94e régiment d'infanterie (France)
Le 94e régiment d'infanterie (94e RI) est un régiment d'infanterie de l'Armée de terre française, à double héritage, créé sous la Révolution à partir du régiment Royal-Hesse-Darmstadt, un régiment d'infanterie allemand au service du royaume de France, et du 19e régiment d'infanterie légère créé à partir des chasseurs de la Meurthe. Il est depuis 2013 affilié au CENZUB sous le nom de « CENZUB-94e régiment d'infanterie ». Création et différentes dénominationsLe 94e régiment d’infanterie a la particularité, comme tous les régiments d’infanterie portant un numéro entre le 76e et le 99e, d’être l'héritier des traditions de deux régiments : le 94e régiment d'infanterie de ligne, et le 19e régiment d'infanterie légère.
Royal Bavière
Royal Hesse Darmstadt
94e régiment d'infanterie
Historique des garnisons, combats et batailles du 94e RIAncien RégimeIl est créé le 1er janvier 1709 par décision de Louis XIV à Phalsbourg , à partir de six compagnies du régiment d’Alsace et de deux compagnies de grenadiers bavarois aux ordres de leur prince, le chevalier de Bavière qui rejoint la France, l’Espagne et Cologne, contre la Grande Alliance (Angleterre, Prusse, Provinces-unies, Autriche, Danemark, Savoie, Portugal) durant la guerre de succession d’Espagne (1702-1713). Royal-Bavière participe aux opérations le long de la Lauter et de la Sarre, puis à la réduction des villes de Landau et de Fribourg en 1713, avant de prendre finalement ses quartiers à Strasbourg au retour de la paix. Lors de la guerre de succession au trône de Pologne, le régiment participe au siège de Kehl, puis à celui de Philippsbourg de juin à juillet 1734. Dès 1740, les hostilités reprennent à l’occasion de la guerre de succession au trône d’Autriche, la France soutient la candidature du Grand Electeur de Bavière (le frère du colonel). Le régiment défend Prague en 1742, puis occupe Agra en 1743. En 1744, il combat à Ringsaberne durant la campagne du Palatinat, puis à Paffenhofen en 1745, avant de s’installer en défensive sur le Rhin. En 1748, il est envoyé au secours de la Provence attaquée et repousse les Autrichiens à Castellane. Il débarque en libérateur à Gênes, qu’il vient défendre. Il s’illustre à Rivalora et Posleverra, puis à Rossiglione. Il se retranche durant l’hiver à Voltri qu’il défend en 1748, puis à la paix signée quitte Gênes pour la France et assure quelques détachements de troupe en Corse. Dès 1756, les hostilités reprennent avec la guerre de Sept ans. Royal-Bavière quitte Longwy pour Cologne. Il participe aux batailles d’Haamstembeck, d’Halbentar, puis de Sunderhausen, et enfin à la victoire de Lützelberg. En 1759, il se bat pour le village de Bergen. Le 16 juillet 1760 à Emsdorf, les troupes françaises sont surprises au campement et subissent de lourdes pertes. Le régiment doit rentrer en France pour se réorganiser et surveiller les côtes à Ostende face aux incursions anglaises. Puis Royal-Bavière revient en Allemagne et participe à la protection du Bas-Rhin en 1762 jusqu’à l’arrêt définitif des combats. En 1780, le régiment prend le nom de « Royal Hesse-Darmstadt » du nom de son nouveau colonel-propriétaire, et occupe les garnisons de Landau puis de Strasbourg. Touché par les troubles révolutionnaires, il prend la cocarde. Le régiment est envoyé à Neuf-Brisach, puis dans les Ardennes[4]. Guerres de la Révolution et de l'Empire
Le 1er janvier 1791, lors de la mise en place de la numérotation des régiments, le Royal Hesse Darmstadt est rebaptisé « 94e demi-brigade d’infanterie de ligne » dont voici les principaux faits d'armes après la Révolution Française :
En tête de colonne du 1er Corps de Bernadotte, sous les ordres du général de division Drouet d’Erlon, le 94e RIL prend une part importante dans l’attaque du plateau de Pratzen à Austerlitz. Alors que l’assaut principal français menace d’être enfoncé sur son flanc gauche par la contre-attaque des troupes de réserve du Grand-Duc Constantin placées au centre, la division d’Erlon appuie et recueille la cavalerie de la Garde lancée par Napoléon, mitraille à plusieurs reprises les régiments d’élite de la cavalerie russe qui charge à sa suite. La première ligne se forme en carrés pour repousser ces puissants chevaliers gardes, puis se lance à leur poursuite et engage une mêlée avec les grenadiers d’élite russes et autrichiens restés en appui. La contre-attaque brisée, le centre ennemi est enfoncé par le 1er Corps tout entier à la suite de la division d’Erlon.
En 1809, son bataillon d’élite formé par regroupement des compagnies de grenadiers et de voltigeurs prélevées dans tous les bataillons participe aux combats victorieux de Wagram dans l’attaque décisive. Mais c’est principalement dans la difficile campagne d’Espagne que ses effectifs sont durablement engagés, ce qui l’amène à défendre le front des Pyrénées face à la coalition anglo-espagnole lors du retrait de la péninsule ibérique. En avril 1814, grâce à sa défense hardie et désespérée de la citadelle de Bayonne, cette garnison stratégique et son port restent aux mains des Français au moment de l’abdication de l’empereur Napoléon. Le régime de la Restauration décide de licencier les régiments sur leur lieu de stationnement pour constituer des milices départementales. S’ensuit une période de reprise en main de l’armée par le nouveau régime durant laquelle le 94 a cessé d’exister. L’intervention en Espagne démontre le besoin de troupes entraînées, et 75 régiments de ligne et 25 régiments d’infanterie légère numérotés dans l’ordre sont créés en 1821.
Second EmpireLe décret du 24 octobre 1854 réorganise les régiments d'infanterie légère les corps de l'armée française. À cet effet, le 19e régiment d'infanterie légère prend le numéro 94 et devient le « 94e régiment d'infanterie de ligne ». Le régiment est envoyé pour participer à la guerre de Crimée le . Le , le 94e a perdu 423 hommes. En 1856, il est à Saint-Omer. Par décret du , le 94e régiment d'infanterie fournit une compagnie pour former le 102e régiment d'infanterie de ligne. En 1869, il est à Rouen sous le commandement du colonel de Geslin. Au début de la guerre de 1870, le , le 94e régiment d'infanterie fait partie du 6e corps de l'armée du Rhin. Contre la Prusse, au sein du VIe Corps, le 94 participe à la défense de Metz. Il essuie de lourdes pertes au combat durant la bataille de Rezonville, à Flavigny du 15 au 17 août. « Le 94e de Ligne, spécialiste de la défense des villages » mène à partir des bourgades une série de combats retardateurs particulièrement efficaces et meurtriers face à des forces très supérieures en nombre, en particulier le lendemain entre Sainte-Marie-aux-Chênes et Saint-Privat, où il résiste à trois assauts désastreux de la 1ère division de la Garde prussienne malgré la puissance de son artillerie. Finalement débordés par l’attaque du XIIe Corps saxon, faute de couverture au nord, les survivants se retranchent dans la garnison de Metz sur ordre du maréchal Canrobert jusqu’à sa capitulation le 27 octobre 1870. Pendant la guerre, le dépôt du régiment, à Rouen puis à Rennes à partir du , forme plusieurs détachements qui rejoignent des régiments de marche[5] :
1871 à 1914
À partir du 4e bataillon[réf. nécessaire], le 94e de ligne est reformé au sein de l'armée Chanzy avec le 1er régiment des grenadiers de la Garde impériale et des prisonniers libérés. Il prend depuis cette époque le surnom de régiment de la « Garde ». Durant la Commune de Paris, en 1871, le régiment participe avec l'armée versaillaise à la semaine sanglante. Le , son chef de corps est nommé général gouverneur militaire de Paris. Jusqu'en 1872, le régiment reste dans la capitale et rejoint Verdun le . Le , le 94e reçoit son drapeau où figurent les noms de batailles suivants : Marengo 1800 - Austerlitz 1805 - Friedland 1807 - Anvers 1832. Dans celui déchiré à Metz figurait Valmy 1792 - Zurich 1799. Il prend garnison à Bar-le-Duc à partir de 1880. Le régiment est envoyé à Ay-Champagne en 1911, lors de la révolte des vignerons. Première Guerre mondialeLe 94e RI est formé à Bar-le-Duc. 1914Casernement à Bar-le-Duc, appartient à la 83e Brigade d'Infanterie de la 42e Division d'Infanterie du 6e Corps d'Armée du Général Verraux, puis au 32e Corps d'Armée. 1915
Le Régiment avait à déplorer la perte de quatorze officiers tués ou disparus - 778 hommes tués, blessés ou disparus[8]. Parmi ceux capturés par l'ennemi, le Caporal Chevalier, après un séjour dans un camp de représailles, réussit, le à s'évader et à atteindre la frontière hollandaise. Ayant reconquis la liberté, le Caporal Chevalier vint reprendre sa place dans les rangs.
Le Peloton de Sapeurs est cité à l'ordre du jour pour son labeur infatigable (Citation du Peloton de Sapeurs Pionniers : « Tous les jours sur la brèche, avec son chef le Sous-Lieutenant Prott, depuis le et constamment aux postes les plus avancés et les, plus périlleux, a fait preuve, malgré des pertes quotidiennes très sensibles, d'un entrain, d'un dévouement et d'un mépris du danger qui méritent d’être donnés en exemple au Régiment auquel cette unité, de formation récente, animée de l'esprit d'un véritable peloton d'élite, a rendu les services les plus précieux par son labeur infatigable »). De nouveau au repos du 2 au à Mourmelon, il reprend du 12 au les mêmes tranchées, où règne un calme relatif. Il se repose encore jusqu'au
. Le 94e est relevé par le 151e[8].
191619171918Le régiment revient à Bar-le-Duc le [9]. En 1931, rattaché à la 12e division d'infanterie, il a deux bataillons à Bar-le-Duc et un bataillon à Commercy[10]. À la mobilisation de 1939, le régiment, d'active type Nord-Est, est mis sur le pied de guerre au centre mobilisateur d'infanterie 62 de Bar-le-Duc. Sous les ordres du Colonel Gregy, il appartient à la 42e division d'infanterie[11]. Le , le régiment est déployé avec sa division entre Bouzonville et Téterchen[12]. Il ne lui reste que 200 hommes sur 3 000 à la fin de la bataille de France, notamment après les combats dans la région de Troyes[13]. Guerre d'AlgériePendant la Guerre d'Algérie, le régiment est recréé le sur le camp de Sissonne, il sera déployé dans les Aurès et Nemenchta. Le PC est à Khenchela, il est composé de quatre bataillons. Le 1er octobre, le 4e bataillon est intégré au 3e à Batna. Il devient commando de chasse, face à un ennemi bien armé et déterminé. Selon les Accords d'Évian du , le 94e RI crée trois unités de la Force locale de l'ordre Algérienne, les 431e, 432e et 433e UFL-UFO, composés de 10 % de militaires métropolitains et de 90 % de militaires musulmans, qui pendant la période transitoire devaient être au service de l'exécutif provisoire algérien, jusqu'à l'indépendance de l'Algérie[réf. nécessaire].
Après 1962Le 1er septembre 1967, le régiment renaît, installé sur la base d'Étain, il est motorisé en 1975 et il se mécanise sur AMX-13 VCI. Le régiment quitte celle-ci en 1980, il s'installe sur le camp national de Sissonne (Aisne) où il devient en 1981, l'un des régiments d'infanterie motorisée sur véhicule de l'avant blindé (VAB) de la 8e division d'infanterie. Il assurera des compagnies tournantes sur la Nouvelle-Calédonie et fournira des personnels au Tchad (Opération Épervier), en Centrafrique, au Liban au sein du 420e DSL (au sein de la FINUL) et en ex-Yougoslavie[réf. souhaitée]. Il est dissous en 1993[13]. Deux compagnies partiront à Dijon avec deux du 67e RI de Soissons reformer le 27e RI.[réf. souhaitée].
Recréation au CENZUBLe 1erseptembre 2005, le 94e Régiment d'infanterie devient régiment de tradition du Centre d'entraînement au combat en zone urbaine (CENZUB) de Sissonne[réf. souhaitée]. Le CENZUB a la garde de son drapeau et de ses traditions. Le , le CENZUB reprendra officiellement son nom en devenant CENZUB-94e régiment d'infanterie[13].
DrapeauLes noms de neuf batailles s'inscrivent en lettres d'or sur le drapeau, ainsi que l'inscription A.F.N[14],[15] :
DécorationsSa cravate est décorée de la croix de guerre 1914-1918 avec cinq citations à l'ordre de l'armée puis une citation à l'ordre du corps d'armée. Le régiment porte la fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille militaire. DeviseOn l'engage pour vaincre
Personnalités ayant servi au 94e RI
Le régiment aujourd'huiCompositionLe CENZUB-94e RI est composé d'un état major et de quatre compagnies :
MissionsCentre d’excellence du combat interarmes, le CENZUB – 94e RI a pour mission d’entrainer les sous-groupements tactiques interarmes (SGTIA) aux fondamentaux du combat interarmes en zone urbaine et espaces confinés afin de leur permettre d’atteindre un niveau opérationnel adapté aux combats contemporains. La ville est aujourd’hui le théâtre principal des conflits. Lieu de pouvoirs : politique et économique, lieu de concentration des populations, celui qui la contrôle dispose de l’ensemble des leviers qui permettront d’imposer sa volonté à l’adversaire et conduiront à son effondrement moral. C’est, par nature, un milieu complexe, dans lequel le combattant doit développer des savoir-faire spécifiques qui insuffleront la victoire[3]. L'entraînement à la manœuvre en zone urbaineUne période d’entraînement AZUR au CENZUB – 94e RI dure deux semaines dans les villes de combat de Jeoffrecourt et Beauséjour et se décompose en deux périodes. La préparation matérielle et tactique, suivi d’un exercice en continu d’une durée de 96 heures. Ces séquences s’inscrivent dans la programmation annuelle des forces terrestres. Le centre a la capacité d’entraîner jusqu’à 20 000 soldats par an. « La mission d'instruction » se traduit en amont de l’exercice par des actions de formation et de préparation tactique et technique portant sur les méthodes et processus de réflexion tactique spécifiques à la zone urbaine et à l’intégration interarmes (en semaine S -1) et pendant l’exercice de synthèse, la dispension d’une action permanente de conseil tactique, délivrée par les instructeurs du centre ou lors des analyses après action journalières. « La mission de contrôle » consiste à apprécier la maîtrise des techniques de combat et des méthodes de réflexion et de commandement. En s'appuyant sur un outil de mesure éprouvé développé par le centre et mis en œuvre par les instructeurs dédiés et les analystes, le contrôle donne lieu à plusieurs notes chiffrées. Leur synthèse ainsi qu’un bilan détaillé (bilan de fin de rotation) reflètent le niveau atteint par chaque SGTIA et permettent au commandement des unités entraînées de les évaluer. Le CENZUB – 94e RI décline sa mission d'entraînement au combat en zone urbaine selon les directives du général commandant les forces terrestres : l'entraînement générique aux actions de combat consiste à mettre en situation les unités en période de préparation opérationnelle inter arme (POIA)[3]. L'entraînement au tir réel en zone urbaineLes unités entraînées effectuent des tirs spécifiques à balles réelles allant du niveau individuel au niveau section de combat sur une rotation d’une semaine au complexe de tir en zone urbaine, dit CT ZUB[3]. Sources et bibliographie
Notes et références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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