Les massacre a lieu dans le cadre des exactions commises par la Milice française sur tout le territoire, en représailles de l'exécution du collaborateur Philippe Henriot par un commando de la Résistance. Un groupe de miliciens dirigés par Joseph Lécussan et la Gestapo, soutenus par la Propagandastaffel, à laquelle appartient Pierre de Varga[1],[2], arrêtent dans la nuit du 21 au et transportent à Bourges, dans la prison du Bordiot, 70 personnes. Ces dernières représentent la quasi-totalité de la communauté juive de Saint-Amand-Montrond. Il s'agit pour la plupart d'Alsaciens-Lorrains, réfugiés depuis l’automne 1939 à Saint-Amand, sous-préfecture du département du Cher, et dans ses environs, cette partie du département du Cher étant en zone non occupée. Ils y ont vécu pendant cinq ans dans une relative sécurité.
Sur trois jours, 36 de ces personnes, hommes et femmes de 16 à 85 ans, vont être tués sur le site des puits de Guerry[3],[4],[5] :
Le , 26 hommes sont entassés dans une camionnette qui les conduit à une ferme au lieu-dit Guerry, dans la commune de Savigny-en-Septaine. Les hommes sont appelés à sortir de la camionnette par groupes de 6. Ils sont jetés, vivants pour la plupart, dans l'un des puits très profonds de la ferme. Un des prisonniers, Charles Krameisen, réussit à s'enfuir ; il court jusqu’à la ferme de la famille Guillaumin où il reste caché dans la grange 3 jours avant de repartir vers Saint Just, à 13 km, aidé par Monsieur Guillaumin et Monsieur Mathurin, le boucher du village, dans la camionnette de ce dernier, qui le fera passer en zone libre[6].
Le , 3 hommes sont assassinés, de manière semblable, dans un second puits de la ferme.
Le , 8 femmes subissent le même sort, certaines portant des traces de violence sadique[7].
Dans les trois cas, les assassins jettent des sacs de ciment et des grosses pierres sur les corps pour les écraser et masquer leur présence[8].
Après la Libération, le témoignage du seul survivant, Charles Krameisen, permet de retrouver le lieu du drame et les corps des victimes, identifiées le [9].
Hommage aux victimes du nazisme et des collaborationnistes français
Cérémonie commémorative aux puits de Guerry
La tragédie des puits de Guerry peut être considérée comme un épisode de la Shoah en France[16] et un exemple parmi des centaines qui témoignent de l'atrocité du génocide des Juifs entrepris par les nazis en France avec l'aide de milices françaises[17].
Un des responsables du massacre est Pierre Paoli, agent français naturalisé allemand du SD de Bourges, sous les ordres de Erich Hasse mais le massacre est sous les ordres de Friedrich Merdsche(de)[18] (condamné à mort et exécuté en 1946[19]). Fritz Merdsche est le chef de la GestapoOrléans qui était installé au 20, rue Alsace-Lorraine. Joseph Lécussan sera responsable aussi du massacre sous le coup de l'assassinat de Philippe Henriot, aidé de Roger Thevenot, chef départemental de la Milice pour la zone nord du Cher, qui sera abattu de 4 coups de revolver par un homme en bicyclette à l'angle de la rue Calvin et le boulevard de la République le 8 août 1944.
Encore aujourd'hui, un hommage est rendu aux victimes de cette tragédie en organisant des commémorations[20],[21].
Notes et références
Notes
↑Il est écrit par erreur dans Klarsfeld, 2012, pour la date de sa mort : au lieu de .
↑Il s'agit du militant socialiste Gaston Lévy, voir Justinien Raymond, « LÉVY Gaston, Salomon », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne). Il y a dans Klarsfeld, 2012, un Lévy, Gaston, né le 7 mars 1891 à Lambach et mort le 14 juillet 1944 à Seillon (Ain), mais sans relation avec la localité de Guerry dans le Cher.
↑Comité du Souvenir de la tragédie des Puits de Guerry, La tragédie de Guerry près Bourges Cher, Bourges, Bourges, Comité du Souvenir de la tragédie des Puits de Guerry,, , 63 p.