La commune est géographiquement située en Béarn, malgré son attachement à la Soule tant sur le plan historique que culturel et linguistique. En effet 62,85 % de sa population parlait le basque en 2010[1].
Le gentilé est Esquiulais[2] (ou eskiulatar[3] en basque).
Géographie
Localisation
Carte de la commune avec localisation de la mairie.
Sur le plan historique et culturel, Esquiule fait partie de la province du Béarn, qui fut également un État et qui présente une unité historique et culturelle à laquelle s’oppose une diversité frappante de paysages au relief tourmenté[8].
La commune est drainée par le Joos, le Vert, le Littos, le Josset, Bouhatéko erreka, un bras du Joos, un bras du Ruisseau le Joos, un bras du Vert, le ruisseau couéüs, le ruisseau de Cambillou, le ruisseau Gorria, et par divers petits cours d'eau, constituant un réseau hydrographique de 43 km de longueur totale[10],[Carte 1].
Le Joos, d'une longueur totale de 35,6 km, prend sa source dans la commune de Montory et s'écoule du sud vers le nord. Il traverse la commune et se jette dans le gave d'Oloron à Préchacq-Josbaig, après avoir traversé 11 communes[11].
Le Vert, d'une longueur totale de 34,9 km, prend sa source dans la commune d'Arette et s'écoule du sud vers le nord. Il traverse la commune et se jette dans le gave d'Oloron à Moumour, après avoir traversé 6 communes[12].
Le Littos, d'une longueur totale de 13,1 km, prend sa source dans la commune d'Aramits et s'écoule du sud-ouest vers le nord-ouest. Il traverse la commune et se jette dans le Vert à Esquiule, après avoir traversé 4 communes[13].
Historiquement, la commune est exposée à un climat de montagne[14].
En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est toujours exposée à un climat de montagne et est dans la région climatique Pyrénées atlantiques, caractérisée par une pluviométrie élevée (>1 200 mm/an) en toutes saisons, des hivers très doux (7,5 °C en plaine) et des vents faibles[15].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 13,2 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 13,5 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 377 mm, avec 11,9 jours de précipitations en janvier et 9,4 jours en juillet[16]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune d'Oloron-Sainte-Marie à 8 km à vol d'oiseau[17], est de 13,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 491,4 mm[18],[19]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[20].
Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique
L’inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d’aide à la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement du territoire.
le « bassin versant du Lausset et du Joos : bois, landes et zones tourbeuses » (19 519,13 ha), couvrant 23 communes du département[25] ;
le « réseau hydrographique du gave d'Oloron et de ses affluents » (6 885,32 ha), couvrant 114 communes dont 2 dans les Landes et 112 dans les Pyrénées-Atlantiques[26].
Urbanisme
Typologie
Au , Esquiule est catégorisée commune rurale à habitat très dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[27].
Elle est située hors unité urbaine[4]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction d'Oloron-Sainte-Marie, dont elle est une commune de la couronne[Note 5],[4]. Cette aire, qui regroupe 44 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[28],[29].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (52,7 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (51,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (46,1 %), prairies (34,1 %), zones agricoles hétérogènes (16,7 %), terres arables (1,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (1,2 %), zones urbanisées (0,1 %)[30]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 4].
Lieux-dits et hameaux
Huit quartiers composent la commune d'Esquiule[31] :
Certaines parties du territoire communal sont susceptibles d’être affectées par le risque d’inondation par une crue torrentielle ou à montée rapide de cours d'eau, notamment le Vert, le Littos et le Joz erreka. La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par les inondations et coulées de boue survenues en 1982, 1992, 2008, 2009 et 2014[34],[32].
Esquiule est exposée au risque de feu de forêt. En 2020, le premier plan de protection des forêts contre les incendies (PDPFCI) a été adopté pour la période 2020-2030[35]. La réglementation des usages du feu à l’air libre et les obligations légales de débroussaillement dans le département des Pyrénées-Atlantiques font l'objet d'une consultation de public ouverte du 16 septembre au 7 octobre 2022[36],[37].
Les mouvements de terrains susceptibles de se produire sur la commune sont des affaissements et effondrements liés aux cavités souterraines (hors mines)[38]. Afin de mieux appréhender le risque d’affaissement de terrain, un inventaire national permet de localiser les éventuelles cavités souterraines sur la commune[39].
Le retrait-gonflement des sols argileux est susceptible d'engendrer des dommages importants aux bâtiments en cas d’alternance de périodes de sécheresse et de pluie[40]. 95 % de la superficie communale est en aléa moyen ou fort (59 % au niveau départemental et 48,5 % au niveau national)[Carte 5]. Depuis le , en application de la loi ELAN, différentes contraintes s'imposent aux vendeurs, maîtres d'ouvrages ou constructeurs de biens situés dans une zone classée en aléa moyen ou fort[Note 6],[41].
Toponymie
Attestations anciennes
Le toponyme Esquiule apparaît[42] sous les formes
Esquiula, Squiule et Esquiulle (respectivement 1542 pour les deux premiers, et 1548, réformation de Béarn[43]).
Étymologie
Selon Jean-Baptiste Orpustan, Esquiule provient du basqueezkiola, « la cabanne des tilleuls » avec assimilation vocalique romane -iola > -iule. Le nom basque moderne a été calqué sur le nom roman[44].
Graphie en langues locales
Son nom basque actuel est Eskiula[3] et Esquiula ou Esquiule en béarnais.
Histoire
La Coutume de Soule, écrite le par Jacques de Béla[45] est un document qui décrit la société et les institutions de la Soule au Moyen Âge et même au-delà. La Soule est divisée en trois messageries et Esquiule fait partie de la messagerie de Haute-Soule qui comprend dix-neuf paroisses. Cette messagerie est divisée en deux dégairies ou vics : le val dextre et le val senestre[46].
Paul Raymond[42] note que la seigneurie d'Esquiule dépendait de la baronnie de Mesplès[47]. Esquiule est souvent énumérée dans les listes de communes souletines. Pourtant ce village, de création relativement récente (au milieu du XVe siècle), a bien été fondé sur des terres béarnaises — même si sa population a été constituée de colons venus des terres basques situées plus à l'ouest. De langue basque, la paroisse n'en est pas moins demeurée sous juridiction béarnaise (dépendant tant de la subdélégation que de la sénéchaussée d'Oloron[48]), et a été rattachée au canton d'Aramits à la départementalisation en 1790. On peut d'ailleurs préciser que le , la population a réclamé par référendum son rattachement au canton basque de Barcus, ce qui ne lui a pas été concédé[49]. On a donc affaire ici à une commune de culture basque en terres béarnaises. En matière pastorale, Esquiule n'est d'ailleurs pas membre de la commission syndicale du Pays de Soule, propriétaire des terres de pacage indivises, mais a conclu deux accords (le premier en 1456 et le second en 1652) pour l'utilisation de certains terrains d'altitude de la province historique[50].
Culture basque
Au XXIe siècle encore, la commune fait partie d'un canton ainsi que d'une intercommunalité béarnaise. Il s'agit donc d'une commune de culture et de langue basque en terre béarnaise. Selon l'Académie de la langue basque, Esquiule fait partie de la Soule[51]. L'attachement à la culture basque et souletine est toujours ancré de nos jours. Esquiule a notamment organisé la pastorale souletine de 1912 sur le thème de Napoléon, de 1955 sur le thème de Matalas et de 2000 sur le thème de Maddalena De Jauréguiberry. Elle possède une association de danses souletines. Esquiule est également membre du syndicat intercommunal de soutien de la culture basque.
Politique et administration
Liste des maires successifs
Période
Identité
Étiquette
Qualité
1790
1791
Joseph Murcuillat
1791
1792
Pierre Andère-Hagolabustan
1792
1805
Pierre Lepphaille
1805
1812
Jean Pierre Castillon
1812
1813
Joseph Poutchoue
1813
1815
Martin Castège
1815
1831
Jean Pierre Castillon
1831
1837
Jean Pierre Quintaburu
1837
1848
Alexis Castéjurry
1848
1871
Simon Etchanchu Espelet
1871
1876
Pierre Narbéburu
1876
1881
Pierre Legris
1881
1892
Jean Etchégorry
1892
1896
Pierre Narbéburu
1896
1901
Simon Augé Eyheralt
1901
1904
Pierre Berho
1904
1925
Thomas Solougaray
1925
1945
Pierre Etchart Bichar
1945
1949
Armand Berdot
1949
1959
Albert Lepphaille
1959
1969
André Orgambide
1969
1983
Jean-Pierre Rousseu
1983
1995
Jean Berdot
1995
2008
Laurent Chabalgoity
2008
2016
Jean Bedecarrax
2016
en cours
Maryse Artigau
Les données manquantes sont à compléter.
Intercommunalité
La commune fait partie de quatre structures intercommunales[52] :
le syndicat intercommunal pour le soutien à la culture basque.
Population et société
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[53]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[54].
La commune dispose d'une école élémentaire publique[57].
Économie
L'activité est principalement agricole (élevage, pâturages, polyculture, vigne). La commune fait partie de la zone d'appellation de l'ossau-iraty.
Culture locale et patrimoine
Patrimoine linguistique
Les deux versions de la Carte des sept provinces basques montrant la délimitation actuelle de l'euscara en dialectes, sous-dialectes et variétés dressée en 1863 par le prince Louis-Lucien Bonaparte placent Esquiule dans l'aire bascophone.
La carte du Pays basque français dressée en 1943 par Maurice Haulon laisse apparaître la "démarcation actuelle entre la langue basque et les dialectes romans". La commune d'Esquiule est située dans l'aire bascophone.
D'après la Morfología del verbo auxiliar vasco [Morphologie du verbe auxiliaire basque], Esquiule est située dans l'aire bascophone, et plus précisément de dialecte souletin. Son auteur Pedro de Yrizar estime dans les années 1970-1972 le nombre de locuteurs basques à 100%, soit l'un des taux les plus hauts de Soule.
Dans le choix des communes dites les plus adaptées pour réaliser une étude linguistique sur le dialecte souletin, l'auteur, assisté du linguiste et philologue René Lafon, précise pour Esquiule : " localité en dehors des limites de la Soule ; frontière basco-romane ".
Eskiulako bestak : les fêtes du village ont lieu fin août, avec au programme tradition et modernité dans un esprit festif : chant, danses, concert, bal, bandas
Le château des seigneurs de Mesples, construit en 1609 et démoli dans les années 1970 dont il ne reste plus que la tour de l'escalier. Il existait une cheminée monumentale style renaissance. Une chapelle castrale y était accolée. Les pierres ont servi à reconstruire le château d'Aren
la papeterie (Moulin) de Berbielle, possession des seigneurs de Mesplès, dont l'existence remonte au milieu du XVIe siècle
Eliza bestak (littéralement fête de l'église) a lieu à la mi-décembre
Association Eskiularra : chants et de danses souletins
Dinbili Danbala : création artistique de Catherine Arçanuthurry sur le thème des Quatre Saisons de Vivaldi ainsi que sur les danses traditionnelles de la Soule (danse du verre, etc.) en 2007
Oroitzapenak - Création de danses et chants souletins. Spectacle joué essentiellement par les enfants de l'association Aintzina Eskiula. en 2012
Patrimoine religieux
L'église de l'Immaculée-Conception[59] date du XIXe siècle.
Équipements
La commune dispose d'une école primaire.
Personnalités liées à la commune
Jean-César de Mesplès, dernier seigneur d'Esquiule, Berbielle, Ilhasse, Saint-Goin, Marquis de Mesples (1771-1790), né et baptisé à Saint-Goin le 18 août 1721, est décédé à Pau le 1er thermidor an III (19 juillet 1795). Il fut aussi président à mortier au Parlement de Navarre (1751-1790). Marié à Marie-Angélique Roux de Gaubert, leur fille unique, la marquise de Verthamon vendra la totalité des biens du Marquisat de Mesplès (Seigneurie d'Esquiule, Berbielle, Ilhassse et Saint-Goin à Emmanuel Lagarde en 1822.
Notes et références
Notes et cartes
Notes
↑Les distances sont mesurées entre chefs-lieux de communes par la voie routière et évaluées à l'aide d'un calculateur d'itinéraires.
↑Les distances sont mesurées entre chefs-lieux de communes à vol d'oiseau.
↑Dans les sites Natura 2000, les États membres s'engagent à maintenir dans un état de conservation favorable les types d'habitats et d'espèces concernés, par le biais de mesures réglementaires, administratives ou contractuelles[21].
↑Les ZNIEFF de type 2 sont de grands ensembles naturels riches, ou peu modifiés, qui offrent des potentialités biologiques importantes.
↑Dans les zones classées en aléa moyen ou fort, différentes contraintes s'imposent :
au vendeur d'informer le potentiel acquéreur du terrain non bâti de l’existence du risque RGA ;
au maître d’ouvrage, dans le cadre du contrat conclu avec le constructeur ayant pour objet les travaux de construction, ou avec le maître d'œuvre, le choix entre fournir une étude géotechnique de conception et le respect des techniques particulières de construction définies par voie réglementaire ;
au constructeur de l'ouvrage qui est tenu, soit de suivre les recommandations de l’étude géotechnique de conception, soit de respecter des techniques particulières de construction définies par voie réglementaire.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑La mise par écrit de La Coutume de Soule fut demandée par lettres patentes du roi François Ier, du . Le , elle était rédigée. La première publication a été imprimée en 1553.
↑La baronnie de Mesplès fut établie en 1633. Elle comprenait Esquiule, Berbielle et Illiasse. Elle dépendait de la vicomté de Béarn. Mesplès est le nom de la famille pour laquelle la baronnie fut érigée.
↑Voir l'article « Oloron » du dictionnaire topographique de Paul Raymond.
↑Un historique sommaire d'Esquiule est disponible sur le site Pastorale de l'an 2000 (consulté le 28 décembre 2006)
↑Selon Jean-Louis Etchecopar-Etchart, la communauté syndicale de Soule « considère cette faculté comme une simple tolérance », voir Histoire du Pays de Soule, recueil de références, Mauléon, 1989.