Rivoli (1817-1840).
Années 1840-1850 : prolongement de la rue
Plusieurs projets de réunion du Louvre et des Tuileries sont présentés au début du XIXe siècle prévoyant le prolongement de la rue de Rivoli entre la rue de Rohan et la place de l'Oratoire. Louis Visconti est chargé en 1848 d’établir un nouveau projet. Il prévoit également la construction d'une grande galerie et le prolongement de la rue. Les abords du Louvre et des Tuileries sont dégagés et la première pierre du nouveau Louvre est posée le . Le , le prolongement des arcades entre la galerie Delorme et la rue du Louvre est déclaré d'utilité publique[7],[8]. Les Grands Magasins du Louvre et le premier hôtel du Louvre sont alors construits.
Article 3 : la ville de Paris est autorisée à acquérir en totalité toutes les propriétés qui seront atteintes par le percement, et à vendre les portions qui resteront en dehors des alignements, en les lotissant, pour la construction de maisons d'habitation bien aérées.
Article 4 : les expropriations seront poursuivies dans les formes tracées par la loi du 3 mai 1841.
Article 5 : la ville de Paris est autorisée à émettre en cinq ans, jusqu'à concurrence de neuf millions d'obligations municipales, remboursables par annuités, pour le paiement des indemnités relatives à l'ouverture de la nouvelle rue.
Article 6 : les maisons nouvelles de cette rue seront pendant sept ans affranchies des contributions foncières et des portes et fenêtres, à partir de la date du présent décret.
Article 7 : le membre du gouvernement provisoire, maire de Paris, est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, en Conseil de gouvernement, le 3 mai 1848. (Signé) : les membres du gouvernement provisoire. »
« Au nom du peuple français, Le président de la République, sur le rapport du ministre de l'Intérieur, Vu les ordonnances des 26 décembre 1830, 4 mai 1836, 4 août 1838 et 1er mai 1842, qui ont arrêté les alignements des rues de Lobau, François-Miron, du Pourtour-Saint-Gervais, de la place Baudoyer et de la rue de la Tixéranderie, à Paris ; Le plan projeté pour isoler l'Hôtel de Ville des propriétés qui l'avoisinent, plus complètement qu'il ne le serait par l'exécution des alignements qui ont arrêté les ordonnances susmentionnées, lequel plan comprend, entre autres dispositions :
1° L'ouverture, à partir de la rue des Coquilles, d'une rue (la rue de Rivoli) de 35 mètres de largeur, parallèle à la façade nord-est de l'Hôtel de Ville, et se dirigeant en ligne directe jusqu'à la place du Marché-Saint-Jean ;
2° La suppression de la rue des Deux-Portes et son remplacement par une rue de 15 mètres de largeur, faisant suite à celle des Billettes ;
3° La suppression complète des maisons numéros impairs, de la rue de la Tixéranderie et de celles comprises dans l'îlot circonscrit par cette rue et les rues de Lobau, François-Miron, du Pourtour-Saint-Gervais et la place Baudoyer, avec réserve sur les terrains devenus libres, de l'emplacement nécessaire à la construction d'une caserne ; La proposition du préfet de la Seine tendant à faire déclarer d'utilité publique l'exécution des dispositions ci-dessus indiquées, et à obtenir pour la ville l'autorisation d'acquérir, à l'amiable ou par voie d'expropriation, les immeubles nécessaires ; Les procès-verbaux d'enquête et les réclamations qui se sont produites ; Les délibérations de la commission municipale de Paris en date des 20 avril, 11 mai, 27 juillet et 29 novembre 1849 ; La lettre du ministre de la Guerre du 15 mars 1850, celle du préfet, ensemble toutes les pièces de l'affaire ; Les lois des 16 septembre 1807, 3 mai 1841, et l'ordonnance réglementaire du 23 août 1835 ; Le comité de l'Intérieur et la section d'administration du Conseil d'État entendus, décrète :
Article 1 : est déclarée d'utilité publique l'exécution des dispositions indiquées sur le plan ci-annexé, et qui ont pour objet d'isoler l'Hôtel de Ville de Paris des maisons qui l'avoisinent au moyen :
1° De l'ouverture d'une rue (la rue de Rivoli) de 35 mètres de largeur, parallèle à la façade nord-est de l'Hôtel, et partant de l'angle de la rue des Coquilles, pour aboutir en ligne directe à la place du Marché-Saint-Jean ;
3° De la suppression complète des maisons numéros impairs de la rue de la Tixéranderie et de celles comprises dans l'îlot circonscrit par cette rue et les rues de Lobau, François-Miron, du Pourtour-Saint-Gervais et la place Baudoyer, avec réserve sur les terrains devenus libres, de l'emplacement qui sera jugé nécessaire pour la construction d'une caserne ; En conséquence, sont considérés comme nuls et non avenus en ce qu'ils auraient de contraire aux dispositions qui précèdent, les alignements arrêtés pour les abords de l'Hôtel de Ville par les ordonnances des 26 décembre 1830, 4 mars 1836, 4 août 1838 et 1er mai 1842.
Article 2 : la ville de Paris est autorisée à acquérir à l'amiable, ou, s'il y a lieu, par voie d'expropriation, conformément à la loi du 3 mai 1841, les immeubles et portions d'immeubles qu'il sera nécessaire d'occuper pour l'exécution du plan ci-annexé.
« Au nom du peuple français, Louis-Napoléon, président de la République française, sur le rapport du ministre de l'intérieur, de l'agriculture et du commerce, Vu les articles 2 et 3 de la loi du 3 mai 1841 ; vu l'article 13 de la loi du 13 avril 1850 ; vu l'article 3 de la loi du 4 août 1851 ; Considérant que l'exécution de la loi du 4 août 1851 qui autorise l'ouverture de la rue de Rivoli depuis le Louvre jusqu'à l'Hôtel de Ville, ne paraît pas avoir complètement rempli le but du gouvernement, qui s'était proposé, en ouvrant une grande voie de communication au milieu des vieux quartiers de Paris, non seulement de faciliter la circulation aux abords des halles et de l'Hôtel de Ville, mais d'assainir les rues traversées par la voie nouvelle ; Considérant que les parcelles de terrain restées en dehors de l'alignement de la rue de Rivoli, teintées en jaune sur le plan annexé à la loi du 4 août 1851, qui ont été expropriées par la ville de Paris, ne permettent pas, par leur reconstruction, et par la disposition que la ville pourra en faire, de modifier assez profondément les rues adjacentes, pour y assurer la circulation et l'établissement, dans des conditions convenables de salubrité, des nombreuses industries qui se pressent dans ce quartier populeux ; Considérant qu'il est du devoir du gouvernement de profiter de l'ouverture de la rue de Rivoli pour prendre immédiatement les mesures qui satisfassent, aussi complètement que possible, aux besoins les plus urgents de voirie et de la salubrité publique des deux côtés de la grande artère ouverte à la circulation entre les halles et l'Hôtel de Ville, décrète :
Article 1 : il sera immédiatement procédé à la reconnaissance des maisons situées sur l'alignement de la rue de Rivoli entre le Louvre et l'Hôtel de Ville, ou tenant aux parcelles teintées en jaune sur le plan et déjà expropriées ; qui, soit pour le besoin de la circulation et afin d'élargir les rues adjacentes, soit en raison de leur insalubrité, en exécution de la loi du 13 avril 1850, devront être expropriées pour cause d'utilité publique, après l'accomplissement des formalités prescrites par la loi du 3 mai 1841. Les plans comprenant le périmètre et la nature des travaux à exécuter seront faits et déposés dans le délai de quinze jours, afin d'être soumis aux enquêtes.
Article 2 : les registres prescrits par l'article 5 de l'ordonnance du 18 février 1834 resteront ouverts pendant un mois à la préfecture de la Seine et aux mairies des arrondissements traversés par la ligne des travaux.
Article 3 : une commission de onze membres, choisis par nous, dont cinq seront pris dans la commission municipale de Paris, sera créée en exécution de l'article 6 de la dite ordonnance du 18 février 1834. Ces opérations et son procès-verbal seront terminés dans le délai de quinze jours.
Article 4 : la même commission sera chargée de suivre et de surveiller l'exécution du présent décret et de la loi du 4 août 1851, pour nous en rendre compte, et de nous donner son avis toutes les fois que nous le réclamerons.
Article 5 : sont nommés membres de cette commission : MM. le PRÉFET DE LA SEINE ; CARLIER, BOUDET, FRÉMY, conseillers d’État; DEVINCK, LANQUETIN, députés; PEUPIN, DUPERIER, THIERRY, membres de la commission municipale; DE GISORS, BRUZARD, architectes.
« Louis Napoléon, président de la République française, sur le rapport du ministre de l'intérieur, Vu le plan indiquant les immeubles à exproprier pour rendre possible, conformément aux alignements arrêtés, rétablissement de constructions sur divers points de la rue de Rivoli, au nord de l'Hôtel de Ville, et dans les rues du Coq et des Deux-Portes, qui en forment les abords, à Paris ; Vu le procès-verbal de l'enquête à laquelle il a procédé ; la délibération de la Commission municipale en date du 18 juin 1852 ; L'avis du préfet de la Seine ; Vu les lois des 16 septembre 1807 et 3 mai 1841, l'article 3 du décret du 26 mars 1852, La section de l'intérieur du Conseil d’État entendue, décrète :
Article 1 : est déclarée d'utilité publique l'acquisition par la ville de Paris des immeubles désignés par une teinte jaune au plan ci-annexé. En conséquence, le préfet de la Seine, agissant au nom de la ville, est autorisé à acquérir, soit à l'amiable, soit par voie d'expropriation, la totalité des dits immeubles, pour en opérer ensuite la revente aux enchères publiques, déduction faite des portions nécessaires à l'exécution des alignements.
« Napoléon, etc. Sur le rapport de notre ministre secrétaire d’État au département de l'Intérieur, Vu le décret du 26 mars 1852 concernant la rue de Rivoli, à Paris, et portant nomination d'une commission spéciale chargée de surveiller les travaux d'ouverture de cette rue et de reconnaître les expropriations supplémentaires dont le besoin se ferait sentir dans l'intérêt de la circulation de la salubrité et de l'embellissement ; Les propositions de cette commission, en date du 13 avril suivant ; Les additions proposées par le préfet de la Seine ; Les pièces de l'enquête ; Les délibérations de la commission municipale, en date des 4, 18 juin et 16 décembre 1852 ; L'avis de la commission spéciale, en date du 20 novembre 1852, favorable aux additions proposées par l'administration municipale ; Les lois des 16 septembre 1807, 3 mai 1841, 13 avril 1850, l'article 13 du décret du 26 mars 1852 relatif aux rues de Paris, et l'ordonnance réglementaire du 23 août 1835 ; La section de l'intérieur de notre Conseil d’État entendue, avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1 : est déclarée d'utilité publique, pour l'achèvement des abords de la rue de Rivoli, l'occupation des bâtiments et terrains indiqués sur un plan ci-annexé, savoir : par des teintes vertes et d'une superficie d'environ 7 300 mètres ; Par des teintes bleues et d'une superficie d'environ 2 500 mètres ; Et enfin par des teintes violet foncé et d'une contenance d'environ 500 mètres ; Ces derniers immeubles nécessaires à la rectification d'une partie du côté ouest de la place de l'Hôtel-de-Ville et du débouché de la rue de la Vannerie[16] sur cette place. En conséquence, le préfet de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est autorisé à acquérir tous les immeubles ci-dessus désignés, soit à l'amiable, soit, s'il y a lieu, par voie d'expropriation, conformément à la loi du 3 mai 1841.
Article 2 : notre ministre secrétaire d'État au département de l'Intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.
« Napoléon, etc., Sur le rapport de notre ministre d'Etat : Vu le projet présenté par l'administration municipale de Paris pour le complément des dispositions arrêtées par le décret du 25 décembre 1852, relativement au dégagement,des abords du Louvre et de la rue de Rivoli ; Vu les délibérations de la commission municipale en date des 29 avril et 26 août 1853 ; Vu le plan des lieux ; Vu les procès-verbaux de l'enquête à laquelle il a été procédé dans les premier, deuxième et quatrième arrondissements ; Vu la lettre de notre ministre de l'Intérieur portant approbation de la délibération de la commission municipale de Paris ; Vu les lois du 3 mai 1841 et du 4 octobre 1849 ; Vu les décrets des 26 mars et 23 décembre 1852 ; La section de l'intérieur, de l'instruction publique et des cultes de notre Conseil d’État entendue, avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1 : Est déclaré d'utilité publique le complément du dégagement des abords du Louvre et de la rue de Rivoli, conformément aux plans ci-annexés, indiquant, par une teinte jaune et un liseré rouge, les immeubles à comprendre dans les expropriations. Il sera statué ultérieurement sur les alignements définitifs des voies publiques comprises dans les dites expropriations. Les maisons à élever en regard de la colonnade du Louvre, sur la place du Louvre et en retour sur celle de Saint-Germain-l'Auxerrois, seront construites suivant une décoration uniforme.
Article 2 : Le préfet de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est, en conséquence, autorisé à acquérir, soit à l'amiable, soit par voie d'expropriation, conformément à la loi du 3 mai 1841, les immeubles désignés dans l'article précédent.
Article 3 : La dépense d'exécution de ce projet sera supportée, savoir : dans la proportion des deux tiers par l’État et d'un tiers par la ville, pour la partie comprise entre le passage Delorme, le passage Saint-Guillaume[16] et l'axe de la rue de la Bibliothèque[16] ; Et, dans la proportion de la moitié, pour la partie comprise entre cette dernière ligne, l'Oratoire et le retour sur la place du Louvre jusqu'au quai. Le produit des terrains et des matériaux à revendre sera imputé en déduction des dépenses à répartir, comme il vient d'être dit ci-dessus. La portion des dépenses à la charge de l'État sera remboursée à la ville de Paris, dans le courant des exercices 1854 et 1855.
Article 4 : notre ministre secrétaire d'État et notre ministre des Finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret. »
Les délibérations de la commission municipale en date des 18 août et 19 septembre 1854 tendant à faire déclarer ces projets d'utilité publique ; Les pièces de l'enquête a laquelle il a été procédé les 11, 12 et 13 septembre 1854 ; L'avis du préfet de la Seine ; Les lois des 16 septembre 1807, 3 mai 1841 et l'ordonnance réglementaire du 23 août 1835 ; Le décret du 26 mars 1852 (article 2) ; La section de l'intérieur de notre Conseil d’État entendue, avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1 : sont déclarés d'utilité publique dans la ville de Paris :
En conséquence, le préfet de la Seine est autorisé à acquérir, soit à l'amiable, soit, s'il y a lieu, par voie d'expropriation, conformément à la loi du 3 mai 1841 et au décret du 26 mars 1852, les propriétés ou portions de propriétés nécessaires à l'exécution de ce projet.
Ce prolongement s'effectue par d'immenses travaux dans les années 1850 qui comprennent l'arasement de la butte Saint-Jacques de la Boucherie pour établir la continuité d'un profil régulier de la nouvelle rue ce qui entraine la destruction et reconstruction du quartier entre la place du Châtelet et la place de l'Hôtel-de-Ville avec l'ouverture de nouvelles voies notamment l'avenue Victoria et la création du square de la tour Saint-Jacques. Cet arasement explique le surplomb de la tour Saint-Jacques avec des marches du square à la plateforme du niveau d'entrée et les escaliers de la rue Cloche-Perce de part et d'autre de la rue de Rivoli pour accéder aux rues parallèles restées à leur niveau d'origine, rue du Roi-de-Sicile au nord, rue François-Miron (anciennement tronçon de la rue Saint-Antoine) au sud, les marches sur un trottoir de la rue des Mauvais-Garçons, les marches de la rue Saint-Bon et la pente à l'entrée de la rue des Archives vers la rue de la Verrerie également non nivelée[17].
L'immeuble du ministère de l'Économie et des Finances[18], installé depuis 1824 aux numéros 234 à 244, entre la rue de Castiglione et la rue Cambon, est également incendié. De nouveaux bâtiments sont reconstruits sous une apparence identique autour de la rue Rouget-de-L'Isle, ouverte à cette époque. Ces bâtiments sont affectés à des établissements privés (hôtel, commerces) et au logement[19].
Le ministère des Finances est transféré de l'autre côté de la rue dans l'aile Richelieu du Louvre, édifiée sous le Second Empire, épargné des incendies. Ce bâtiment accueillait auparavant, de 1857 à 1870, les bureaux du ministre des Finances Achille Fould, le secrétariat général et les salons de réception. Le ministère y est resté jusqu'à son transfert en 1989 à Bercy.
Le , le président de la République Émile Loubet et le roi d'Espagne Alphonse XIII, alors en visite officielle à Paris, sortent indemnes d'un attentat à la bombe à main visant leur cortège, alors que celui-ci se trouvait à l'angle de la rue de Rohan et de la rue de Rivoli[20].
La répartition des circulations évolue à la fin des années 2010 : après un premier aménagement entre Saint-Paul et Hôtel de Ville, la rue de Rivoli dispose en septembre 2018 d'une file pour les bus, une pour les autres véhicules motorisés et une piste pour les vélos jusqu'au boulevard de Sébastopol[22].
Le , la maire de Paris Anne Hidalgo annonce que les 50 km de pistes cyclables dites « coronapistes » en raison de leur aménagement durant la pandémie de Covid-19, sont pérennisées et la circulation interdite aux voitures (y compris les VTC) et deux-roues motorisés, seuls les bus, taxis et véhicules professionnels étant admis à circuler[23].
En 2003, plus de 25 000 véhicules quotidiens, tous modes confondus, étaient comptabilisés sur l'intégralité de la rue de Rivoli[24]. Au mois de janvier 2024, le compteur multimodal installé au niveau de la rue des Bourdonnais fait apparaitre qu'en moyenne 10 000 à 14 000 vélos et trottinettes étaient comptabilisés sur ce seul point les jours ouvrés, ainsi que 4 000 à 6 000 autres véhicules (bus, voitures, 2 roues motorisés et véhicules lourds)[25]. Au mois de mai 2024, malgré les ponts et la météo maussade, ce sont plus de 15 000 vélos et trottinettes et 6 000 à 7 000 autres véhicules qui sont quotidiennement comptabilisés les jours ouvrés[26].
Voies et monuments disparus ou raccourcis
Le percement de la rue et ses opérations connexes, comme l'extension de la place de l'Hôtel-de-Ville et le percement de la rue des Halles par exemple, entraînent la disparition, totale ou partielle, d'un grand nombre de rues anciennes[27] :
Appelée vulgairement le « Savot aux Dames », cette prison était réservée aux vassaux parisiens de l'abbaye de Montmartre. L'enceinte, qui comprenait la prison, avec son tribunal et deux corps de logis, était accessible par la rue de la Heaumerie à peu près au débouché de l'actuel boulevard de Sébastopol et de la rue de Rivoli. Cette prison, qui était obscure et malsaine, est fermée en 1674[33],[34],[35].
Hôtel des Grandes-Écuries du Roi
L'« hôtel des Grandes-Écuries du Roi » et des maisons des pages était un vaste établissement situé, au XVIIIe siècle, au nord et dans le prolongement du palais des Tuileries et était limité à l'ouest par le cul-de-sac du Dauphin. Son emplacement est principalement occupé par la place des Pyramides, et également par une partie des rues des Pyramides et de Rivoli[34],[36].
Il y avait autrefois à ce carrefour un pilori et une échelle patibulaire, comme celle du Temple. C'était là, dit Sauval, que se faisait l'exécution de l'essorillement, genre de supplice dont on punissait les condamnés aux galères. Dans les ouvrages d'anciens auteurs est indiqué qu'on coupait une oreille à un coupeur de bourses, ou à un domestique convaincu de vol pour la première fois, les deux oreilles pour la deuxième, et qu'à la troisième il était condamné à mort.
Passage du Manège
Le « passage du Manège » ou « Cour du Manège » était situé en longueur entre la salle du Manège, auquel il conduisait (d'où son nom) à l'ouest, et la rue du Dauphin (tronçon de l'actuelle rue Saint-Roch), qui était le prolongement de la rue Neuve-Saint-Roch, et du passage des Écuries-du-Roi à l'est, en largeur entre des hôtels particuliers au nord, hôtel de Noailles, hôtel de Boulogne, hôtel de Breteuil et le jardin des Tuileries au sud. C'est dans la salle du Manège, correspondant au no 230 de la rue de Rivoli, que fut jugé Louis XVI et où fut proclamée la 1re République[37].
Le « marché des Quinze-Vingts» était situé dans le « passage des Quinze-Vingts », dans lequel il était inclus, quartier des Tuileries, dans l'ancien 1er arrondissement de Paris. Le passage commençait aux nos 4-6 rue Saint-Louis-Saint-Honoré et finissait au no 265 rue Saint-Honoré. Le passage et le marché sont visibles à l'Ouest de la rue Saint-Nicaise sur les plans de Jaillot de 1713 (sous le nom de « le Petit Marché de la rue Saint-Honoré »), de Roussel de 1731, de Jaillot de 1775 et de Junié de 1786. Ce passage est ainsi nommé parce qu'il se situe, comme les maisons qui l'entourent, à l'emplacement d'un vaste clos de 45 arpents (env. 15 ha) ayant appartenu à l'hospice des Quinze-Vingts[39].
Rue des Quinze-Vingts
La « rue des Quinze-Vingts » située quartier des Tuileries, dans l'ancien 1er arrondissement de Paris, commençait aux nos 3 et 5 rue de Valois et finissait aux nos 20 et 22 rue de Rohan, avait les numéros rouges, le dernier numéro impair était le no 3 et le dernier numéro pair était le no 6. Ainsi nommée parce qu'elle fut percée, vers l'an 1784, sur l'emplacement d'une partie des bâtiments de l'ancien hospice des Quinze-Vingts. Elle disparaît lors de la réunion des palais du Louvre et des Tuileries et de la création de la rue de Rivoli.
Impasse de la Petite-Bastille
L'« impasse de la Petite-Bastille » également appelée « cul-de-sac de la Petite-Bastille » était située quartier du Louvre, devenu quartier des Tuileries, dans l'ancien 4e arrondissement de Paris et était situé entre les nos 36 et 38 de la rue de l'Arbre-Sec. Les numéros étaient rouges et le seul impair était le no 1 et le seul numéro pair était le no 2. En 1499, dans les censiers de l’évêché, elle est appelée « ruelle sans bout ». En 1540, on la désignait sous le nom de « ruelle Jean-de-Charonne ». En 1702, la voie, qui fait partie du quartier du Louvre, comporte 1 maison et 1 lanternes[28]. Sa dernière dénomination lui vient de l'enseigne d'un cabaret qui se trouvait encore en 1788 dans le fond de cette impasse. Une décision ministérielle, en date du , signée Montalivet, fixe sa largeur à 7,60 mètres.
L'« impasse Saint-Benoît » également appelée « cul-de-sac Saint-Benoît » située quartier des Arcis, dans l'ancien 7e arrondissement de Paris, commençait entre les nos 12 et 14 rue de la Tacherie et n'avait pas de numéro. Anciennement c'était la « ruelle des Bons-Enfans ». Jean de La Caille, sur son plan[40], le nomme de la « Petite-Tacherie », à cause de sa situation dans la rue de ce nom. L'origine du nom de Saint-Benoit est ignoré.
Rue Saint-Louis
La « rue Saint-Louis » ou « rue Saint-Louis-Saint-Honoré », pour la différencier des autres rues du même nom, située quartier des Tuileries, dans l'ancien 1er arrondissement de Paris, commençait aux nos 6-8 rue de l'Échelle et finissait aux nos 271-273 rue Saint-Honoré. Les numéros étaient noirs, le dernier numéro impair était le no 9 et le dernier numéro pair était le no 10. Elle était ainsi nommée à cause de sa proximité de l'hôpital des Quinze-Vingts, fondé par saint Louis. Sur d'anciens plans et titres, on la trouve sous les noms de « rue de l'Échaudé » et « rue Saint-Louis-des-Tuileries »[6].
No 188 bis : ancien théâtre transformé en discothèque dans les années 1980. En 2008, Jean-Roch y transfère le VIP Room, installé depuis dix ans 76 avenue des Champs-Élysées. Accueillant de nombreuses célébrités, le club ferme en 2020 dans le contexte de la pandémie de Covid-19[49].
No 192 : plaque indiquant l'emplacement des anciennes Grandes Écuries du roi et précisant qu'Antoine de Pluvinel y enseigna.
No 198 : le comédien Jean Sarment a vécu ici de 1940 à 1976 ; une plaque lui rend hommage. Auparavant le collectionneur Victor Chocquet y a vécu.
No 202 : hôtel Saint-James & Albany ; ancien hôtel particulier construit en 1751 par l’architecte Michel Tavennot pour l’homme politique Jean de Boullongne. La comédienne Pauline Carton y vécut pendant quarante ans[41]. En 2024, le chanteur et directeur artistique des collections masculines de Louis VuittonPharrell Williams en annonce l’acquisition et la rénovation pour en faire un établissement de grand luxe[50].
No 204 : le mystérieux « Persan » y est mort en 1868. Le peintre Camille Pissarro y loue depuis 1898 un appartement en face des Tuileries, avec une superbe vue sur le jardin, quand il s'y installe en janvier 1899[51] et le quitte en novembre 1900 pour la place Dauphine.
No 206 : l'écrivain Léon Tolstoï y vit en 1857 ; une plaque lui rend hommage.
No 210 : l'écrivain Ivan Tourgueniev a vécu ici entre 1860 et 1864 et y écrivit Pères et Fils ; une plaque lui rend hommage.
No 220 : en 1862, les époux Desoye y ouvrent une célèbre boutique consacrée à la vente et à l'exposition d'objets provenant du Japon. Cette boutique a largement contribué à l’engouement pour le japonisme dans la capitale. Elle fut fréquentée par les écrivains, critiques d'art, peintres et collectionneurs, parmi lesquels Zola, Baudelaire, Burty, Bracquemond, Cernuschi, Degas, les Goncourt, Manet, Monet, Whistler[52]. Le compositeur Léo Delibes y habita et y mourut (1891)[41].
No 222 : anciennement, boutique de la couturière Madeleine Vionnet, inaugurée en 1912.
No 242 : c'est à cette adresse, le [53], au Cercle suédois et norvégien, créé en 1891, qu'Alfred Nobel rédige, l'année précédant sa mort, son testament, qui est à l'origine de la création des prix Nobel[54]. Son bureau y est toujours conservé, dans des locaux qui sont partagés aujourd'hui par le Cercle suédois et, depuis 1981, le Cercle norvégien de Paris (créé en 1926)[55]. L'immeuble abrite aussi, au quatrième étage, les bureaux de François Hollande depuis son départ de la présidence de la République, en 2017[56]. L'édifice a accueilli par le passé une reine de Suède et des princes du Qatar[57].
No 258 : plaques commémorant, en anglais et en français, le 50e anniversaire du plan Marshall, mis en place à l'Hôtel de Saint-Florentin (ex-hôtel de Talleyrand)[41].
↑Avril frères, Prolongement des arcades de la rue de Rivoli [le long du Louvre et des Tuileries], Paris, 1853 [lire en ligne].
↑Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), (lire en ligne), « Décret du 3 mai 1848 », p. 237.
↑ a et bJean de la Caille : Description de la ville et des fauxbourgs de Paris en vingt planches.
↑ a et b« Plateforme de webmapping ALPAGE », sur Analyse diachronique de l'espace urbain parisien : approche géomatique (ALPAGE) (consulté le ).
↑Ainsi nommé car il servait de sépulture aux Anglais présents à Paris dans les années ayant suivi le traité de Troyes (Jean de Marlès, Paris ancien et moderne, t. III, Paris, 1837, p. 348, n. 1).
↑Plan parcellaire municipal de Paris (fin XIXe), plan 4e quartier / 3e quartier, Place Vendôme / Palais Royal, 2e feuille, échelle 1/500, cote PP/11860/C
↑Voir A. Berty, H. Legrand, Topographie historique du Vieux Paris, Région du Louvre et des Tuileries, Paris, Imprimerie Nationale, 1866, t. 1, p. 285-287(Voir le t. 1, 2ème éd. sur Gallica, alors que Lazare (Dictionnaire des rues de Paris, Ed. 1844, p. 581, col. 2) indique par erreur que ce passage se trouve sur l'emplacement de l'ancien hospice pourtant bien implanté dans son enclos à l'Est de la rue Saint-Nicaise.
↑Danielle Chadych et Malika Turin, Le Marais: évolution d'un paysage urbain promenades d'architecture et d'histoire, Parigramme, (ISBN978-2-84096-900-6).
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, et lithographie des artistes vivants exposés au Grand palais des Champs-Élysées le 1er mai 1869 (Salon de 1869, 87e exposition officielle depuis l'année 1873), impr. Charles de Mourgues Frères, , 628 p., sur books.google.co.uk (lire en ligne), p. 288.
↑Pascale Robert-Diard, « Mort d’Hervé Temime, avocat et figure du barreau », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Anne Thoraval, Des résistants à Paris, SPE-Barthélemy, 2011, 415 p. (ISBN978-2912838186), p. 33.
↑[Maraszak 2016] Julie Maraszak, Sociabilités familiales intellectuelles et artistiques, autour d'une femme artiste au XIXe siècle : Eva Gonvzalès (1849-1883) (thèse de doctorat en Histoire de l'art, dir. Bertrand Tillier), Fijon, Universités de Bourgogne, (résumé), p. 129.