En 1945, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, l'université de Paris retrouvait les problèmes qui lui étaient propres et qui s'étaient aggravés avec la guerre et l'occupation étrangère. Les étudiants s'entassaient dans des salles et dans des amphithéâtres surpeuplés, et le corps enseignant, insuffisant en nombre, n'avait pas les moyens de les suivre et de les encadrer correctement[6].
La déconcentration des centres universitaires dans la capitale et à la périphérie sera principalement l'œuvre de la Ve République dans les premières années de son existence. Cette politique atteignit ses objectifs en répondant notamment aux problèmes posés par le nombre des étudiants. Le pouvoir crut également pouvoir contrôler l'accès de ces derniers à l'université, en organisant une sélection sévère à l'entrée des facultés et en créant des Instituts universitaires de technologie[7].
Cette réforme n’ayant pas été négociée avec tous les partenaires intéressés, elle fut rejetée par les étudiants dans un climat politique et social défavorable, et elle provoqua une véritable insurrection dans les facultés à Paris et en province.
La faculté des lettres de Nanterre - créée en 1964 au sein de l'université de Paris - étant devenue le théâtre d'une agitation permanente contre les projets de réforme, le recteur de l'académie, président du conseil de l'université de Paris, décidait sur proposition du doyen de cette faculté de fermer cette dernière le 2 mai 1968[8]. Le lendemain, trois à quatre cents étudiants se réunirent dans la cour de la Sorbonne pour dénoncer la fermeture de la faculté de Nanterre et demander au recteur d'annuler la décision administrative qui permettait de traduire plusieurs de leurs camarades devant le conseil de l'université de Paris. En fin de soirée, ce dernier fit appel à la police pour qu'ils évacuent la cour de la Sorbonne. Des échauffourées violentes opposèrent les étudiants aux forces de l'ordre dans la rue, suivies de nombreuses arrestations et des centaines de blessés dans les deux camps[8]. Cet incident majeur entraîna plusieurs semaines de troubles à Paris et une grève générale illimitée en France, qui faillirent emporter la Ve République.
Le général de Gaulle, président de la République, réussissant à rétablir l'ordre à la fin de mai, la nouvelle Assemblée nationale élue en juin, après la dissolution de la précédente, eut pour principale mission de réformer la législation universitaire de la IIIe République, en donnant une large autonomie de gestion aux établissements d'enseignement supérieur et en permettant ainsi d'établir plusieurs universités dans une même circonscription académique.
C'est ainsi qu'à Paris, où l'université était devenue très difficile à gérer par le nombre de ses professeurs et de ses étudiants, la législation nouvelle - loi du 12 novembre 1968, remplacée par la loi du 26 janvier 1984 - permit de créer dès 1969 treize universités au sein de l'ancienne université de Paris[6].
Création de l'université
À l'instigation notamment des professeurs François Luchaire (droit public), Henri Bartoli (économie) et Hélène Ahrweiler (sciences humaines), l’Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne est créée en 1971 du regroupement d'une partie de la faculté de droit et sciences économiques (Panthéon) et d'une partie de la faculté des lettres et sciences humaines (Sorbonne)[9]. Si la plus grande partie des économistes de la faculté de droit (35 sur 41) ont choisi Paris 1, la plupart des juristes (88 sur 108)[10], dont la plupart des privatistes et des historiens du droit et une partie importante des publicistes avaient choisi de perpétuer une université spécialisée - Paris 2 - alors que leurs collègues faisaient le pari d’une université pluridisciplinaire en ralliant l’université Paris 1[11].
Dans les négociations sur le partage des locaux historiques avec les autres universités proches, l'université Paris-I peut utiliser des salles dans la partie sud de la Sorbonne, précédemment utilisée par la faculté des sciences[12]. De même, les universités Paris-I et Paris-II s'entendent pour installer toutes les deux leur présidence dans les locaux historiques de la faculté de droit place du Panthéon et se partager le site. Les nouveaux locaux de la rue d'Assas sont également partagés pendant les deux premières années en attendant l'ouverture du futur centre Pierre-Mendès-France, effective en 1973[12].
Développement
Depuis sa création, Paris-I a vu ses effectifs d'étudiants augmenter de 50 % et la proportion d'étudiants de troisième cycle s'accroître constamment. Cette croissance, accompagnée de l'apparition de nouvelles disciplines (administration économique et sociale, mathématiques appliquées et sciences sociales), a nécessité l'attribution de nouveaux locaux qui ont augmenté la capacité d'accueil et la dispersion de l'université : centre Saint-Charles[13] pour les arts plastiques (1973), centre Tolbiac[12] (aujourd'hui centre Pierre-Mendès-France) (1973), centre de recherches historiques et juridiques de la rue Malher (1972), centre Port-Royal René-Cassin pour le premier cycle de droit (1990), Maison des sciences économiques[14] (1998) pour la recherche dans ces disciplines et centre Broca où s'installe l'Institut d'administration des entreprises en 2001, centre Port-Royal Lourcine (2019)[15].
Rapprochements institutionnels des années 2000
À la suite de la mise en place en France de Pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) en 2006, l'université s'est successivement impliquée dans plusieurs projets d'association d'établissements d'enseignement supérieur, ainsi que dans un projet élaboré dans le cadre du Plan campus à partir de janvier 2008.
L'université commence à travailler autour du projet du PRES Paris Centre Universités à partir de janvier 2006 qui inclut d'autres universités parisiennes dont Paris V et Paris-VII[16]. Le projet n'aboutit pas, ces deux dernières universités se rapprochant finalement du projet Sorbonne Paris Cité et l'université commence au début de l'année 2010 à se rapprocher d'autres établissements autour du projet Hautes Études-Sorbonne-Arts et Métiers[17]. L'établissement quitte cependant ce groupement le [18].
L'université travaille au même moment avec d'autres partenaires autour du projet du campus Condorcet dans le but d'ouvrir un nouveau campus au nord de Paris. Le projet est retenu en 2008 dans le cadre du plan campus[19].
Il y a dix départements, formés en unités de formation et de recherche (UFR), à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, répartis en trois domaines d'études[32] :
La Maison des sciences économiques (MSE) abrite les équipes de recherche de Paris-I travaillant dans le domaine de l'économie et des mathématiques appliquées depuis 1997[33]. L'ensemble de ces quelque 300 chercheurs, des neuf unités de recherche et d'une unité de services, la plupart affiliées au CNRS, la diversité des thèmes abordés et des méthodes utilisées, donnent à cette Maison un caractère unique en France. S'y déroulent également les enseignements de masters, destinés à environ 300 étudiants.
Le Centre Marin-Mersenne « Maison de la Philosophie » (située 13 rue du Four, dans le 6e arrondissement), dont tous les étages, sauf le 4e, consacré à aux étudiants en aménagement et urbanisme[38],[39] de l'UFR 8, sont des laboratoires de l'UFR 10 consacrés à la recherche :
L'université dispose de plus de 700[54] conventions d'échanges d'étudiants avec des établissements étrangers ainsi que des doubles cursus, particulièrement en droit :
L'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, comptant parmi les principales héritières de l'université de Paris, fut dotée à sa création, en 1971, d'un riche patrimoine culturel, composé de diverses collections et d'un parc immobilier remarquable.
Patrimoine immobilier
Située historiquement au cœur du 5e arrondissement de Paris, l'université Panthéon-Sorbonne jouit d'un riche patrimoine architectural, tel la Sorbonne d'Henri-Paul Nénot, propriété de la ville de Paris, porteuse d'une riche histoire et décorée de nombreuses fresques réalisées au XIXe siècle par des artistes tels que Léon-François Comerre ou Marcel Baschet. L'université bénéficie également des locaux de l'ancienne faculté de droit de l'université de Paris, conçue par Jacques-Germain Soufflot, dont la cour d'honneur et les façades du bâtiment originel furent inscrites au titre des monuments historiques en 1926[78]. Certains autres bâtiments occupés par l'université sont également classés au titre des monuments historiques, tels que l'Institut d'art et d'archéologie, conçu par Paul Bigot et classé depuis 1996[79], ou le collège Sainte-Barbe de l'architecte Louis-Ernest Lheureux classé en 1999[80]. Dispersée dans Paris, l'université compte de nombreux bâtiments remarquables et continue son expansion.
Amphithéâtre Richelieu, centre Sorbonne.
Salle Jacqueline-de-Romilly de la Bibliothèque de la Sorbonne.
Peinture de Marcel Baschet dans la Bibliothèque de la Sorbonne.
Fresque de Georges-Antoine Rochegrosse dans l'escalier d'honneur de la Bibliothèque de la Sorbonne.
Grand hall de la Sorbonne.
Cadran solaire de la cour d'honneur de la Sorbonne.
Tour de l'observatoire de la Sorbonne.
Galerie Soufflot du Centre Panthéon.
Galerie Colbert, en partie occupée par le département d’histoire de l’art de l'université.
Façade du collège Sainte-Barbe, hébergeant l'Institut de recherche juridique de la Sorbonne.
Institut des sciences sociales du travail, situé à Bourg-la-Reine.
Détail mural de l'Institut d'art et d'archéologie
Collections
L'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, héritière des collections scientifiques et pédagogiques constituées à partir du XIXe siècle au sein de l'université de Paris, compte un riche patrimoine divers et ancien d'œuvres antiques, de peintures, de photographies et de moulages[81]. L'université a également enrichie ses collections, depuis sa fondation, en se dotant notamment d'œuvres contemporaines et en constituant une cinémathèque comptant aujourd'hui plus de 7000 titres[82].
Jean-Pierre Cot : professeur émérite de droit public, ministre délégué chargé de la coopération et du développement (1981–1982), président du groupe socialiste au Parlement européen (1989–1994) ; vice-président du Parlement européen (1997–1999). Depuis 2002, juge au Tribunal international du droit de la mer.
Dominique Rousseau : professeur de droit constitutionnel et ancien membre du conseil supérieur de la magistrature entre 2002 et 2006.
Michèle Alliot-Marie : maître de conférences en droit public, ancienne directrice de l'UFR de science politique, ancienne ministre (Défense, Intérieur, Justice et Affaires étrangères) et ancienne députée UMP à l'Assemblée nationale.
Jeannette Bougrab : maître de conférences en droit public, ancienne secrétaire d’État à la Jeunesse.
Bruno Amable : Professeur d'économie qui s'est principalement consacré à l'étude du néo-libéralisme, et notamment de ses relations avec l'innovation, et à l'analyse des diverses formes du capitalisme dans les pays développés. Son nom est associé à une typologie des « cinq capitalismes ».
Depuis sa création, l'université Panthéon-Sorbonne décerne le titre de docteur honoris causa à des personnalités en reconnaissance de leur rôle et de leur engagement dans la promotion des valeurs et des principes inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Nana Akufo-Addo (2022), président de la République du Ghana.
Médaille Richelieu
En mémoire du cardinal de Richelieu, qui étudia à la Sorbonne et œuvra de manière remarquable à son développement, l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne a créé la médaille Richelieu, une décoration décernée depuis 2010 à des personnalités « qui par leur position, leurs déclarations ou leurs actes, contribuent activement au respect et à la défense des valeurs de l'université, tout en favorisant la diffusion d'un savoir universitaire d'excellence »[86]
↑ a et bRachel Mazuy et Daniel Le Cornu, « Chronologie des événements à Nanterre en 1967-1968 », Matériaux pour l'histoire de notre temps, vol. 11, no 1, , p. 133-135 (lire en ligne, consulté le )
↑« Les programmes de I à VII », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑Gérard Conac, « La fondation de l'université Paris-I : François Luchaire, pilote d'une transition institutionnelle » dans Jeannette Bougrab et Didier Maus (dir), François Luchaire, un républicain au service de la République, Publications de la Sorbonne, 2005, p. 178.
↑ ab et cGérard Conac, « 1968 : la Faculté de droit de Paris dans la tourmente » dans Pascal Gonot, Anne Rousselet-Pimont et Loïc Cadiet (dir.), L’École de droit de la Sorbonne dans la Cité, Paris, IRJS éditions, 2012 (ISBN978-2-919211-11-1), p. 79-85.
Statuts de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, , 37 p. (lire en ligne) [PDF].
Christophe Charle, Philippe Boutry et Marie-Caroline Luce, L'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Cinquante ans entre utopie et réalités (1971-2021), éditions de la Sorbonne, Paris, 2021.
Éric Pesme, Une vocation universaliste. L’action internationale de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, éditions de la Sorbonne, 2021.
Jean da Silva, Une part de risque. L'École des Arts de la Sorbonne, éditions de la Sorbonne, Paris, 2020.
Nicole Maggi-Germain (dir.), À la croisée du monde du travail et de l’université. L'Institut des sciences sociales du travail, éditions de la Sorbonne, Paris, 2021.