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Première bataille de Kherson

Première bataille de Kherson
Description de l'image Battle of Kherson (2022).png.
Informations générales
Date
(6 jours)
Lieu Kherson (Ukraine)
Issue Victoire russe
Belligérants
Drapeau de l'Ukraine Ukraine Drapeau de la Russie Russie
Forces en présence
Forces armées ukrainiennes Forces armées russes

Invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022

Batailles


Front Nord (Jytomyr, Kiev, Tchernihiv, Soumy)

Campagne de l'Est (Donetsk, Louhansk, Kharkiv)


Campagne du Sud (Mykolaïv, Kherson, Zaporijjia)


Frappes aériennes dans l'Ouest et le Centre de l'Ukraine


Guerre navale


Attaques en Crimée


Débordement


Massacres


Coordonnées 46° 38′ nord, 32° 36′ est
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
(Voir situation sur carte : Ukraine)
Première bataille de Kherson
Géolocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Première bataille de Kherson

La première bataille de Kherson est un affrontement militaire pour le contrôle de la ville de Kherson, chef-lieu de l'oblast de Kherson, lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022.

Le , les forces armées russes envahissent l'Ukraine et lancent l'offensive de Kherson depuis la Crimée, dont l'objectif principal est la capture de la capitale de l'oblast. En quelques jours, elles passent le Dniepr, encerclent la ville et en prennent le contrôle le . Kherson est ensuite occupée par l'armée russe pendant que les combats se poursuivent plus au nord, lors de la bataille de Mykolaïv, et simultanément dans d'autres parties du territoire ukrainien.

Contexte

Kherson (en ukrainien : Херсон) est une ville du sud de l'Ukraine et la capitale administrative de l'oblast de Kherson. Sa population s'élevait à 283 649 habitants en 2021. Elle est située sur la rive droite du Dniepr, à 78 km de la mer Noire et à 447 km au sud-est de Kiev.

La péninsule de Crimée, située au sud de Kherson, a été envahie par la Russie en 2014, puis annexée par elle à la suite d'un référendum d'autodétermination organisé le 16 mars 2014 ayant donné une large majorité pour la « Réunification de la Crimée avec la Russie avec adoption du droit de la fédération de Russie » .

L'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022, est une opération militaire déclenchée le , sur ordre du président russe Vladimir Poutine. La campagne militaire, dans le cadre du conflit russo-ukrainien en cours depuis 2014, émerge d'une montée progressive des tensions débutée en 2021.

Les forces armées russes font une incursion dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, le , avant une offensive aérienne, maritime et terrestre sur l'ensemble du territoire ukrainien le .

Prise de Kherson par la Russie

Combats pour la traversée du Dniepr (24-25 février)

Le pont Antonovskiy en 2006.

Le , les forces russes envahissent l'oblast de Kherson par le sud à travers la Crimée[3]. Dans la soirée, elles atteignent la ville de Kherson[4] et sécurisent le pont Antonovskiy[5] qui leur donne un avantage stratégique en vue de la conquête de Mykolaïv, tout en empêchant à leurs ennemis de passer facilement de l'autre côté du fleuve Dniepr[6].

Le , peu après minuit[7], les forces ukrainiennes reprennent le pont[5]. La bataille est décrite comme féroce et laisse des soldats morts ainsi que plusieurs véhicules militaires détruits gisant sur le pont. Cela contraint les forces russes à pousser vers le nord jusqu'au croisement le plus proche du Dniepr, la ville de Nova Kakhovka[8], qu'elles capturent[9]. Plus tard dans la journée, les troupes russes saisissent de nouveau le pont Antonovskiy[10]. C'est un point stratégique essentiel pour poursuivre l'offensive de Kherson notamment en direction de Mykolaïv, où les combats commencent déjà à poindre, puis d'Odessa[11].

Encerclement de Kherson (26-28 février)

Le , la procureure générale ukrainienne, Iryna Venediktova, affirme que le même jour, les forces russes ont tué un journaliste et un ambulancier près du village de Zelenivka en banlieue nord de Kherson[12].

L'avancée maximale de l'offensive.

Le lendemain , les autorités russes affirment que leur armée de terre est parvenue à encercler la ville et à prendre son aéroport international[4],[13].

Prise de Kherson (1er-2 mars)

Le , au petit matin, les troupes russes attaquent Kherson par l'ouest, avançant depuis son aéroport international vers l'autoroute menant à Mykolaïv. Elles atteignent le village adjacent de Komychany et y installent un poste de contrôle[14]. En début de soirée, elles entrent dans la ville de Kherson à proprement parler[15].

Le lendemain , peu avant l'aube, les troupes russes se sont emparées de deux infrastructures stratégiques de Kherson : la gare ferroviaire et le port fluvial[16]. Vers 5 heures du matin heure de Kiev (UTC+2), des véhicules militaires russes sont aperçus sur la place de la Liberté en plein centre-ville, indiquant une probable prise de Kherson par l'armée de terre russe[17].

Vers 10 heures du matin heure de Moscou (UTC+3), le porte-parole du ministère de la Défense de la fédération de Russie Igor Konachenkov confirme la prise de la ville au cours d'un briefing[18]. Vers 13 heures heure de Kiev (UTC+2), cette information est contestée par le conseiller présidentiel ukrainien Oleksiy Arestovytch, qui déclare : « Kherson n'est pas tombée, la défense continue, nos militaires continuent de résister »[19],[20]. Ces allégations sont soutenues par un responsable américain cité anonymement par l'agence de presse Reuters[21] mais pas par le maire Igor Kolykhaïev qui affirme sur son compte Facebook : « Nous n'avons pas de VSU dans la ville ». Son post précise également ce que lui et son conseil municipal sont convenus avec l'occupant russe, à savoir le maintien d'un couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin, l'interdiction d'entrer dans la ville sauf pour les véhicules transportant des produits considérés comme nécessaires à son fonctionnement (denrées, médicaments, etc.) qui pourront le faire dans l'après-midi, l'interdiction de se déplacer par groupe de plus de deux personnes et l'obligation pour les véhicules de rouler à vitesse minimale et de montrer le contenu de leur cargaison s'il leur en est fait la demande[22].

Occupation de Kherson (à partir du 3 mars)

Dans les jours qui suivent la prise de Kherson par l'armée de terre russe, la situation humanitaire sur place s'avère particulièrement précaire.

Le à 19 h 57 (UTC+2), le maire Igor Kolykhaïev déplore sur son compte Facebook un risque de pénurie alimentaire imminente aggravé par les pillages[23]. Plus tard dans la soirée, il accorde un entretien à la chaîne de télévision Rada TV durant lequel il se plaint également du manque de médicaments (en particulier l'insuline) : « Nous avons vraiment besoin des médicaments les plus nécessaires pour les personnes de tous âges. Surtout pour les personnes âgées. ». Enfin, il se sert de cette tribune pour réitérer sa demande de la veille concernant la mise en place d'un « corridor vert » pour évacuer les tués et les blessés et assurer le ravitaillement de la ville en denrées et en médicaments[24]. Le lendemain après-midi, Igor Kolykhaïev se montre plus véhément dans ses propos, accusant l'occupant russe d'organiser délibérément les pénuries (en empêchant les camions transportant de l'aide humanitaire d'entrer dans la ville) afin de pousser la ville dans ses retranchements, pour ensuite se donner le bon rôle[25].

Le 3 mars 2022, des rumeurs concernant des viols de guerre commis par des soldats russes à Kherson commencent à faire leur apparition dans les médias locaux. L'agence de presse ukrainienne Rubryka reprend notamment les dires d'un médecin de la polyclinique de Karabelesh évoquant 11 cas de viols dans lesquels la victime n'aurait pas survécu pour la majorité d'entre eux[26]. Par ailleurs, Svetlana Zorina, une Khersonienne de 27 ans déclare au micro de CNN : « Ils ont déjà commencé à violer nos femmes. Des gens que je connais m’ont dit que c'est arrivée à une jeune fille de 17 ans et qu'ils l'ont tué ». Néanmoins, aux yeux des journalistes, la crédibilité de ces allégations reste difficile à évaluer compte tenu du fait qu'elles n'ont pas fait l'objet de vérifications indépendantes[27].

Le , plusieurs milliers de personnes défilent dans le centre-ville de Kherson pour protester pacifiquement contre l'occupation russe de leur ville. Au cours de la manifestation, un policier ukrainien parvient à sauter sur un véhicule blindé de transport de troupes russe en mouvement et à y brandir le drapeau de l'Ukraine dessus[28]. Un certain nombre de vidéos de l'évènement montre également des soldats russes tirer en l'air pour dissuader les manifestants d'aller dans leur direction. Enfin, selon certains participants, les troupes d'occupation disposeraient d'une liste prédéfinie d'activistes locaux à interpeller[29]. Dans les jours qui suivent, les manifestations se poursuivent à un rythme quotidien[30]. Le , l'état-major général des forces armées ukrainiennes déclare que plus de 400 manifestants se sont déjà vus arrêtés par la Garde nationale russe à Kherson[31].

Une nouvelle manifestation a lieu le , alors que les autorités ukrainiennes accusent la Russie de vouloir organiser un faux référendum à Kherson, dans le but de créer une nouvelle république basée sur le modèle de celles de Donetsk et de Louhansk[32].

Le 16 mars, l'armée de l'air ukrainienne vise de nouveau la base aérienne militaire de l'aéroport international de Kherson, détruisant plusieurs hélicoptères russes[33].

Contre-offensive ukrainienne

À partir du 23 mars, les forces ukrainiennes lancent des contre-attaques contre les forces russes dans l'oblast de Kherson[34],[35]. Le 25 mars, un haut responsable américain de la défense affirme que les forces russes n'ont plus le contrôle total de Kherson, tandis que les Ukrainiens se battent « avec acharnement » pour récupérer la ville[36]. Cependant, les citoyens ukrainiens de la ville « remettent en question l'évaluation du Pentagone, affirmant que Kherson demeure toujours aux mains des Russes »[37]. Selon CNN, la situation dans la ville reste inchangée, confirmant les dires des habitants. L'un d'entre-eux affirme que les forces russes n'ont perdu que quelques villages dans la province ; la contre-offensive ukrainienne se déroulant dans la partie la plus septentrionale de la région[38].

Le mercredi 9 novembre 2022, le Ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou annonce le retrait "au plus vite" des troupes russes déployées dans Kherson et à l'Ouest de la ville pour un "repositionnement" sur la rive Est du Dniepr. Il justifie ces décisions "très difficiles" par une situation devenue trop compliquée, notamment concernant ravitaillement des forces russes de la région devenue "impossible". Une annonce déjà prise comme un triomphe pour les ukrainiens.

Le 11 novembre 2022, après 254 jours d'occupation russe, la ville de Kherson est libérée par l'armée ukrainienne[39].

Notes et références

  1. Michael Schwirtz, « Proud Band of Ukrainian Troops Holds Russian Assault at Bay — for Now », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. [1]
  3. (en) « Most Problematic Situation In South, Fierce Battles Taking Place Near Kherson - Zelenskyy » [archive du ], ukranews_com, (consulté le ).
  4. a et b « En direct - Poutine annonce mettre en alerte la «force de dissuasion» russe », sur LEFIGARO, (consulté le ).
  5. a et b Battle rages for strategic bridge in southern Ukraine after days of fighting.
  6. (uk) « Російські війська хочуть прорватися до Миколаєва, йдуть бої в околицях Чернігова » [archive du ], Українська правда (consulté le ).
  7. (uk) « Імовірність прориву на Миколаїв знизилася: військові відстояли Антонівський міст » [archive du ], Ukrinform (consulté le ).
  8. (en) « Russian troops moving towards town of Nova Kakhovka in Kherson Oblast » [archive du ], sur The Kyiv Independent, (consulté le ).
  9. (en-US) « Soldiers Raise the Russian Flag Over Ukraine Power Plant » [archive du ], GreekReporter.com, (consulté le ).
  10. (en) « Ukraine loses control over crossing to Kherson » [archive du ], Ukrinform (consulté le ).
  11. « Guerre en Ukraine : les trois cartes pour suivre l'avancée des forces russes », sur Le Figaro, (consulté le ).
  12. (en) « Journalist shot dead by Russian occupiers in Kherson Region », Ukrinform (consulté le ).
  13. Libération et AFP, « En direct - Guerre en Ukraine: Poutine fait monter la pression avant des négociations de paix », sur Libération (consulté le ).
  14. (uk) Tamila Ivanova, « Шостий день вторгнення РФ: ситуація на Херсонщині. ТЕКСТОВА ТРАНСЛЯЦІЯ », sur Suspline,‎ (consulté le ).
  15. (en) Alessandra Prentice, « Russian forces have entered Kherson, says Ukrainian official », Reuters, .
  16. (uk) Yevheniya Chaporenko, « У Херсоні ворог захопив залізничний вокзал та річковий порт » [« À Kherson, l'ennemi s'empare d'une gare et d'un port fluvial »], Fakty i Kommentarii,‎ .
  17. (en) Paul P. Murphy et Jake Tapper, « Russian military vehicles seen across Kherson after heavy shelling », CNN.
  18. (ru) « Российские военные взяли под полный контроль Херсон » [« L'armée russe a pris le contrôle total de Kherson »], Tass,‎ .
  19. (ru) Marina Tichtchenko, « Арестович отчитался о ситуации на фронте: Херсон не сдался - бои продолжаются, а Горловку готовятся отбить » [« Arestovytch a rendu compte de la situation sur le front : Kherson ne s’est pas rendu - les combats se poursuivent et ils se préparent à reprendre à Gorlovka »], sur KP.ua,‎ .
  20. (en) Stephen Coates, Simon Cameron-Moore et Peter Graff, « Russian advances on Ukrainian cities stall », Reuters, .
  21. (en) Peter Graff, Gareth Jones et Costas Pitas, « Russia pounds Ukrainian cities as advances stall, draws UN censure », Reuters, .
  22. (uk) « Мер Херсона домовився із окупантами про життєдіяльність міста » [« Le maire de Kherson s'est mis d'accord avec les occupants sur la vie de la ville »], Ukrayinska Pravda,‎ .
  23. (ru) Natalia Zverko, « Литовка из Херсона: Россияне ведут себя хуже зверей » [« Lituaniens de Kherson : les Russes se comportent pire que des animaux »], Lietuvos nacionalinis radijas ir televizija,‎ .
  24. (uk) « Ми сподіваємося на переговори по зеленому коридору для гуманітарного конвою - Ігор Колихаєв » [« Nous espérons des négociations sur le corridor vert pour le convoi humanitaire - Ihor Kolykhaïev »], Suspilne,‎ .
  25. (uk) « Війна Росії проти України: хроніка подій 4 березня » [« Guerre de la Russie contre l'Ukraine : chronique des événements du 4 mars »], Deutsche Welle,‎ .
  26. (en) « Kherson: Girls are asked to stay at home and not go outside. There are rape cases », Rubryka, .
  27. (en) Yaron Steinbuch, « Ukrainian woman claims Russian troops raping women in Kherson », New York Post, .
  28. (uk) Svitlana Mashchenko, « У Херсоні поліцейський на ходу заскочив з українським прапором на ворожий БТР, який тікав з міста », sur RBC-Ukraine (uk),‎ .
  29. (en) « War in Ukraine: Thousands march in Kherson against occupiers », sur BBC.com, .
  30. Faustine Vincent, « Guerre en Ukraine : pour les habitants de Kherson, « les Russes sont des occupants et Poutine est un tueur » », Le Monde, .
  31. (en) Max Hunder, « Over 400 Ukrainians protesters detained by Russian National Guard, Ukraine says », Reuters, .
  32. (en) « Protests have continued in Kherson, eastern Ukraine, which is currently occupied by Russian forces. », The Guardian, 13 mars 2022.
  33. Joseph Trevithick et Tyler Rogoway, « Ukraine Strikes Back: Barrage Leaves Russian-Occupied Kherson Airbase In Flames », The Drive,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  34. Nathan Williams et James Waterhouse, « Ukraine changes the narrative », BBC News,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  35. Nathan Williams, « Where are Ukrainian forces fighting back? », BBC News,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  36. Helene Cooper, « Russia is not in full control of Kherson anymore, the Pentagon says. », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  37. Helene Cooper, « Conflicting reports emerge on whether Russia is still in full control of Kherson. », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  38. « Russian military remains in full control of city of Kherson, residents say », CNN,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  39. « 11 novembre, les forces ukrainiennes entrent dans Kherson libérée », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).

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