Si l'un ou l'autre met le pied sur leur territoire d'un des 124 États membres de la CPI, ce dernier est obligé de détenir et de transférer V. Poutine et M. Lvova-Belova à la CPI[3].
La Russie et l'Ukraine ont tous deux signé le Statut de la CPI, mais aucun de ces deux pays ne l'a ratifié. La Russie a retiré sa signature du Statut en 2016 à la suite d'un rapport classant l'annexion de la Crimée par la Russie comme une occupation ; l'Ukraine quant à elle a accepté la compétence de la Cour sur son territoire en 2014, permettant à la Cour d'enquêter sur les crimes présumés commis au cours de la guerre russo-ukrainienne[4].
Le tribunal a bénéficié de l'entière coopération des autorités ukrainiennes[5].
Guerre russo-ukrainienne (2014 -)
Le 4 février 2015, la Verkhovna Rada, le parlement de l'Ukraine, a demandé à la CPI d'enquêter sur les crimes contre l'humanité commis par les forces russes sur le territoire ukrainien depuis le 20 février 2014 et de demander des comptes aux hauts responsables de la fédération de Russie[6].
Les autorités ukrainiennes enquêtent sur plus de 16 000 cas suspects d'expulsion forcée de mineurs[8]. La Russie a quant à elle reconnu avoir transféré 2 000 enfants sans tuteur[5].
En mai 2022, Poutine a ordonné de simplifier la délivrance de la citoyenneté russe aux enfants orphelins ukrainiens[9]. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a souligné qu'en faisant cela, "Poutine a légalisé de manière effective l'enlèvement d'enfants"[9].
En septembre 2022, Lvova-Belova, commissaire aux droits de l'enfant de Russie, a décrit la manière dont les enfants ukrainiens enlevés étaient initialement hostiles à la Russie et à Poutine, mais après le processus d'"intégration", l'attitude négative des enfants s'est progressivement "transformée en amour"[10].
Droit international
Du point de vue du droit international, l'expulsion forcée de mineurs est considérée comme un crime contre l'humanité[11],[12] :
La commission d'enquête des Nations unies a qualifié la déportation d'enfants ukrainiens par les forces russes de crime de guerre[16].
Plusieurs pays ont officiellement reconnu les événements en cours en Ukraine comme un génocide perpétré par les forces russes. La liste des pays comprend l'Ukraine[17], la Pologne[18], l'Estonie[19], la Lettonie[20], le Canada[21], la Lituanie[22], la République tchèque[23], l'Irlande[24].
Accusations
Les accusations portées contre Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova sont fondées sur des motifs raisonnables selon lesquels ces derniers sont responsables de "l'expulsion et du transfert illégaux d'enfants ukrainiens des zones occupées de l'Ukraine vers la fédération de Russie, contrairement à l'article 8(2)(a)( vii) et l'article 8(2)(b)(viii) du Statut de Rome »[25].
La CPI a identifié « au moins des centaines d'enfants [ukrainiens] emmenés dans des orphelinats et des foyers pour enfants » par les forces russes. Selon Karim Khan, le procureur en chef du tribunal, ces déportations, faites avec l'intention d'éloigner définitivement les enfants de leur propre pays, constituaient une violation de la Convention de Genève et constituaient des crimes de guerre[5].
« C'est un événement incroyablement important. Ce n'est pas tous les jours qu'un chef d'État en exercice est inculpé par une cour internationale. Mais, bien sûr, les chances d'arrêter Poutine dans un avenir proche sont extrêmement minces[26]. »
Selon le journaliste russe Alexandre Baunov, le mandat de La Haye rendra difficile pour Poutine un rapprochement avec ce qu'on appelle le « Sud global », avec lequel il tente de construire des relations en opposition à l'Occident qui lui est hostile[27]. Baunov note que bien que des partenaires majeurs de la Russie, comme la Chine, l'Inde et la Turquie, ne reconnaissent pas la juridiction de la CPI, la majorité des pays d'Afrique et d'Amérique latine la reconnaissent[27].