RAe TEE IIRAe TEE II (CFF)
RABe EC (CFF) RAe TEE II n°1053 à Airolo (portail sud du tunnel ferroviaire du Saint-Gothard).
Le RAe TEE II, aussi connu sous le nom de Gottardo, est un célèbre train automoteur des chemins de fer fédéraux suisses (SBB-CFF-FFS) utilisé pour les services Trans-Europ-Express. Ce sont pour les CFF des trains TEE de la seconde génération, d'où la dénomination TEE II par opposition aux RAm TEE I. HistoriqueAu printemps 1959, les CFF passèrent commande à l'industrie ferroviaire suisse de quatre trains capables d'assurer les services Trans-Europ-Express sur les différents réseaux ferroviaires ouest-européens. Les suisses voulaient faire la liaison entre le réseau TEE du nord de l'Europe et, après la traversée des Alpes suisses, le réseau TEE du sud de l'Europe (Milan/Lyon et Milan/Marseille) en rejoignant l'Italie. Pour la traction, deux solutions s'offraient aux concepteurs : la traction thermique ou électrique avec un train polytension. L'industrie suisse n'étant pas spécialiste de la traction thermique, la traction électrique offrant plus de souplesse au niveau de la traction fut logiquement choisie. Ce choix imposa donc que ces trains soient compatibles avec les quatre tensions électriques différentes présentes sur ces réseaux, Elle fut surtout nécessaire pour pouvoir avoir une puissance suffisante (plus de 3 000 ch) pour affronter les rampes (jusqu'à 26 pour mille) sur l'accès au tunnel du Gottard et du Simplon et aussi, pour pouvoir traverser ces longs tunnels alpins (plus de 19 km pour le Simplon), ce que la traction thermique ne pouvait pas et générait des problèmes dus aux gaz d'échappement. La partie mécanique est réalisée par la Schweizerische Industrie Gesellschaft (SIG), la partie électrique par la Maschinenfabrik Oerlikon (MFO) et Brown Boveri Company CC pour les parties climatisation et pantographes. Le système est quadritension (1,5 kV, 3 kV, 15 kV et 25 kV), tri-fréquence (continu, 16 2/3 Hz et 50Hz) et bi-courant (continu et alternatif) et fut reconduit sur dix locomotives CC 40100 de la SNCF et huit de la série 16 de la SNCB, également créées pour les services TEE. Début de carrièreCes quatre trains réversibles de cinq caisses furent mis en service pour l'horaire d'hiver 1961 sur trois relations TEE :
Le tournus suivant fut mis en place :
Le , soit peu de temps après la mise en service des RAe, le TEE Cisalpin est victime d'un grave accident près de Montbard. Lancée à 140 km/h, roulant en direction de Paris, la rame 1053 percute un wagon-citerne d'un train de marchandises roulant sur la voie 1, couché à travers les voies à la suite d'une rupture de fusée, avec un engagement du gabarit de la voie 2 et elle déraille. L'accident fait neuf victimes et trois blessés graves. Durant la longue remise en état du train (près d'un an et demi), les CFF firent le pari de tenir le service sans effectuer l'entretien initialement prévu un jour sur quatre à Zurich. Contre toute attente, ce pari fut gagné et pas une seule panne irréparable n'entrava l'exploitation. Jusqu'en 1988En 1966, il est décidé d'augmenter la capacité en ajoutant une voiture supplémentaire de 42 places et de construire une cinquième rame. Cette dernière, comportant déjà six éléments, sera mise en service l'année suivante. Au début des années 1970, la SNCF reprocha aux CFF le manque de souplesse des rames RAe TEE II, indéformables et incompatibles avec tout autre matériel ferroviaire. S'il fallait renforcer le train lors d'un pic de trafic, il n'y avait pas d'autre solution que d'ajouter une seconde rame, la capacité du train passant ainsi du simple au double. Il fut donc décidé d'assurer le Cisalpin dès le avec une rame tractée composée des nouvelles voitures Mistral 1969 pour mieux répondre à la demande croissante[1]. Les rames RAe dégagées du parcours Paris-Milan sont alors basculées sur les liaisons Zurich-Bruxelles assurées depuis 1957 par les rames diesel hollando-suisses RAm, qui arrivent à bout de course. Outre les Gottardo et Ticino, les RAe effectuèrent encore les relations TEE suivantes : Ainsi que, pendant un certain temps, une relation entre Zürich-Flughafen et Basel SBB pour le compte de Swissair. La période EuroCityDès 1988, les relations TEE cessèrent et les RAe furent alors transformés pour assurer des relations EuroCity. Elles reçurent une nouvelle livrée gris clair/gris foncé et la seconde classe fit son apparition. Ainsi rénovées, elles reçurent un Brunel Award récompensant leur design, ainsi que le doux surnom de « Souris grises ». Les désormais RABe EC effectuèrent les relations EuroCity suivantes :
Puis, également une liaison entre Berne et Frasne, en passant par Bienne et Neuchâtel pour assurer la correspondance avec les TGV Lausanne - Paris. La finAprès près de quarante ans de service, les RABe EC accusèrent de plus en plus leur âge. Les rames 1052 et 1054 furent retirées du service dès 1995 et envoyées à la ferraille. Les trois autres furent radiées à leur tour en 1999 et 2000, l'une d'elles servit quelque temps comme bureaux loués à des particuliers en gare de Bienne. La rame 1053, celle-ci même qui subit l'accident de Montbard, fut choisie comme véhicule historique préservé. Elle est alors remise à neuf dans les ateliers BLS de Bönigen et retrouve sa livrée rouge/crème TEE d'origine. Elle fait partie aujourd'hui du contingent de SBB Historic, la fondation pour le patrimoine historique des CFF, et il est possible de la louer pour des voyages en groupe. La voiture-restaurant a retrouvé sa configuration d'origine et la voiture 5 a été dotée d'un aménagement spécial comprenant des tables et un piano.
DescriptifÀ l'origine (époque 1961/1966), une rame se compose de la manière suivante :
À partir de 1966, une seconde voiture intermédiaire (voiture 2), identique à la voiture 4 (devenue alors voiture 5), a été intercalée entre la première voiture-pilote et l'élément moteur. Cette voiture rajoutée devait avoir ses sièges de couleur verte. Sur un plan SIG de , dans cette version à 6 caisses, les voitures intermédiaires 2 et 5 étaient indiquée "non fumeur". Les voitures pilotes 1 et 6 étaient indiquées "fumeur". Contrairement à l'époque 1961/1966, la répartition des couleurs des sièges dans la version à 6 caisses est incertaine : si les 3 teintes initiales des sièges ont été très certainement maintenues et comme la voiture rajoutée avait les sièges vert, on peut donc raisonnablement penser avoir le schéma suivant :
Lors de la transformation en RABe EC, la voiture-restaurant a perdu de la place au profit de sièges de 2e classe (couloir central, disposition 2+2) et les voitures 5 et 6 reçurent la même disposition de sièges de 2e classe. La voiture restaurant a aussi retournée de 180° afin de mettre la partie bar vers l'élément moteur où se trouve la cuisine: cela a été possible car la voiture restaurant a ses entrées (via les soufflets étanches) en diagonale. À chaque extrémité du train étaient disposés des attelages automatiques Scharfenberg, permettant d'accoupler deux rames RAe TEE II (resp. RABe EC) en unités multiples, doublant ainsi la capacité, ou d'atteler une locomotive de secours en cas de panne. La disposition particulière des lampes frontales est à souligner. Chaque voiture-pilote possède 5 feux : 1 supérieur et 4 inférieurs (2 de chaque côté). Le feu supérieur et les deux feux extérieurs éclairent en blanc ou rouge (3 blancs : marche normale ; 2 rouges : fin de convoi ; 3 rouges : signal d'alerte aux CFF). Les deux feux intérieurs sont commutables jaune ou vert (jaune : signalisation NS ; vert : disposition spéciale FS) Pendant la marche, un mécanicien de bord était présent en permanence afin d'assurer la maintenance et d'éventuels dépannages. La rame étant si particulière et les nombreux pays traversés (donc les langues parlées) qu'une telle présence à bord était nécessaire et rassurante. Si aucun problème technique ne l'accaparait, le mécanicien de bord se rendait alors utile à la cuisine, au bar ou au restaurant. Données techniquesConstruits en 1961 (1051-1054) et 1967 (1055) par SIG et MFO Oerlikon
RAe TEE II 5 éléments
RAe TEE II 6 éléments
RABe ECDès 1988/89 jusqu'au retrait du service
Pantographes et tensionsLe réseau ferré européen comporte de nombreux systèmes d'électrification différents ; afin que le RAe TEE II puisse circuler dans tous les pays du pool TEE, pas moins de quatre pantographes différents étaient nécessaires. La conception particulière de ces derniers leur permettait de s’imbriquer lorsqu’ils sont en position basse. Voici sur quels réseaux étaient utilisés ces différents pantographes[2] :
Ce prestigieux train était bien sûr destiné à se retrouver au catalogue de fabricants de modèles réduits ferroviaires. Mais la diversité de caisse exigeait quatre moules soient fabriqués afin de réaliser un train de six voitures ! La rentabilité d'un tel modèle n'était pas garantie. Malgré tout, quelques marques l'ont tout de même réalisé : Échelle HO (1/87e)
Échelle N (1/160e)
Autres échellesIl est possible que quelques artisans en aient fabriqué une petite production, tel Hermann à l'échelle 0. Sources et références
Liens externes
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