Aucune unité d'infanterie n'est casernée dans les oblasts de Donetsk et de Louhansk (seulement des unités de défense aérienne, du SBU et celles du ministère de l'Intérieur : militsia et gardes-frontières). Comme les Forces armées de l'Ukraine sont durant leurs quinze premières années sous-financées à cause des difficultés budgétaires et de la corruption, les unités sont en sous-effectif et manquent de matériel ; l'Armée est de plus en pleine réorganisation en 2013 à la suite de la suppression de la conscription : résultat, seulement sept bataillons mécanisés sur un total de 30 sont alors opérationnels[2].
En réponse à la saisie de la Crimée par les Russes en février 2014 et aux concentrations de troupes russes le long de la frontière russo-ukrainienne, les régiments de forces spéciales ukrainiennes sont envoyés en premier, car immédiatement disponibles. Les bataillons mécanisés sont laborieusement complétés avec des réservistes, puis déployés en début mars sous forme de groupes tactiques (~ BTG) incomplets : les 1/ et 3/30e le sont deux semaines à Shyrokyi Lan au nord-est de Melitopol, puis rejoignent quatre bataillons aéroportés au nord de l'isthme de Perekop (face à la Crimée) ; le 1/24e, deux de la 128e et la 1re brigade de chars sont déployés dans l'oblast de Soumy (face à Koursk) ; la 92e brigade est renforcée avec le 1/93e autour de Kharkiv (face à Belgorod) ; le 2/30e et le 1/93e dans l'oblast de Louhansk (face à Millerovo et Rostov).
En avril, l'entrée en insurrection des villes de l'Ukraine orientale déclenche l'« opération anti-terroriste », avec l'envoie de l'Armée dans les villes : les 1/24e (près de Sloviansk), 51e (Kourakhove, Vouhledar et Volnovakha) et 72e (à Marioupol) dans l'oblast de Donetsk, en compagnie de quatre bataillons aéroportés ; les 93e mécanisée, 128e de montagne et 1re de chars dans l'oblast de Louhansk, avec deux bataillons aéroportés. La 28e n'arrive à fournir qu'un BTG en juillet, placé le long de la frontière[2]. Ces unités y affrontent les milices séparatistes, dans une situation de guerre civile. La 51e mécanisée se comporte tellement mal, 53 hommes évacuant leur position en franchissant la frontière à Tchervonopartizansk le (capturés, ils furent accusés dans les médias de désertion)[3], puis un de ses groupes tactiques s'enfuyant lors du combat d'Olenivka le , que le président Porochenko annonce le la dissolution de la brigade[4], puis la formation de la 14e mécanisée à sa place, en conservant les éléments les plus fiables (unités de reconnaissance, antichar et de réparation).
Développement entre 2014 et 2022
À partir de la mobilisation partielle décrétée le , les effectifs commencent à augmenter. En 2015-2016, les unités remplacent leurs titre honorifiques héritées de l'Armée rouge par des nouveaux faisant référence à l'histoire ukrainienne. Depuis la réforme de , des bataillons (un à deux par brigade mécanisée) d'infanterie motorisée (ex bataillons de défense territoriale, levés avec des volontaires en 2014) se sont rajoutées, avec peu de véhicules blindés (BMP et BTR) et de chars (une compagnie de chars à la place d'un plein bataillon) ni d'artillerie automotrice. En , une première brigade de chasseurs a été créée, spécialisée dans le combat en milieux forestier et marécageux (courant dans le Nord de l'Ukraine).
Durant la guerre du Donbass, plusieurs brigades sont créées :
14e brigade mécanisée (14e brigade distincte mécanisée nommée d'après le prince Roman le Grand), formée en à partir des militaires les plus fiables de l'ex 51e brigade mécanisée ;
La mobilisation décrétée en a permis de mettre toutes les unités à plein effectif, avec en prime la création de plusieurs nouvelles brigades mécanisées ou motorisées, dont celles formant le corps de réserve, notamment au début de ; plusieurs brigades sont renforcées par de nouveaux bataillons de fusiliers (de l'infanterie légère). Si en l'Armée ukrainienne dispose de 22 brigades mécanisées, ce nombre est porté à un total de 50 brigades (qu'elle s'appellent mécanisées, motorisées, de montagne, de chasseurs, d'assaut, spéciale ou présidentielle) en , permettant de faire face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La majorité de l'infanterie mécanisée ukrainienne est organisée en brigades mécanisées (механізовані бригади, abrégé en мбр) interarmes (théoriquement environ 3 000 hommes, désormais plus)[16], regroupant plusieurs types d'unités.
Une plus faible partie de l'infanterie mécanisée ukrainienne est intégrée dans les brigades de chars, à raison d'un bataillon mécanisé pour trois de chars, soutenus par de l'artillerie, du génie et les unités organiques habituelles. Les brigades de montagne, de chasseurs, motorisées, d'assaut aérien, aéroportée, aéromobile, de marine ou de fusiliers de l'Air sont théoriquement composées d'infanterie motorisée, comprenant moins de véhicules blindées que celles mécanisées. Il y a aussi un bataillon d'infanterie dans chaque brigade d'artillerie, servant d'unité de sécurité, chargée de la défense rapprochée.
Un bataillon mécanisé (механізований батальйон) est composé de trois compagnies mécanisées, soutenues dans le cas des bataillons sur BTR (600 hommes sur 45 BTR) par une batterie (61 h) de six mortiers de 120 mm, un peloton (25 h) de six lance-grenades AGS-17, un peloton antichar avec quatre missiles antichars et deux SPG-9, un peloton antiaérien (16 h) avec neuf lance-missiles Igla, un peloton de reconnaissance (22 h) avec un BRM (un BMP de reco) et deux BMP-2, un peloton du génie (19 h) avec un engin de terrassement PZM-2 et deux véhicules à six-roues, un peloton de transmissions (29 h), une compagnie de logistique (48 h, huit camions de fret, six camions-citerne de carburant, un camion-citerne d'eau, quatre cuisines de campagne, des ateliers de réparation et une dépanneuse) et une unité médicale (9 h). Le bataillon sur BMP (520 hommes sur 40 BMP) n'a pas de peloton antichar[18].
Une compagnie mécanisée (механізована рота) est constituée de trois pelotons de trois blindés, chacun portant neuf hommes. Une compagnie sur BMP compte 95 hommes, tandis que les compagnies sur BTR alignent chacune 112 hommes (car ils ont un peloton antichar en plus).
À partir de 2023, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine, la plupart des brigades s’agrandissent dans un processus de standardisation. L'armée ukrainienne compte plusieurs dizaines de bataillons (essentiellement de fusiliers) séparés qui sont intégrés aux brigades ukrainiennes. Alors que la plupart des brigades comptaient 3 à 4 bataillons, elles en comptent désormais en moyenne 5 à 6. Par exemple, la 72e brigade mécanisée dispose de trois bataillons mécanisés et d'un bataillon de fusiliers linéaires auxquelles s'ajoute un bataillon motorisé et un autre bataillon de fusiliers séparés (le 48e bataillon de fusiliers). La 93e brigade mécanisée compte en 2024 neuf bataillons : trois mécanisés, trois motorisés et trois de fusiliers, faisant d'elle la plus grosse brigade ukrainienne[19].
En avril 2022, le président ukrainien demande officiellement aux autres États de fournir de l'équipement lourd[20]. Ces livraisons ont permis de compenser les pertes matérielles (au moins 747 BMP et 344 BTR de février 2022 à septembre 2023)[21] et d'équiper de nouvelles unités, mais ont eu comme conséquence une grande variété de modèles, ce qui complique l'entretien, la formation et l'approvisionnement en pièces détachées. Selon le site Oryx, l'Ukraine a reçu entre le printemps 2022 et l'été 2023 (tous ne sont pas affectés à l'Armée de terre, une partie est confiée aux Forces d'assaut aérien, au Corps de marine, à la Garde nationale, etc., sans compter les pertes) :
52e brigade mécanisée (ancienne 254e division de fusiliers motorisés), dissoute en à Artemivsk ;
62e brigade mécanisée (ex 119e centre de formation de district, ancienne 117e division de chars de la Garde), dissoute à Berdytchiv en (la 117e division fut remplacée par la 62e brigade mécanisée, sur la base de laquelle, à son tour, fut créée la 26e brigade d'artillerie) ;
↑Dans les Forces armées de l'Ukraine, une « division d'artillerie » (en ukrainien : артилері́йський дивізіо́н) est composée de trois batteries d'artillerie (батаре́я артилері́йська), chacune avec six pièces ; les anglophones traduisent la notion de « division » par battalion, un bataillon.