Ginette KolinkaGinette Kolinka
Ginette Kolinka, née Cherkasky le à Paris 11e, est une survivante du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et, à partir des années 2000, passeuse de mémoire de la Shoah[1]. BiographieFamille et originesGinette Cherkasky naît le dans une famille juive athée[2]. Elle a cinq sœurs aînées et un frère cadet, Gilbert, né le . Son père, Léon Cherkasky, d’origine ukrainienne[3], né à Paris le , est tailleur et dirigeant d’un petit atelier de fabrication d’imperméables dans le quartier du Faubourg du temple. Sa mère, Berthe Fairstin, née le à Pitesti en Roumanie, est femme au foyer. Dans les années 50, elle se marie avec Albert Kolinka (1913-1993)[4], avec qui elle a un fils Richard Kolinka[5], batteur du groupe de musique Téléphone, dont les premières répétitions du 2 au se dérouleront dans sa cave[6]. Jusqu'aux années 90, elle est marchande foraine au marché de la Porte de la Villette à Aubervilliers[4]. Elle est la grand-mère de l'acteur Roman Kolinka. Enfance et déportationElle passe sa petite enfance dans le 11e arrondissement de Paris puis à Aubervilliers avec ses parents, ses cinq sœurs et son frère[7],[8],[9]. La Seconde Guerre mondiale bouleverse sa famille quand son oncle et son beau-frère sont arrêtés en 1941. En , sa famille fuit son domicile en raison de son arrestation imminente. Ils rejoignent alors la zone libre, non occupée par les Allemands, et trouvent refuge à Avignon (Vaucluse). Le , à dix-neuf ans, elle est arrêtée avec son père, Léon Cherkasky[10], son jeune frère de douze ans[2], Gilbert Cherkasky, et son neveu de quatorze ans, Georges Marcou[11], par la Gestapo à la suite d'une dénonciation[12]. D'abord incarcérée à la prison d'Avignon puis à celle des Baumettes, la famille est ensuite internée au camp de Drancy. Un mois plus tard, la famille est déportée par le Convoi no 71 du 13 avril 1944[13] en direction du camp d'Auschwitz-Birkenau. C'est le même convoi que Simone Veil[14]. Dès l'arrivée du train, son père ainsi que son frère sont gazés. Ginette, quant à elle, est sélectionnée pour le travail et rejoint le camp des femmes. D' à , elle connaît un parcours marqué par son passage dans les camps de Bergen-Belsen et de Theresienstadt[15]. Au camp de Bergen-Belsen, elle travaille dans une usine de pièces d'aviation. Elle contracte le typhus durant cette période. En , elle change de camp mais, à son arrivée, le camp est libéré, et elle est donc accueillie par les Alliés et rapatriée à Lyon avant de rejoindre Paris le pour retrouver les membres de sa famille qui ont survécu[16] : sa mère et quatre de ses cinq sœurs[8]. Témoin de la ShoahPendant quarante ans, elle tient un étal de bonneterie sur un marché d’Aubervilliers avec son mari. Longtemps, elle ne souhaite pas transmettre son histoire et l'horreur de la Shoah en disant qu'elle ne veut pas « ennuyer les gens ». Mais peu à peu l'envie de parler lui vient. Au début des années 2000, veuve, elle pousse la porte d’une association d’anciens déportés[17]. Ginette Kolinka devient une ambassadrice de la mémoire qui sillonne la France pour raconter son vécu aux jeunes générations[15]. Elle va d’établissement en établissement scolaire pour parler de la Shoah et sensibiliser les jeunes à cela. Elle est l'une des participantes du documentaire « Les copines de Birkenau » (2024)[18]. Dans le cadre des élections législatives françaises de 2024, Serge Klarsfeld déclare que s'il était confronté à un duel entre La France insoumise et le Rassemblement national, il voterait, « sans hésitation », pour le candidat RN, et nie l'actuel antisémitisme d'extrême droite en continuum avec le fascisme historique, accusant ce qu'il classe à l'extrême gauche d'être actuellement véritablement antisémite en revanche. Il est fortement critiqué par Ginette Kolinka[19], qui lui répond notamment que c'est bien en raison de la présence de l'extrême droite au pouvoir qu'elle a été déportée[20], témoignant de son inquiétude et de son incompréhension face à ce point de vue politique, tout en exprimant dans le cadre de ses engagements mémoriels qu'elle regrette l'oubli de l'histoire, sa déformation et la recrudescence des comportements antisémites en rapport avec le conflit israélo-palestinien. Elle ne croit pas dans ce contexte que l'extrême droite puisse jamais sincèrement défendre les Juifs et être plus ouverte que le camp progressiste[21]. Distinctions
Le , Ginette Kolinka est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur au titre de « ancienne commerçante, membre du conseil d'administration d'une association ; 63 ans d'activités professionnelles et associatives »[24] puis promue au grade d'officier du même ordre le au titre de « ancienne déportée œuvrant au devoir de mémoire »[25]. Ginette Kolinka est élevée au grade de commandeur dans l'ordre des Palmes académiques par la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Najat Vallaud-Belkacem le [13]. Ginette Kolinka a reçu la médaille de citoyenne d'honneur de la Ville de Roanne le . Une rue porte son nom dans le centre-ville de la commune[26]. Le , le Conseil départemental de la Haute-Garonne a attribué au nouveau collège de Seysses le nom de "Ginette Kolinka"[27]. Publications
Adaptation
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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