Pierre-Élie Jacquot
Pierre-Élie Jacquot, né le à Vrécourt (Vosges) et mort le dans la même ville, est général d'armée et résistant français, grand-croix de la Légion d'honneur. BiographieFamille, enfance et études (1902-1925)Pierre-Élie Jacquot[1] est le fils d'Alexis Jacquot (1861-1938), lieutenant trésorier de gendarmerie, alors domicilié à Bar-le-Duc (Meuse), et de Marie-Caroline Renaud (1869-1959). Son père Alexis Nicolas Aimé Jacquot est né le 26 juin 1861 à Morizécourt (Vosges), il habitait à Bulgnéville (Vosges) lors de son mariage en 1887 avec Marie-Caroline Renaud. Alexis Jacquot voyage beaucoup et pendant cinq ans, Pierre-Élie Jacquot suit son père au gré de ses affectations. Alexis Jacquot est entré au service comme appelé le 17 novembre 1882[2]. Il fait partie de la liste de recrutement de 1881 à Neufchâteau (Vosges). Ses affectations successives sont :
En 1906, le lieutenant Alexis Jacquot est en poste à Mirecourt (Vosges). Son fils effectue de 1907 à 1910 ses études primaires à l'école de Mirecourt (10e, 9e et 8e). Le 11 juillet 1907, le lieutenant de gendarmerie Alexis Jacquot est nommé chevalier de la Légion d'honneur, décoration remise par le général Pau, commandant le 20e corps d’armée à Nancy[3]. Muté à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine) en 1911, le capitaine Alexis Jacquot emmène avec lui sa famille. Pierre-Élie Jacquot continue donc sa scolarité en Bretagne :
Son père vient de prendre sa retraite en tant que capitaine quand éclate la Première Guerre mondiale[4]. Le capitaine Jacquot est mobilisé le 10 août 1914 pour exercer les fonctions de prévôt du camp retranché à Épinal, sous les ordres du général Burkhardt. Le jeune Pierre-Élie Jacquot reste à Saint-Servan avec sa mère[5]. Il est trop jeune pour prendre part à la Première Guerre mondiale. En 1920, engagé volontaire à Neufchâteau pour une période de huit ans, Pierre-Élie Jacquot entre à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (Promotion de la Devise du Drapeau) dont il sort deux ans plus tard comme sous-lieutenant. En 1923, il devient alors instructeur adjoint à l’École militaire d’infanterie de Saint-Maixent (114e régiment d’infanterie). D'avril 1923 à janvier 1925, il est affecté au 30e bataillon alpin de chasseurs à pied (BACP)[6]. Il est alors en garnison dans les pays rhénans et participe à l'occupation de la Ruhr (Datteln, Herne, Gelsenkirchen, Düren). En octobre 1924, il est promu lieutenant[7]. Légion étrangère et guerre du Rif (1925-1929)Dès janvier 1925, il demande son affectation à la Légion étrangère. Il est d'abord affecté au 1er régiment étranger en Algérie puis il rejoint le 4e régiment étranger d'infanterie au Maroc. Jusqu'en 1929, il participe à plusieurs campagnes dans le Nord-Maroc et le Moyen-Atlas. « Faisant preuve de sang-froid et de courage », il obtient sa première citation en novembre 1925[8]. Le 13 janvier 1926 à Marrakech, le chef de bataillon Henry de Corta[9] remet au lieutenant Jacquot la Croix de guerre des Théâtres d'Opérations Extérieurs. Il est admis le 23 mars 1929 à l’École supérieure de guerre (ESG). Cette date marque la fin de son engagement au 4e régiment étranger d’infanterie. La même année, le 26 février 1929 à Vrécourt, il épouse Lucie Mamet (1909-1999), fille de Paul Mamet (1881-1953), chevalier du Mérite agricole, et de Marie-Hélène Roublot (1883-1953). Ils auront deux enfants (Line, née le 18 novembre 1929 et Philippe, né le 1er juillet 1937). École supérieure de guerre, École de guerre belge, avant-guerre (1929-1939)Le 23 mars 1929, le lieutenant Jacquot est admis à l’École supérieure de guerre (ESG) et affecté au 46e régiment d'infanterie. Il en sort breveté d'état-major le 30 octobre 1931. Par la suite, il suit les cours de l’École de guerre belge à Bruxelles jusqu'au mois d'août 1933. Il est alors affecté à l’État-major de l’Armée, 2e bureau, sous les ordres du colonel Rivet. À cette occasion, il approche pour la première fois le président du Conseil Édouard Daladier. Le 24 septembre 1933, il est promu capitaine[10]. Il effectue alors son temps de commandement de capitaine au 21e régiment d’infanterie à Chaumont (Haute-Marne)[11]. Le 2 décembre 1937, il est élevé à la dignité de chevalier de la Légion d'honneur. Fin 1938, il a la douleur de perdre à Neufchâteau, son père, le capitaine de gendarmerie Alexis Jacquot. À partir d'août 1938, il est placé à la disposition du ministère de la Défense Nationale, 2e bureau, section PR (Lutte contre la Propagande Révolutionnaire dans l'Armée). Il est remplacé en septembre 1939 par le capitaine Bonnet, puis par le commandant Devaux. À la déclaration de guerre en septembre 1939, il rejoint son poste de mobilisation au Grand Quartier général, 3e bureau TOE. Début octobre 1939, à la demande du colonel Revers, chef de cabinet du général Bineau, major général des armées, il reprend au GQG et pour les armées mobilisées, des fonctions analogues à celles qu'il avait exercées en temps de paix du cabinet du ministre. Au printemps 1940, il est remplacé à ce poste par le capitaine de réserve Benaerts. Campagne de France (1940)Le 25 décembre 1939, Pierre-Élie Jacquot est promu commandant (chef de bataillon). Il demande immédiatement à effectuer son temps de commandement dans une unité au front. Il rejoint en avril 1940, le 109e régiment d'infanterie sous les ordres du lieutenant-colonel Marchand, régiment dont il commande le 3e bataillon. Le 3e bataillon du 109e régiment d'infanterie est placé aux avant-postes dans la région de Folschviller, de la cité Jeanne d'Arc, de Carling ou encore Saint-Avold en avant de la ligne Maginot. Dès le 10 mai, lors de l'attaque allemande, il subit de très forts bombardements d'artillerie. Le 14 mai, le chef de bataillon Jacquot est blessé pour la première fois au moulin de Béning[12]. Le 28 mai 1940, le 3e bataillon reçoit l'ordre de se mettre en mouvement de la Lorraine vers la forêt de Villers-Cotterêts. Le 3 juin, il arrive à Roye (Somme). Le 5 juin, il livre de durs combats à Crapeaumesnil, puis à Roiglise. Le 9 juin 1940, le chef de bataillon Jacquot est de nouveau blessé lors de la défense de l'Oise et de la destruction du pont de Pont-Sainte-Maxence[13]. Après s'être replié sur Senlis, le bataillon entame une longue série de replis successifs, toujours sur ordre, qui vont le mener à Villeparisis, Vert-Galant, La Queue-en-Brie, Mennecy puis le 15 juin à La Ferté-Alais où il embarque pour Orléans. Le 16, le bataillon gagne la région de Jargeau (Loiret) où il se bat pour défendre la Loire. Le 18 au soir, l'ordre de repli sur le Cher arrive. Un long repli sans contact avec l'ennemi commence alors jusqu'au 25 juin 1940, jour où l'armistice entre en vigueur. Le bataillon a alors atteint la Dordogne à Bergerac (Dordogne) où le 109e RI se regroupe et stationne jusqu'au début du mois de juillet 1940. Il fait finalement mouvement vers Châtres où le régiment est dissous le 19 juillet. Pour son action lors de la campagne de 1940, le 109e régiment d'infanterie en entier est cité à l'ordre de l'Armée par le général Weygand[14],[15]. Dès la fin du mois de juin 1940, la femme du commandant Jacquot a quitté, avec ses deux enfants, la zone occupée (Paris puis Vrécourt) pour venir s'installer, en passant par Bordeaux, à Bergerac puis à Brive-la-Gaillarde en zone libre. Par la suite, sa famille s'installe à Aubazines (Corrèze). Armée d'armistice, procès de Riom, le général Frère, démobilisation (1941-1942)Le chef de bataillon Jacquot est alors affecté au 41e régiment d'infanterie[16] en cours de reconstitution à Brive pour faire partie de l'Armée d'armistice (12e division, Arrondissement de Bergerac). Il y est nommé commandant du 3e bataillon. Il reste à ce poste pendant 6 mois jusqu'en janvier 1941. Il est ensuite affecté à l'état-major du 2e groupe de divisions militaires à Royat (Puy-de-Dôme). Le chef d'état-major est alors le colonel Revers. En juin 1941, au procès de Riom, il témoigne en faveur du président Daladier. Ce témoignage lui vaudra par la suite le ressentiment du régime de Vichy[17]. Convoqué le 23 avril 1942, il n'a pas la possibilité de témoigner à nouveau. La convocation est annulée à la suite de la suspension des audiences de la cour suprême le 14 avril 1942 pour « supplément d'information ». Le 21 mai 1943, le procès est définitivement interrompu. De juillet 1941 à septembre 1942, le 2e groupe de divisions militaires est commandé par le général Frère (authentique figure de la Résistance, fondateur de l'Organisation de résistance de l'Armée (ORA) en décembre 1942 après l'invasion de la zone Sud, arrêté par la Gestapo en juin 1943, mort en déportation en juin 1944). Dans cet État-major, le commandant Jacquot « occupe un poste symbolique sinon fictif, lui permettant de poursuivre à Brive la propagande d'où devait sortir la résistance armée corrézienne ». Le général Frère le maintient dans cet « emploi » couvert par un ordre de mission permanent de recherches historiques[18]. « Il effectue pendant 20 mois, à l'intérieur de ce groupe de divisions, de nombreuses missions délicates, coupées de temps à autre par des séjours en Corrèze ». Il continue à voir régulièrement le général Frère à Royat, en particulier en octobre 1942, et pour la dernière fois en mars 1943. À la démobilisation (congé d'armistice) de l'Armée d'armistice en novembre 1942, il rejoint Brive puis Aubazine. Il rentre dans la clandestinité en décembre 1942. Résistance (1942-1944)De décembre 1942[19] à juin 1943, il participe à l'organisation de la résistance dans les milieux militaires de Corrèze, sous le pseudonyme d'« Édouard ». Officiellement, le 1er mars 1943, il est en congé d’armistice à Brive. Jusqu'en avril 1944, il effectue des missions sur le plan national pour le compte du général Revers, chef de l'Organisation de résistance de l'Armée (ORA). En juillet 1943, il prend contact avec les organisations des Basses Vosges. Pendant cette période, il se déplace avec de faux papiers (carte identité le décrivant comme « écrivain », certificats médicaux, certificat de travail, inscription en faculté, etc.). Le 3 décembre 1943, poursuivi par la Gestapo, il saute en marche du train allant de Brive à Paris et se fracture le poignet droit. Fin avril 1944, il est renvoyé en Corrèze par le général Revers pour orienter l'action militaire des maquis lors du futur débarquement et essayer d’unifier les différents groupements armés de la Résistance dans le cadre FFI. Il est renversé le 23 mai au cours d’une mission dans la région de Puybrun (Lot) par une camionnette suspecte. Il souffre d'une fracture du col de l’humérus gauche, soigné clandestinement par le docteur Bardon de Brive et par le docteur Blavous dans le maquis. Après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, les maquisards multiplient les accrochages et les sabotages ferroviaires. En particulier, ils harcèlent et ralentissent la division SS Das Reich qui a reçu, le 8 juin, l'ordre de se regrouper à Montauban et de rejoindre le front de Normandie. Le lieutenant-colonel Jacquot est choisi début juillet 1944 par le colonel Berger (André Malraux) pour être son conseiller militaire en tant que chef d'État-major de la mission interrégionale FFI de Corrèze-Dordogne-Lot en cours de constitution. Après l'arrestation du colonel Berger le 24 juillet 1944 à Gramat, il devient commandant par intérim de la mission interrégionale FFI Corrèze-Dordogne-Lot, et ce, jusqu'au 24 août 1944[20]. Il continue son travail de conseil, conciliation et préparation pour les différents groupements armés de la résistance de Corrèze, du Lot et de la Dordogne. Il participe aussi aux opérations dans la région du château d’Urval (Dordogne), du pont de Meyronne (Lot) et de Brive. Il sera cité à l’ordre du Régiment à la suite d’un coup de main sur Brive le 13 août[21]. Il signe les capitulations de Brive (15 août 1944) et Tulle (17 août 1944) en tant que lieutenant-colonel FFI[22],[23]. Brigade indépendante Alsace-Lorraine (1944-1945)Fin août 1944, l'ensemble du sud de la France est libéré. Depuis plusieurs années (25 août 1942), les jeunes Alsaciens-Mosellans se réfugient dans la zone libre pour échapper à l'incorporation de force dans l'Armée allemande. L'instauration du Service du travail obligatoire en Allemagne (STO du 16 février 1943) contribue largement à grossir les effectifs. Dès janvier 1943, un premier projet d'association est étudié, en particulier par l’abbé Pierre Bockel, Marcel Kibler (commandant Marceau), Paul Dungler (commandant Martial) et Bernard Metz. Ce projet est ensuite soumis au colonel Guy d'Ornant (commandant Marchal, délégué du général Georges Revers, chef de l'Organisation de résistance de l'Armée), au colonel Marius (général Pfister) et au colonel Henry (général Zeller). Les groupes clandestins, formés dans le cadre du réseau FFC Martial, sont appelés Groupe mobile d'Alsace (GMA) Sud. Le 1er mai 1944, l'État-major de la résistance alsacienne devient l'État-major FFI d'Alsace[24]. Fin août, les bataillons Alsaciens-Lorrains participent activement aux combats (Dordogne, Périgueux, Angoulême, Gers, Lot et Corrèze). Mais il n'y a pour ces unités ni chef unique, ni armement suffisant, ni carburant, pour les acheminer vers l'est où l'armée française du général de Lattre de Tassigny ne va pas manquer d'arriver. Contacté, le lieutenant-colonel Jacquot, originaire des Vosges, offre alors d'aider par tous les moyens en son pouvoir la réalisation de l'entreprise. Le 19 août 1944, une fois libéré de la prison de Toulouse, le colonel Berger (André Malraux) prend le relais. Il connaît et estime beaucoup Antoine Diener-Ancel pour l'avoir connu en Dordogne. André Chamson propose de joindre le général de Lattre de Tassigny pour le mettre au courant du projet et lui demander son appui. Le 5 septembre 1944 à Toulouse, le colonel Pfister (adjoint du général Maurice Chevance, Bertin, chef des FFI de la zone Sud) signe l'ordre nommant le colonel Berger au commandement de la brigade Alsace-Lorraine. Le colonel Jacquot est alors nommé commandant en second. L'ordre de mission reconnait le caractère autonome de l'unité. Les véhicules mis à la disposition par le général de Lattre de Tassigny chargent à Montauban le bataillon formé des maquis de la région toulousaine. Le même jour, la bataillon Ancel quitte la Dordogne. Les deux bataillons se rejoignent au pont de Cornil, entre Brive et Tulle. Le capitaine Dopff, les lieutenants Holl, Jessel et Landwerlin[25] prennent contact avec le colonel Berger à Dijon les 9 et 10 septembre. Ils rejoignent la brigade avec les effectifs regroupés en Savoie, à Annecy et Chambéry. Le 11 septembre, André Malraux rédige à l'hôtel de la Cloche à Dijon, le projet d'acte d'intégration de la brigade Alsace-Lorraine dans la 1re armée française (Armée B)[26],[27]. Lors des premiers combats dans les Vosges, la brigade prend son visage définitif :
« L'engagement immédiat des unités de la brigade est indispensable, quels que soient les sacrifices qu'il comporte, et malgré le mauvais état de l'équipement et de l'armement, d'un double point de vue moral et technique. Sur le plan technique, il faut savoir exactement ce que donnera sous le feu de l'artillerie et dans une situation statique, une troupe uniquement entraînée à la guérilla et en particulier à tendre des embuscades. Du point de vue moral, et c'est de loin le plus important, il est indispensable de montrer à l'armée régulière que les unités FFI de la Résistance constituent une force réelle, ayant droit de cité, et qu'elles sont capables de remplir les missions adaptées à leur structure avec un esprit de sacrifice d'autant plus remarquable qu'elles sont démunies de tout. C'est dans cet esprit qu'il est demandé le 23 septembre au général Valluy, chef d'état-major de la 1re armée française, de prendre le contact avec la 1re DB en vue d'engager pour des opérations de détail, un ou deux bataillons de la brigade. Le 24 septembre, le général Touzet du Vigier, commandant la 1re DB , décide de mettre, dans un délai assez court, un bataillon à la disposition du CC1 pour une opération de nettoyage. Le 26 septembre, un groupement tactique est constitué sous les ordres du lieutenant-colonel Jacquot. Il comprend le bataillon Verdun et un bataillon de marche constitué par les compagnies Corrèze et Iéna. L'ensemble est poussé à Froideconche. Le lieutenant-colonel Jacquot prend contact à 21 heures avec le général Sudre, commandant le CC1 à Raddon »[30],[31],[32]. L'engagement militaire de la brigade dure jusqu'à la fin du mois de février 1945. Pendant 5 mois, la brigade est engagée successivement:
Le 5 avril 1945, sa mission étant terminée, la brigade Alsace-Lorraine est dissoute. Nombreux sont les volontaires qui continuent cependant le combat dans le cadre de la 1re armée française. 1re armée française et après-guerre (1945-1954)Sous les ordres du lieutenant-colonel Jacquot, les anciens volontaires de la brigade Alsace-Lorraine constituent la 3e demi-brigade de chasseurs à pied, intégrée à la 14e division d'infanterie (en particulier le 31e bataillon). Cette division est commandée par le général Salan. Environ 500 volontaires sur 1 350 demandent à bénéficier de la clause spéciale de libération[38],[39]. La 3e DB entre en Allemagne. Elle atteint le lac de Constance quand la guerre se termine. Lorsque les troupes françaises entrent en Allemagne, les unités combattantes prennent les premières mesures d'administration et de police. Peu après, les détachements de Gouvernement militaire, chargés d'administrer les territoires occupés et gérés par la France, sont mis en place. Le colonel Jacquot commande les détachements de Stockach et d'Überlingen. En particulier, il doit administrer le camp de concentration de Goldbach à Überlingen. Au début de l'année 1945, le lieutenant-colonel FFI Pierre-Élie Jacquot est promu lieutenant-colonel à titre définitif, avec date d'effet en septembre 1942[40]. Il est promu colonel dès le début du mois de mai 1945 sur proposition du colonel André Malraux, proposition appuyée par les généraux de Lattre de Tassigny et Valluy[41]. Le 7 mai 1945, le colonel Jacquot est chargé par le général de Lattre de Tassigny, commandant la 1re armée française, de conduire à Paris le président Édouard Daladier à son retour de captivité en Allemagne[42]. Le 18 juin 1945, la 14e division d'infanterie participe au défilé de la victoire sur les Champs-Élysées, derrière son commandant le général Salan. Le 22 décembre 1945, il est muté à l’État-major du général d’armée inspecteur général de l’armée, chef d’état-major général de l’armée[43]. En avril 1946, la médaille de la Résistance lui est décernée[44]. Le 19 juin 1946, il est promu colonel à titre définitif, avec date d'effet au 25 septembre 1944[45]. Le 20 août 1946, il est promu général de brigade. Le 8 mai 1947, en l’absence du colonel Piatte, le général Jacquot exerce les fonctions de sous-chef de l’État-major de l’Armée pour 2e et 3e bureaux. Le 12 avril 1947, il est promu commandeur de la Légion d'honneur[46]. Le 1er août 1947, Pierre-Élie Jacquot est nommé sous-chef de l’État-major de l’Armée en remplacement du colonel Piatte. Le général Jacquot est nommé membre titulaire du Conseil supérieur de la guerre pour 1949. Le 20 février 1950, il est promu général de division. Du 1er avril au 19 mai 1951, il est major général de l’Armée de terre en remplacement du général Coudraux. Du 20 mai 1951 à juillet 1954, Pierre-Élie Jacquot forme puis commande la 8e division d'infanterie à Paris. Le 10 juillet 1954, il est mis à la disposition du général d’armée, chef d’état-major général des forces armées. Il est remplacé à ce poste par le général de brigade Vezinet. Le même jour, il est mis à la disposition du général d’armée, commissaire général de France et commandant en chef des forces terrestres, navales et aériennes en Indochine. Guerre d'Indochine (1954-1956)De juillet 1954 à octobre 1954, le général Jacquot est chargé de mission auprès du général Ély, commissaire général de France en Indochine et commandant en chef en Indochine. Du 14 octobre 1954 à juillet 1955, il remplace le général Salan comme adjoint militaire du général Ély en Indochine. Il est inspecteur général des Forces Terrestres en Extrême Orient. Le 11 novembre 1954, il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur. Le 1er décembre 1954, il est promu général de corps d’armée[47]. Début 1955, par délégation, il exerce les fonctions de général commandant en chef des forces terrestres, navales et aérienne en Indochine. À partir du 2 juin 1955, date du départ du général Ély, il devient, par intérim, commandant en chef les forces terrestres, navales et aérienne en Indochine et commissaire général de France. Il assume cette dernière fonction jusqu’en juillet 1955. Il est remplacé par Henri Hoppenot. Le 31 octobre 1955, il est désigné par le président René Coty comme membre du Conseil supérieur des forces armées pour l’année 1955. Le 11 janvier 1956, il est confirmé comme commandant en chef en Indochine. En avril 1956, les forces françaises quittent l'Indochine. Le corps expéditionnaire français est dissous. Le général Jacquot arrive le 17 mai à Marseille à bord du navire SS Cambodge (en) avec le dernier détachement du corps expéditionnaire comprenant le drapeau du 1er régiment de chasseurs à cheval, régiment auquel appartenait le lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny. Le général Jacquot conserve le titre de commandant en chef en Indochine jusqu’au 31 août 1956[48]. Le 8 juin 1956, pour son action en Indochine, il est cité à l'ordre de l'Armée[49]. Commandant des forces françaises en Allemagne (1956-1959)Le 1er septembre 1956, le général Jacquot est nommé Commandant en chef des forces françaises en Allemagne par le président de la République Coty. Le 1er février 1957, il est promu général d’armée. Le 28 mars 1958, sa mère décède à Baden-Baden en Allemagne. Inspecteur général de l’Armée de terre (1959-1961)Le 16 octobre 1959, le général Jacquot est nommé inspecteur général de l’Armée de terre par le président Charles de Gaulle. Il exerce cette fonction jusqu'au mois de février 1961[50]. Commandant en chef des Forces alliées en Centre-Europe (1961-1963)Le 1er mars 1961, le général Jacquot est nommé Commandant en Chef Centre-Europe (CINCCENT) et prend le commandement des Forces alliées en Centre-Europe (AFCENT) de l'OTAN. Il remplace à ce poste le général Maurice Challe[51],[52]. Fin 1960, il a eu la joie de marier sa fille avec la capitaine Léon George (1924-2009), officier qu'il a connu en Indochine. L'année 1961 ne commence pas sous les mêmes bons auspices. En avril 1961, le 18e régiment de chasseurs parachutistes (18e RCP[53]) où sert son fils le lieutenant Philippe Jacquot, sorti major de sa promotion de Saint-Cyr[54], participe au putsch des généraux à Alger. Interné après l'échec du putsch, le lieutenant Jacquot est finalement muté au 21e régiment d'infanterie, toujours en Algérie, à Oran à partir d'août 1961. Le régiment participe au maintien de l'ordre dans la ville à l'époque des attentats de l'OAS. Le 21 juillet 1961, le général Jacquot est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur par le général de Gaulle. En décembre 1961, il a la joie d'être pour la première fois grand-père. Le destin frappe durement en février 1962. Le 14 février 1962, le lieutenant Philippe Jacquot est tué au champ d'honneur, à la tête de sa compagnie, dans la ville nouvelle d'Oran. « Le 14 février 1962, des coups de feu furent tirés dans une maison de la ville nouvelle d'Oran. L'un atteignit un chef de section de la 4e compagnie, le sous-lieutenant Dupouy. Le lieutenant Jacquot le fit évacuer et s'engagea dans l'escalier au pied duquel avait été blessé cet officier, après avoir donné l'ordre à l'adjudant-chef Chaillot et au sergent Bernard de couvrir son mouvement. Il atteignit la porte entr'ouverte de l'appartement dans lequel s'était réfugié le terroriste. Celui-ci, plaqué contre un mur, fit feu dès qu'il l'aperçut. Le lieutenant Jacquot porta la main à son côté droit. Blessé grièvement au foie, il décède à la suite d'une hémorragie interne vers 12 h 30 avant de pouvoir être opéré »[55]. Le lieutenant Jacquot est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume le 6 juin 1962. Ses obsèques sont célébrées à Oran le 15 février 1962 et le 14 mars 1962, il est inhumé dans son village natal de Vrécourt[56]. Fin de vie (1963-1984)Le 16 juin 1963, le général Jacquot passe en deuxième section du cadre des officiers généraux (cadre de réserve). Il est cependant maintenu en activité dans ses fonctions par le président Charles de Gaulle jusqu’au 16 décembre 1963, puis jusqu'au 21 décembre 1963. Il est mis à la disposition du ministre des Armées par Pierre Messmer. Extrait de l'allocution prononcée par le général Deutz Darragon aux obsèques du général Pierre-Élie Jacquot à Vrécourt, le 2 juillet 1984 :
Le 29 juin 1984, le général d'armée Pierre-Elie Jacquot décède dans son village natal de Vrécourt. Il est inhumé le 2 juillet 1984 dans le caveau familial au cimetière de Vrécourt. Il y repose à côté de ses parents, de son fils, de sa femme, de sa fille (décédée en 2001), et de son gendre, le général Léon George. DécorationsDécorations françaises
Publications
Sources et bibliographieLes documents ayant servi pour l'écriture de cet article sont principalement issus des archives personnelles du général Jacquot, à savoir :
Autres sources :
Notes et références
Liens externes
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